Crédit Photo : Photothèque Rouge / Martin Noda / Hans Lucas
Le 5 décembre, la mobilisation dans l’Education avait surpris tout le monde par son ampleur. Il était donc difficile de faire mieux ce mardi. Il faut en convenir : l’objectif idéal d’une amplification du mouvement n’a pas été atteint.
Le ministre s’est donc empressé d’annoncer des chiffres ridiculement bas pour vendre l’idée d’un mouvement déjà essoufflé. Dans la réalité, les choses sont bien plus compliquées que cela et il est toujours permis d’espérer.
Car si les chiffres des syndicats montrent effectivement une déperdition assez nette, ils prouvent aussi que le mouvement s’ancre dans le temps : 62% de grévistes dans le second degré selon le SNES, 33% dans le premier degré d’après des sources syndicales. A Paris, le SNUipp annonce 50% de grévistes et 50 écoles fermées. C’est donc moins, c’est vrai, mais c’est aussi loin d’être négligeable.
Il y a plusieurs enseignements à tirer de ces chiffres. D’abord celui d’une inversion entre premier et second degré : si les professeur-es des écoles avaient été les plus mobilisé-es le 5 décembre, cela a été l’inverse mardi. Cela s’explique par le délai très court de mobilisation, qui complique les choses à cause des déclarations préalables d’intention de grève.
C’est probablement ce constat qui a conduit les syndicats à appeler en demi-teinte pour jeudi 12, et de tenter de construire pour le mardi 17 une mobilisation comparable à celle du 5. De fait, même dans ce mouvement qui prend pourtant la forme d’un mouvement social des plus classiques, ils apparaissent à la peine, car dans de nombreux endroits ce sont les AG locales, de villes notamment, qui ont fait la majeure partie du travail de mobilisation.
Et c’est l’autre enseignement de cette mobilisation : les enseignant-es, même moins grévistes que jeudi dernier, se sont massivement investi-es dans les interpro à l’échelle locale, ont participé à des actions de convergence, de blocage par exemple des dépôts de bus RATP, de diffusions de tracts en direction des autres secteurs, de réunions publiques…
Car si la participation à la grève et aux cortèges marque une baisse, celle des AG de ville est en hausse : 400 à Montreuil, 300 à Cergy, 200 à Tours, 300 au Mans... C’est très encourageant car cela permet de construire, au jour le jour, depuis le terrain, la possibilité de l’extension de la grève et de sa reconduction. C’est aussi là, au travers des discussions, que se développe l’idée d’une grève politique, au-delà du problème des retraites, en liant tous les sujets, de l’assurance chômage à la santé, en passant par le manque de moyens dans l’Education.
Il faut donc relativiser la déception des chiffres d’hier, eut égard aux conditions difficiles de sa préparation et aux points forts qui restent bien présents. Cela sans perdre de vue l’objectif prioritaire qui doit être la massification de la grève, dans le secteur de l’Education comme ailleurs, et l’inscription réelle de la reconduction comme moyen de renverser Blanquer, Macron et leur politique.
Raphaël Alberto