De Rome,
Après deux jours de débat, les 27 et 28 janvier, dans une salle de plus de 400 personnes, le courant Gauche critique du PRC, a décidé de fonder sa propre association, sans pour autant scissionner du PRC.
Le meeting s’est ouvert par l’intervention d’un camarade de l’assemblée permanente de Vicenza, en lutte contre l’agrandissement de la base de l’Otan (lire Rouge n°2191 : Italie : contre la base américaine). Il a rappelé comment le gouvernement a trahi les exigences de paix de la majorité de la population et a appelé à la manifestation nationale du 17 février. Ensuite, Giorgio Cremaschi, de la Fiom (syndicat des métallos), a critiqué la politique sociale du gouvernement, en particulier les nouvelles menaces sur les retraites. Elisa Coccia, du mouvement lesbienne, gay, bisexuel, transgenre et queer (LGBTQ) a dénoncé le manque de courage de l’Union sur les droits des homosexuels, à qui l’on refuse les mesures, prévues dans d’autres pays européens, comme celle du Pacs. Daniel Bensaïd, de la LCR, a rappelé la nécessité de coordonner la gauche anticapitaliste au niveau européen. Un bilan a été fait des politiques néolibérales et guerrières menées ces quinze dernières années en Italie, tant par des gouvernements de droite que de centre-gauche. Avec l’adoption d’un budget pour 2007, le plus austère de toute l’histoire républicaine, l’envoi des troupes au Liban, le maintien de celles d’Afghanistan, la confirmation de la soumission aux diktats du Vatican en matière de droits civils et de laïcité, les camarades de la Gauche critique ont réaffirmé la nécessité de construire une opposition de gauche à ce gouvernement, pour répondre au malaise qui grandit dans la société italienne.
Aujourd’hui, il ne suffit plus de se limiter à une bataille politique interne aux instances du parti, comme ce fut le cas avant l’arrivée du gouvernement. Il faut maintenant construire une véritable opposition à la ligne de majoritaire du PRC, désormais coresponsable des politiques néolibérales et jouant de plus un plus un rôle de frein des mobilisations sociales qui peuvent les remettre en cause. La conférence d’organisation du PRC, qui vient de débuter, sera un banc d’essai pour vérifier l’écho de cette opposition auprès des militants du parti, de plus en plus passifs et désemparés.
L’association Gauche critique se veut un outil d’initiative politique autonome. Dans la période à venir, elle doit montrer qu’il est possible de construire une autre « refondation communiste », qui n’abandonne pas sa vocation anticapitaliste. Comme il a été dit dans le débat, « la ligne actuelle du PRC n’est justifiée auprès des militants que par le manque d’alternative et le spectre du retour de Berlusconi. À nous de démontrer, avec nos forces qui ne sont pas énormes, qu’une telle alternative peut exister ! » Diverses interventions ont abordé les axes de cette opposition au gouvernement, qui doit partir d’un investissement à fond dans les mouvements sociaux qui continuent à animer les mobilisations.
L’assemblée s’est conclue par les interventions de Salvatore Cannavò et Franco Turigliatto, député et sénateur du PRC et de la Gauche critique, qui ont confirmé leur refus de voter au mois de mars le refinancement de la mission militaire en Afghanistan. Ils le feront cette fois-ci, même si le gouvernement - qui ne dispose que d’une seule voix de plus que la droite au Sénat - pose la question de confiance. En effet, « sur la question de la guerre, les gouvernements peuvent bien tomber et une gauche n’est plus une gauche si elle accepte de soutenir la guerre ».