Ancrées dans notre expérience féministe de lutte et de rébellion, nous faisons face à l’escalade autoritaire et réactionnaire du capital : nous résistons pour vivre ! À partir de nos pratiques, de nos utopies et de nos espoirs, nous marchons pour transformer !
Nous résistons à la destruction de la vie par le capital. Nous sommes confrontées au pouvoir des sociétés transnationales, agents directs du capital, alliées des élites des États, qui avancent sur les territoires, monopolisent, contrôlent et privatisent la terre, transforment la nature en marchandise et contaminent l’eau, la nourriture et nos corps. Nous résistons aux traités de commerce et d’investissement qui remodèlent la législation pour préserver l’impunité du pouvoir des entreprises et démanteler les droits des travailleurs.euses et les droits sociaux. Nous résistons à la financiarisation et à la précarisation de la vie, en misant sur le renforcement de l’économie réelle. Nous marchons pour transformer les formes d’organisation du travail qui produisent la vie, avec égalité, droits et dignité.
Nous résistons à la violence contre les femmes dans toutes ses dimensions patriarcales, racistes et colonialistes ; à l’agression et au pillage des territoires, des corps et des communautés, à la traite des êtres humains, à l’exploitation sexuelle et au féminicide. Nous résistons à l’alliance du conservatisme —religieux ou non— avec le néolibéralisme, qui guide les politiques de la droite partout dans le monde. Nous résistons à l’imposition et à l’exaltation de la maternité comme seule destinée des femmes, renforçant un modèle familial hétéro-patriarcal basé sur la dissimulation de notre travail domestique et de soins qui soutient la vie, dans un système qui nous prend pour des marchandises. Nous résistons à la persécution des sexualités dissidentes et à la criminalisation de l’avortement. Nous marchons pour notre autonomie et notre liberté, qui ne peuvent être obtenues qu’avec la justice sociale.
Nous résistons au capitalisme patriarcal et raciste qui impose des frontières et des murs, attaque d’importants contingents de personnes, les expulse de leurs territoires et, en même temps, leur refuse les droits fondamentaux au logement, à la circulation, à l’alimentation et à la manifestation, tout en favorisant des guerres de toutes sortes. Nous résistons à la guerre, à la militarisation et aux armées transnationales, outils de terreur, de viol et d’assassinat systématiques des peuples et des militants. Nous résistons au nationalisme raciste en construisant la souveraineté et l’intégration des peuples. Nous marchons pour la paix en alliance avec les mouvements sociaux pour construire la solidarité internationaliste nécessaire à cette période de résistance. Seule notre action commune peut arrêter les attaques du capital contre la vie !
Nous marchons pour transformer nos vies et changer le monde ! Nous proposons et construisons d’autres façons d’organiser l’économie, situant la durabilité de la vie au centre. A partir de nos pratiques, nous construisons une agroécologie féministe, articulée avec les luttes pour la justice climatique et la souveraineté alimentaire. Nous marchons pour transformer l’organisation du pouvoir, en construisant d’en bas la remise en cause des hiérarchies et des autoritarismes des Etats au service des élites. Nous misons sur la construction d’une communication contre-hégémonique et populaire, sur des technologies libres et sûres, qui puissent faire face au contrôle, à la manipulation et à la surveillance du capital et de ses entreprises. Nous marchons pour démanteler le pouvoir patriarcal, pour élargir le sens public de l’État, pour des démocraties populaires dans lesquelles l’égalité est un principe et une réalité.
Nous marchons contre le racisme, pour une société sans murs et pour l’autodétermination des peuples, en construisant au quotidien un féminisme internationaliste, populaire et militant. Nous continuons à apprendre, avec les peuples indigènes et noires, à penser et à sentir le monde qui soutient la vie en communauté et cultive la joie de la résistance.
Nous marchons avec nos corps, nos voix, nos rythmes et notre créativité, en subvertissant les impositions néolibérales sur nos subjectivités et nos modes de vie. À partir de la lutte et de notre commun, nous pouvons construire des relations de liberté et d’égalité.
Cette 5e Action Internationale marque les 20 ans d’existence de la Marche Mondiale des Femmes, un mouvement féministe anticapitaliste, antiraciste et anticolonialiste, autogéré depuis la base par des femmes du monde entier. Nous réaffirmons les valeurs d’égalité, liberté, justice, paix et solidarité, piliers de la société que nous nous efforçons de construire. Nous renforçons notre engagement à aller de l’avant ensemble jusqu’à ce que nous soyons toutes libres.
En temps d’autoritarisme raciste et patriarcal, nous transformons notre indignation en lutte, convaincues que l’expansion de notre autogestion permanente est la stratégie avec laquelle nous trouverons des réponses et des moyens pour mettre fin au capitalisme et transformer la société en une société qui place la vie au centre.
Nous résistons pour vivre, nous marchons pour nous transformer !
Marche Mondiale des Femmes, Mardi 3 mars 2020
Pour un 8 mars féministe et international
Partout dans le monde, nous, les femmes, sommes dans les rues ce 8 mars, faisant ainsi la preuve de notre force collective. Être en marche nous permet de donner voix à nos mémoires tues et occultées.
#8M
Notre lutte collective met en question le patriarcat, dénaturalise la violence exercée sur nos corps, exige la reconnaissance de notre travail et de nos contributions à l’économie et à l’ensemble de la société.
La lutte des femmes est une force présente tout au long de l’histoire et dans notre quotidien. Elle porte le sceau de la rébellion et du rêve : révolte contre l’injustice et la domination, rêve de liberté, d’égalité, de justice, d’harmonie entre tous les êtres et la nature.
Les luttes des femmes ont permis de conquérir des droits et de progresser vers l’égalité entre les femmes et les hommes. Mais aujourd’hui, cette égalité est loin d’être effective dans une société qui reste encore dominée par le système patriarcal et hétéro-normatif, et on constate que les seuls changements juridiques sont insuffisants.
La montée de l’extrême-droite et des extrémismes religieux constituent un danger supplémentaire de régression pour les femmes.
Notre réponse doit être chaque jour plus forte pour construire une autre économie. Les femmes sont touchées par les inégalités de salaire et de retraite, elles subissent le temps partiel et la précarité. Elles assument majoritairement les tâches domestiques et familiales, elles sont minoritaires dans les postes de responsabilités politiques, économiques et culturelles. De plus, les processus d’accumulation du capital sont incompatibles avec le respect de la nature, la répartition équitable des richesses, etc.
Les femmes sont victimes de multiples formes de violences : féminicides, viols, violences conjugales, agressions et discriminations racistes, violences et harcèlements sexistes, au travail, dans la rue, violences du système prostitutionnel, lesbophobie.
Le 8 mars ne doit pas être une journée sans lendemain.
Grâce aux mobilisations des féministes, en France et à l’international, cette journée de manifestations est un moment privilégié de la visibilité de la permanence des luttes.
Ces actions s’inscrivent dans une dynamique de mobilisations pour faire reculer le système patriarcal et obtenir l’égalité, au travail, dans la famille, dans la société toute entière. Elles mettent en avant la créativité des femmes à qui ont été refusés pendant des siècles l’accès au savoir, à l’instruction, à la citoyenneté, à la recherche scientifique, artistique etc.
Ce 8 mars, nous nous mettons aussi en marche pour dénoncer les politiques d’austérité qui, depuis cette dernière décennie, impactent la réalité de beaucoup de pays. Celles-ci ont produit plus de pauvreté et de précarité dans la vie des classes ouvrières, davantage de violences contre les femmes et l’augmentation du racisme et de la xénophobie.
Fortes de notre féminisme, nous nous mobilisons contre le colonialisme, le racisme et l’injonction hétéro patriarcale.
Nous sommes des femmes diverses, de peuples, d’ethnies et d’âges différents, nous nous sommes constituées en mouvement international, en lutte pour changer le monde et la vie des femmes.
L’expansion du féminisme et le renouvellement de ses générations confortent nos luttes. Défendre l’égalité, la diversité, la dissidence sexuelle et affirmer notre solidarité, là est notre radicalité féministe. Nous continuons à renforcer l’auto-organisation des femmes.
Nous agissons pour :
· Pour la construction d’une vie sans violences ;
· Pour contrer le néolibéralisme, le conservatisme et la montée des extrêmes droites ;
· Pour l’autonomie économique des femmes,
· Pour la défense des biens communs et des territoires ;
Nous disons :
STOP aux féminicides ;
STOP aux viols et aux violences sexistes, quelle que soit notre identité de genre ;
STOP au contrôle imposé à nos corps sous toutes ses formes ;
STOP à l’exploitation et à la destruction par le système capitaliste,
STOP au colonialisme, STOP au racisme.
Nous revendiquons et agissons pour construire une société avec les valeurs de solidarité, de liberté, d’égalité, de paix, de justice, qui respecte nos vies et la planètePour une culture de paix et de luttes contre le militarisme.
« Nous résistons pour vivre, nous marchons pour transformer ! »
6 mars 2020
A Paris, nous rejoignons le cortège féministe à 14h Place d’Italie, avec notre batucafam !
• https://marchemondialedesfemmesfrance.org/2020/03/06/pour-un-8-mars-feministe-et-international/
Bientôt, la 5e action globale de la MMF du 8 Mars au 17 Octobre 2020
Vingt ans d’existence de notre mouvement
Vingt ans déjà qu’une plate-forme internationale de revendications fut adoptée à Montréal, en 1998, par les représentantes de 65 pays. De cette rencontre internationale naîtra la Marche Mondiale des Femmes en l’an 2000 : https://wordpress.com/post/marchemondialedesfemmesfrance.org/2409
Une plate-forme revendicative renforcée en 2005 par l’adoption de la Charte Mondiale des Femmes pour l’Humanité qui contient les valeurs essentielles de notre mouvement : Égalité, Liberté, Solidarité, Justice et Paix.
Le projet est ambitieux, la mobilisation se veut à l’échelle internationale, contre la Pauvreté et les Violences faites aux femmes. La pauvreté constitue une violation des droits économiques et sociaux. Les violences faites aux femmes constituent une violation des droits humains fondamentaux et ne peuvent être justifiées par aucune coutume, religion ou pouvoir politique.
Vingt ans déjà que des femmes de différents pays de tous les continents organisent tous les 5 ans un événement national, puis continental, puis international. Des évènements ouverts à toutes et tous, individu-es, associations et organisations.
Vingt ans que nous assistons au triomphe intolérable des inégalités dans un monde de plus en plus riche. Un monde qui connaît des développements techniques et scientifiques spectaculaires, une explosion de moyens de communication. Et pourtant, on peut devenir de plus en plus pauvre dans des sociétés de plus en plus riches, et ce sont majoritairement les femmes qui en souffrent !
Retour sur les 4 premières marches
En octobre 2000, nous nous sommes rassemblées à New-York devant le siège de l’ONU où nous avons apporté des milliers de signatures pour dire notre colère face à un monde d’injustice où les femmes sont les plus pauvres. Pour préparer ce grand rassemblement international, une manifestation nous a rassemblé-es à Paris de toutes les régions de France, puis à Bruxelles pour l’étape européenne.
En octobre 2005, à Ouagadougou, capitale du Burkina Faso, nous avons baptisé la place de la Paix où des sculptures d’enfants avec des colombes furent posées. Une énorme courtepointe dont chaque morceau fut réalisé par chaque Coordination nationale a été le symbole de notre unité dans le respect de nos différences. Au niveau national, c’est à Marseille que les femmes d’Europe se sont retrouvées pour un week-end de débats et d’ateliers qui se sont terminés par une grande manifestation festive.
En octobre 2010, appelées par les femmes congolaises, nous sommes allées au SUD KIVU, région congolaise en continuel conflit armé, où les viols, en nombre effrayant, sont devenus une arme de guerre, une arme de destruction massive. Notre présence a permis de faire connaitre la situation d’extrême violence que vivent les femmes congolaises.
Au niveau national, nous étions à la mairie de Montreuil pour deux journées de débats où chaque région a décliné un de nos sujets de lutte de l’année. Rencontre suivie d’une manifestation et d’une fête place de Stalingrad à Paris. Au niveau européen, grand Forum et manifestation à Istanbul.
En juin 2015, en solidarité avec les femmes kurdes, la Caravane féministe européenne a démarré sa première étape au Kurdistan de Turquie. De part et d’autre de la frontière avec la Syrie, nous avons chanté, fait des déclarations, manifesté pour le droit à l’autodétermination des peuples, pour la paix, pour que le projet de société, laïque, démocratique, féministe, du peuple kurde puisse se construire. En France, la caravane est passée dans de nombreuses villes. Nantes avec son Forum national, et Marseille avec une rencontre contre les extrêmes furent nos principaux rendez-vous. Pour l’étape européenne, la Coordination portugaise nous à reçu à Lisbonne.
Le 8 mars 2020, nous lançons la 5e Marche Mondiale des femmes
En 2020 – 4 champs d’actions sont proposés au niveau international
L’économie féministe.
L’autonomie de l’économie des femmes, une priorité, car c’est la première lutte contre les violences faites aux femmes. Il est urgent de construire des concepts féminins du travail, car l’exploitation des femmes entretient le patriarcat et le capitalisme. C’est un concept beaucoup plus important que l’autonomie financière et économique des femmes. C’est aussi la construction d’un nouveau modèle de vie et un autre modèle de consommation.
L’action globale de la Marche Mondiale des Femmes en 2020 intégrera aussi une campagne globale contre les multinationales en dénonçant leur effet néfaste sur la vie des femmes. C’est une nouvelle forme de colonisation avec la complicité des gouvernements corrompus. Nous mènerons des actions pour obliger les multinationales à assumer leurs responsabilités sur les conditions de travail et de sécurité des employées, et pour des salaires décents. Nous mènerons des actions contre les multinationales pour connecter les luttes entre les femmes productrices du sud et les femmes consommatrices du nord.
L’économie féministe, c’est le véritable changement des codes économiques, cela doit se construire avec d’autres mouvements sociaux comme les syndicats.
La défense des biens communs et les territoires
Besoin de terre, d’eau, de nourriture, la privatisation de ces ressources naturelles provoque la souffrance des femmes, des femmes vieilles, des femmes pauvres et des enfants.
Avec l’ouverture des marchés, dans les années 80, le libéralisme a tout privatisé : la santé, l’éducation, les terres, les biens vitaux.
Les femmes des quartiers pauvres, des zones rurales, les femmes migrantes sont les premières victimes de la casse organisée des services publics, la création des déserts médicaux et de la masculinisation de certains métiers. En effet, pour sortir de la crise, les pays industrialisés ont misé sur des secteurs comme le bâtiment, la construction mécanique, d’où une exclusion importante des femmes relayées aux secteurs du nettoyage, du travail domestique, du service à la personne, avec des emplois à petits salaires, à temps partiel, sans reconnaissance sociale.
Dans le reste du monde, la situation des femmes n’a cessé de se dégrader jusqu’à atteindre un seuil alarmant de misère et de servitude…
La marche 2020 luttera contre la marchandisation des terres et des biens communs, motif d’appauvrissement des femmes. Pour la réforme agraire, la santé universelle, les biens communs, la souveraineté alimentaire, l’autonomie des territoires, la justice environnementale. Par la promotion de l’agro écologie, la biodiversité, la défense des forêts, les graines indigènes. Et surtout, par la disparition de la suprématie des biens privés sur les biens communs.
Beaucoup de femmes dans le monde défendent et protègent la terre, l’eau et la nourriture, et beaucoup sont victimes de représailles car c’est un véritable acte politique, féministe et anti capitaliste.
La construction d’une vie sans violences
Les violences que subissent les femmes, sont très destructrices, souvent peu ou pas du tout réprimées par la justice. La lutte contre les causes et la racine de ces violences n’existe pas ou pas assez dans les institutions, dans les lois, dans l’éducation. #Me too a révélé l’ampleur du problème et l’impunité de ces actes sexistes, machistes, souvent féminicides. La culture du viol, à travers la pornographie, la prostitution, et le sexisme, est tolérée, minimisée, banalisée.
C’est une priorité mondiale. Les violences s’exercent dans toutes les couches sociales, tous les pays du monde, toutes les cultures ou les religion
Une culture de paix et de luttes contre le militarisme
Dans tous les conflits actuels les femmes et les enfants paient le plus lourd tribu.
Les guerres et les conflits viennent amplifier les discriminations structurelles. Obligées de fuir leurs maisons, les femmes représentent plus de 76 % des déplacées, une situation qui les expose à l’isolement, à la solitude, et aux violences psychologiques, physiques et sexuelles.
Elles sont considérées comme butin de guerre et le viol est une arme de destruction massive qui atteint et détruit les femmes, les enfants, les familles.
Eau, soins, nourriture, tout est une bataille quotidienne dans la migration féminine, dans les conflits armés.
Les femmes sont victimes de la migration qui permet une nouvelle forme d’esclavage car les solutions souvent apportées aux femmes réfugiées sont soit la précarité, soit la prostitution, soit le mariage arrangé ou forcé.
Pour toutes ces raisons, nous appelons les féministes de France à se mobiliser pour cette 5e Marche Mondiale des Femme, ca,r dans notre pay,s nous n’échappons pas à la dégradation de nos conditions de vie, que ce soit dans l’espace public, au travail ou à la maison ; que ce soit pour des raisons sociétales ou économiques. Car la mobilisation féministe est à l’origine de tous les droits et avancées dans l’histoire ; et pas seulement pour les femmes mais pour l’humanité toute entière.
Cette marche doit être une marée féministe pour la non violence et pour dessiner un nouveau schéma de construction humaine. Pour changer la vie des femmes, pour changer le monde car l’un ne se fera pas sans l’autre.
Femmes, nous résistons pour vivre, nous luttons pour exister, nous marchons pour changer le monde !