A Genève, le patron de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a tiré la sonnette d’alarme : « Au moment où nous parlons, nous sommes encore dans une phase où il est possible de contenir l’épidémie. » Mais la « fenêtre de tir se rétrécit », a-t-il averti, en déplorant le manque de soutien financier international.
Apparition de cas atypiques
L’OMS est particulièrement préoccupée par l’apparition de cas en dehors de Chine « sans lien épidémiologique clair, tels que les antécédents de voyage ou les contacts avec un cas confirmé ».
« Nous voyons que la situation évolue », a souligné le Dr Sylvie Briand, directrice du département Préparation mondiale aux risques infectieux à l’OMS : « Non seulement le nombre de cas augmente mais nous voyons aussi différents modèles de transmission dans différents endroits. » L’OMS refuse pour l’instant de parler de pandémie, mais considère qu’il y a « des épidémies différentes, montrant des phases différentes », a-t-elle expliqué. « Nous essayons de trouver un sens à toutes ces situations différentes dans le monde. »
Dans le monde
Les restrictions prises par plusieurs pays n’ont pas empêché l’émergence de nouveaux cas ailleurs dans le monde, avec 11 décès hors de Chine continentale (hors Hong Kong et Macao).
L’Iran a annoncé vendredi que 13 nouvelles personnes avaient été contaminées par le coronavirus, dont deux mortellement. Soit un bilan officiel de 18 contaminations et quatre décès. La plupart des nouveaux cas ont été recensés à Qom, à 150km au sud-ouest de Téhéran.
En Corée du Sud, le nombre de cas a lui presque doublé vendredi, portant le total à plus de 200. Parmi eux, quelque 120 sont membres de « l’Eglise Shincheonji de Jésus », une secte chrétienne située dans la ville de Daegu.
Une Israélienne a également été déclarée positive à son retour dans son pays, où il s’agit du premier cas. Au Japon, la polémique enflait vendredi autour du bateau de croisière Diamond Princess, placé en quarantaine en banlieue de Tokyo à Yokohama (est) et qui reste le plus important foyer de contagion hors de Chine.
Deux ex-passagers australiens, initialement testés négatifs à leur descente du navire, ont été déclarés contaminés à leur retour en Australie.
Nouvelle encourageante toutefois : même si l’OMS n’espère pas de vaccin opérationnel d’ici au moins un an, la Chine a annoncé que ses chercheurs pourraient réaliser fin avril des premiers essais sur l’homme.
Envoyés spéciaux
Signe de son inquiétude, l’agence spécialisée de l’ONU a annoncé la nomination de six envoyés spéciaux, parmi lesquels David Nabarro, ancien coordinateur de l’ONU pour Ebola lors de l’épidémie qui toucha l’Afrique de l’ouest entre fin 2013 et 2016.
Soulignant une fois de plus les mesures « sérieuses » prises par la Chine à Wuhan et Hubei pour contenir l’épidémie, le patron de l’OMS a appelé les « autres pays », sans les citer, à être également « très, très sérieux ».
Une équipe internationale d’experts dirigée par l’OMS se rendra samedi à Wuhan, berceau de l’épidémie, a annoncé le directeur général de l’agence spécialisée de l’ONU. « La mission conjointe de l’OMS en Chine s’est rendue à Pékin, dans le Sichuan et dans le Guangdong, et se rendra demain à Wuhan pour poursuivre son travail à l’épicentre de l’épidémie », a déclaré Tedros Adhanom Ghebreyesus, en conférence de presse.
AFP, 21/02/2020