Ce lundi 12 février, la grève générale a repris en Guinée pour demander le
départ du président Lansana Conté, mais la répression a encore durement
frappé, avec au moins 11 morts à Conakry, portant le total à près de 100
depuis le début de l’année.
Il semblerait que l’armée ne soit plus totalement fidèle à ce régime à
bout de souffle et qu’une partie de ses unités d’élite soit en train de
basculer contre le clan au pouvoir. La capitale est paralysée par des
barricades et les principaux axes sont coupés.
Pour le CADTM, le peuple guinéen est privé depuis très longtemps des
richesses dont il est le vrai propriétaire (notamment la bauxite dont son
sous-sol regorge), au profit de grandes entreprises étrangères et d’un
clan proche du pouvoir qui s’enrichit de manière illégale et illégitime.
Alors que le pays a sombré dans la misère et la corruption, le peuple est
en droit de demander des comptes à tous ceux qui se sont enrichis sur son
dos.
Alors que la Guinée est la première colonie française à avoir accédé à
l’indépendance en Afrique subsaharienne, dès 1958 avec le non de Sékou
Touré au général de Gaulle, la souveraineté populaire a bien vite été
confisquée au profit de quelques-uns. Pour le CADTM, cette souveraineté
populaire n’est pas négociable et le recours à la grève générale est le
moyen choisi par le peuple guinéen pour la revendiquer haut et fort.
Alors que cette grève avait dans un premier temps fait plier Conté en le
forçant à accepter l’existence d’un Premier ministre, les espoirs n’ont
pas été comblés puisqu’il n’a pas choisi une personnalité de consensus,
mais Eugène Camara, un de ses proches, détournant ainsi une fois de plus
la revendication populaire.
Actuellement, le régime a recours à des expédients musclés pour sauver la
parcelle de pouvoir qui lui reste. Selon Human Rights Watch, Conté,
gravement malade, aurait même recruté d’anciens rebelles libériens pour
lui prêter main forte. Il vient de décréter l’état de siège qui lui donne
tous les pouvoirs, au mépris des règles démocratiques.
Pour le CADTM, Lansana Conté doit quitter le pouvoir dans les plus brefs
délais.
Enfin, le CADTM réclame un gouvernement respectueux de la volonté du
peuple guinéen, en rupture avec les politiques d’ajustement structurel
dictées par le FMI, la Banque mondiale et les dirigeants des pays les plus
industrialisés.