Selon la loi sur la sécurité que veut imposer Pékin à Hongkong, la Chine pourrait extrader certains suspects de la cité vers le continent.
Voilà qui ne devrait pas apaiser les tensions entre la Chine et Hongkong. Selon les déclarations mercredi 17 d’un haut responsable de l’ex-colonie britannique, il se pourrait bien que des suspects hongkongais soient extradés vers la Chine continentale en vertu de la loi sur la sécurité que Pékin entend imposer à la cité-État.
De nouvelles déclarations qui ne sont pas sans importance puisque, l’an passé, c’est un projet d’autorisation des extraditions vers la Chine qui a déclenché une vague de manifestations à Hongkong qui a duré de longs mois.
L’analyse est faite par Tam Yiu-chung, seul représentant hongkongais au sein du Comité permanent de l’Assemblée nationale populaire (ANP, Parlement chinois).
Ce projet avait par la suite été abandonné, mais en réaction à la crise politique de l’an passé, la pire depuis la rétrocession en 1997, Pékin a décidé de passer en force en imposant à sa région semi-autonome une loi controversée sur la sécurité que les prodémocrates voient comme l’atteinte la plus grave au principe « Un pays, deux systèmes ». Pékin affirme que ce texte, non encore finalisé, est nécessaire pour mettre fin à cette crise et restaurer la stabilité de Hongkong.
Ingérences étrangères et sécurité nationale
Dans une interview accordée mercredi 17 à la chaîne de télévision hongkongaise RTHK, Tam Yiu-chung explique que certaines poursuites relatives aux ingérences étrangères, ou certains dossiers impliquant des questions diplomatiques, pourraient être transmis par la justice hongkongaise à la justice de Chine continentale. Prié de dire si cela pourrait impliquer l’extradition de Hongkongais pour qu’ils soient jugés en Chine continentale, il a répondu : « Si le gouvernement central juge nécessaire de le faire, que ce ne soit pas géré par les tribunaux hongkongais, alors, ce sera une option. »
Lundi 15, Deng Zhonghua, chef adjoint du Bureau chinois pour les affaires de Hongkong et Macao, avait déjà indiqué que Pékin serait compétent pour traiter certaines affaires « extrêmement rares » relevant de la sécurité nationale une fois que la loi serait votée.
Conformément au principe « Un pays, deux systèmes » qui avait présidé à la rétrocession, la Chine avait accepté que Hongkong conserve des libertés inconnues dans le reste du pays, et notamment des pouvoirs législatif et judiciaire indépendants.
Plus de 80 ONG sont montées au créneau
Pékin dément chercher à rogner les libertés hongkongaises. Mercredi, un groupe de 86 ONG et associations de défense des droits de l’homme, parmi lesquels Amnesty International ou Human Rights Watch, ont publié une lettre ouverte demandant au Comité permanent de l’ANP de renoncer au projet de loi sur la sécurité. L’ANP a donné mandat fin mai à son Comité permanent pour rédiger le texte qui doit être incorporé à la Loi fondamentale la mini-Constitution de Hongkong, contournant ainsi le Conseil législatif (LegCo, le Parlement hongkongais).
« Tout ce qu’on en sait à ce stade suggère qu’il menacera les droits fondamentaux et les libertés des Hongkongais », peut-on lire dans la lettre. « Il revient à criminaliser des atteintes vagues qui englobent toute critique du gouvernement et peut être utilisé contre les personnes exerçant et défendant pacifiquement les droits de l’homme. »