Le Mexique est en proie à une “épidémie de féminicides”, s’alarme le quotidien espagnol La Vanguardia, face à la répétition sordide des violences exercées contre les femmes dans le pays.
Tout récemment, durant l’été, trois affaires de viols présumés impliquant des policiers ont provoqué l’indignation de la population et conduit à des manifestations massives dans la capitale mexicaine.
La Vanguardia fait état de statistiques officielles émanant du ministère de l’Intérieur, qui attestent d’une hausse importante du nombre de meurtres de femmes depuis plusieurs années. Ainsi, 470 femmes ont été tuées au cours des six premiers mois de 2019.
Mais ce sont aussi, au quotidien, des viols, du harcèlement, des abus sexuels, des enlèvements que subissent les femmes au Mexique, dénonce El Sol de Mexico, qui se félicite de l’émergence, dans le pays, “d’un consensus contre cette problématique.”
Se basant sur un rapport d’experts de la revue britannique The Lancet, le journal mexicain Excélsior évoque :
“un phénomène qui a des racines éminemment sociales, et pour lequel la ou les solution(s) se situent aux frontières du soin.”
#NoMeCuidanMeViolan
Le 16 août dernier, les femmes sont descendues dans les rues portées par le hashtag #NoMeCuidanMeViolan (#IlsNeMeProtègentPasIlsMeViolent) pour “exiger des garanties de sécurité” dans un pays où, selon les données officielles, “chaque jour, près de trois femmes sont assassinées et au moins 49 autres sont victimes d’abus sexuels”, explique Nación321, un portail mexicain d’informations.
Malheureusement, ces manifestations sont récurrentes dans le pays, car elles constituent pour l’heure, s’énerve El Sol de Mexico, “les leviers les plus immédiats pour montrer l’incapacité et la passivité de nos gouvernements.”
De fait, constate l’auteur, les viols comme les autres formes de violences contre les femmes se perpétuent en particulier en raison :
“d’enquêtes déficientes [et] de la faiblesse des institutions pour instruire les faits et condamner les auteurs.”
Des programmes de lutte
Dans la capitale, lors d’une rencontre avec des associations de lutte contre les violences faites aux femmes dans la capitale, la cheffe du gouvernement de Mexico Claudia Sheinbauma a elle-même reconnu que :
“Mexico est une ville où la violence envers les filles et les femmes dans toutes ses acceptions s’est toujours manifestée. Nous renforçons les politiques globales avec des mesures de prévention, de soins et de sanctions plus efficaces pour l’éradiquer.”
Le projet de l’édile de Mexico ne sera toutefois pas le premier à être mis en place dans le pays. Ainsi le site Deutsche Welle rappelle-t-il la récente mise en place du programme Spotlight, un programme financé à hauteur de 14 millions d’euros par l’Union européenne et les Nations unies de lutte contre les féminicides. En mars dernier, le gouvernement mexicain avait de son côté annoncé un programme destiné à reprendre des enquêtes abandonnées et à mieux accueillir et écouter les victimes.
Victimes collatérales
Si la violence contre les femmes est périodiquement sous les projecteurs des médias, ses conséquences demeurent peu médiatisées, et notamment celle des enfants orphelins de femmes qui ont succombé aux coups.
Selon le site d’informations mexicain Animal Politico, “des milliers de mineurs sont devenus orphelins suite à un féminicide ces dernières années”. Leur nombre exact est inconnu car “parmi toutes ces femmes tuées, on ne sait pas combien étaient mères.” À leur tour, ces enfants sont, le plus souvent, les laissés pour compte de l’impunité.
Nathan Hallegot
Sabine Grandadam
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