INTERNATIONAL - Les autorités américaines, Donald Trump inclus, auraient reçu dès le mois de novembre de premières alertes des services de renseignements sur le coronavirus, qui était alors décrit comme “un évènement probablement cataclysmique”, a révélé la chaîne américaine ABCNews ce mercredi 8 avril [1].
Les premières alertes auraient été données par les services de renseignements médicaux rattachés au Pentagone, qui surveillent les risques sanitaires sur les territoires où l’armée américaine est engagée.
“Les services de renseignements médicaux prennent en compte toutes les sources d’informations — les images, les renseignements humains, les signaux. Ensuite, il y a des analyses de personnes qui sont spécialistes de la zone”, explique à la chaîne ABC un ancien assistant du ministre de la Défense américain.
Selon des sources proches du dossier, les conclusions des experts étaient sans appel : “Les analystes ont conclu que cela pourrait être un évènement digne d’un cataclysme”.
Dès “fin novembre”, les risques encourus à cause de ce virus ont donc été remontés au plus haut niveau de l’administration américaine : du Pentagone à la Maison Blanche, avec au mois de janvier une note dans le dossier quotidien des renseignements transmis au président des États-Unis.
La Chine donne l’alerte en décembre, Trump réagit en mars
Officiellement, Pékin a commencé à communiquer sur le coronavirus à partir du mois de décembre. Soit un mois après les premières remontées des renseignements américains, selon les sources interrogées par ABC.
Interrogé sur le sujet, le secrétaire d’État américain à la Défense Mark Esper a cependant affirmé qu’il “ne se souvenait pas” d’avoir reçu d’alertes en novembre. “Comme vous le savez le premier patient aux États-Unis a été diagnostiqué fin janvier. Le 1er février nous avons activé notre plan spécial pandémie” au sein de l’armée, a-t-il expliqué.
Dans le même temps, Donald Trump qualifiait encore le coronavirus de “canular” utilisé par les démocrates, minimisant ensuite régulièrement la pandémie et ses conséquences. Ce n’est qu’en mars que son discours a véritablement évolué, le président américain évoquant désormais le “fléau” du Covid-19.
Alors que certains États avaient déjà pris des mesures de confinement unilatérales, l’urgence nationale a été décrétée aux États-Unis le 13 mars, beaucoup trop tardivement de l’avis de certains, la cheffe des démocrates Nancy Pelosi en tête. Les États-Unis sont désormais le pays avec le plus de cas de coronavirus enregistrés, plus de 400.000. Plus de 14.000 personnes sont décédées.
Selon un journaliste à Washington, le Pentagone a démenti avoir reçu des alertes en novembre dernier.
Anthony Capaccio
@ACapaccio
Just in : Pentagon in new statement is denying a media report based on sources'' claiming a Nov. DIA National Center for Medical Intell warned of a major coronavirus crisis. DoD says:
we can confirm that media reporting... is not correct. No such NCMI product exists."
112
02:50 - 9 avr. 2020 · Arlington, VA
“Le Pentagone, dans une nouvelle déclaration, dément avoir été alerté par des “sources” en novembre. [...]Le Département de la Défense dit : ‘nous pouvons confirmer que ce reportage... est incorrect’”.
Le HuffPost
• Le HuffPost. 09/04/2020 03:04 CEST | Actualisé il y a 31 minutes :
https://www.huffingtonpost.fr/entry/la-maison-blanche-aurait-ete-alertee-des-novembre-sur-les-risques-de-lepidemie-de-coronavirus_fr_5e8e510dc5b6b371812b7027??ncid=newsltfrhpmgnews#EREC-101
Trump change de ton sur le coronavirus, le « canular » est maintenant « un fléau »
Donald Trump ne voyait pas la différence entre le Covid-19 et la grippe ou les accidents de voiture. Désormais, « c’est une question de vie ou de mort ».
ÉTATS-UNIS - Le grand écart est flagrant. Donald Trump a radicalement changé de ton lors de sa conférence quotidienne sur le coronavirus ce mardi 31 mars après avoir régulièrement minimisé l’ampleur de la pandémie et les conséquences du Covid-19 sur la population.
Le président américain, qui se réjouissait il y a à peine 48h des audiences de ses conférences de presse, a basculé dans un registre plus grave et prévenu ses compatriotes que les deux semaines à venir allaient être “très très douloureuses” alors que le nombre de morts et de malades ne cesse de s’alourdir outre-Atlantique.
“Je veux que chaque Américain soit prêt pour les jours difficiles qui nous attendent”, a-t-il ajouté en assurant qu’une fois cette épreuve passée, il serait possible de “commencer à voir une vraie lumière au bout du tunnel”.
“Il faut que les Américains suivent les consignes (de distanciation sociale, ndlr) pendant les 30 prochains jours, c’est une question de vie ou de mort très honnêtement. (...) Quand vous voyez chaque soirée (quand les chiffres du jour sont annoncés, ndlr) le nombre de morts causées par cet ennemi invisible, c’est incroyable”, a continué Trump en parlant du coronavirus comme d’“un fléau”.
ABC News
@ABC
NEW : « I want every American to be prepared for the hard days that lie ahead, » Pres. Trump says. « We’re going to go through a very tough two weeks...This is going to be a very, very painful two weeks. » https://abcn.ws/2UzMPcR
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23:48 - 31 mars 2020
Selon le décompte de l’université Johns Hopkins qui fait référence, plus de 184.000 cas de contamination par le Covid-19 ont été enregistrés dans le pays et plus de 3700 personnes sont maintenant décédées. Un nombre qui continue de s’accélérer, notamment à New York.
La Maison Blanche a estimé que la maladie fera entre 100.000 et 240.000 morts si les restrictions actuelles prolongées jusqu’au 30 avril sont respectées, contre 1,5 à 2,2 millions sans aucune mesure. Elle avait évoqué dimanche une fourchette de 100.000 à 200.000.
“Les accidents de la route font plus de morts”
Un discours sombre qui tranche avec les semaines passées. Un mois plus tôt, Donald Trump lançait à ses partisans pendant un meeting en Caroline du Sud que “les démocrates se servent du coronavirus comme d’une arme politique”. Ils ont essayé de me battre avec le canular qu’était la destitution, ils n’ont pas réussi. Ils ont tout essayé, et ça c’est leur nouveau canular”, s’amusait-il le 28 février à Charleston. Le lendemain, le premier décès du Covid-19 aux États-Unis était annoncé.
Ron in Canadian County
@RonaldHallVotes
At a campaign rally on Feb. 28 in North Charleston, S.C., Trump said accused the Democrats of using the coronavirus as « their new hoax. »
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15:05 - 31 mars 2020
Alors que les frontières du pays étaient quasiment fermées et que plusieurs États dont New York et la Californie avaient décrété unilatéralement un confinement de leur population avec la fermeture de tous les commerces non essentiels, Donald Trump n’avait ensuite eu de cesse de s’inquiéter pour l’économie.
“On peut détruire un pays en le fermant de cette façon”, avait-il estimé sur la chaîne ultra conservatrice Fox News, ajoutant qu’une “grave récession ou une dépression” pourrait faire plus de morts que l’épidémie.
Il s’était aussi laissé aller à comparer le drame actuel aux accidents de la route que personne ne propose de combattre en paralysant le pays. “Les accidents de voiture font beaucoup plus de morts que ce dont nous parlons en ce moment, on ne va pas pour autant interdire aux gens de conduire.” (vidéo ci-dessous).
“Ce n’est pas la grippe, c’est vicieux”
Donald Trump avait pourtant semblé accepter la gravité de la situation mi-mars, en se disant “en guerre” contre cet “ennemi invisible” qui commençait à faire des ravages aux États-Unis. Mais cela n’a pas duré.
Comme il l’avait fait le 9 mars dans un tweet partagé et liké plus de 375.000 fois, le président avait recommencé pas plus tard que le 23 mars à minimiser la menace en comparant notamment la pandémie actuelle à la grippe saisonnière. “L’an dernier 37.000 Américains sont morts de la grippe. On ne ferme rien, la vie et l’économie continuent. Pensez à ça !”, s’agaçait-il au début du mois.
Donald J. Trump
@realDonaldTrump
So last year 37,000 Americans died from the common Flu. It averages between 27,000 and 70,000 per year. Nothing is shut down, life & the economy go on. At this moment there are 546 confirmed cases of CoronaVirus, with 22 deaths. Think about that !
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16:47 - 9 mars 2020
Revirement total ce mardi 31 mars en conférence de presse. “Beaucoup de gens disent qu’il faut prendre son mal en patience et attendre que ça passe comme une grippe. Mais ça n’est pas une grippe, c’est vicieux”, a déclaré le président.
Autre changement de taille, le discours sur les efforts du pays pour fournir le matériel nécessaire aux hôpitaux pour affronter l’afflux de malades. Pas plus tard que le 29 mars, Donald Trump demandait aux journalistes d’enquêter sur les quantités de masques réclamées par New York, épicentre de la pandémie.
“Comment est-ce que l’on passe d’utiliser habituellement 10, 20, 30.000 masqueà 300.000 ? Certes la situation est différente, mais il se passe quelque chose. En tant que journalistes vous devriez regarder ça. Où vont les masques, ils sortent par la porte de derrière ?”, s’étonnait le président alors que la ville compte désormais plus de 76.000 malades et plus de 1500 morts, et en est rendue à dresser des tentes dans Central Park, convertir un centre de conférences en centre de soins et utiliser un navire-hôpital pour gérer l’explosion des cas.
Aaron Rupar
@atrupar
« How do you go from 10 to 20 to 30,000, to 300,000 — even though this is different. Something is going on. And you ought to look into it as reporters. Where are the masks going ? » — Trump suggests that there is some sort of New York nurse conspiracy to steal masks
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23:58 - 29 mars 2020
Ce mardi, il a eu des mots bien différents pour le personnel qui se bat au quotidien pour sauver des vies. “Je regarde les soignants se rendre à l’hôpital, tels des soldats qui vont à la guerre. Leur courage est incroyable. Si j’avais un chapeau, je leur tirerais mon chapeau sur le champ. Ils rentrent (dans l’hôpital), il y a plein de choses qui flottent dans l’air, vous ne savez pas si ce que vous touchez est propre”, a déclaré Trump.
Alors que la crise du coronavirus a franchi un cap symbolique ce mardi en faisant désormais plus de morts que le 11-Septembre, le président semble donc enfin prendre davantage la mesure de la situation, pour le moment en tout cas. “Vous voyez des gens qui vont à l’hôpital et deux jours plus tard ils sont dans le coma, on n’a jamais vu ça”, a-t-il reconnu, deux mois après l’apparition du premier cas sur le sol américain.
Maxime Bourdeau
• Le HuffPost. 01/04/2020 02:51 CEST | Actualisé 01/04/2020 09:45 CEST :
https://www.huffingtonpost.fr/entry/trump-change-de-ton-sur-le-coronavirus_fr