“On fait déjà la fête au QG kirchnériste”, constatait ce dimanche 11 août le site argentin Perfil, jour J des primaires pour l’élection présidentielle du 27 octobre prochain.
Peu avant les résultats officiels, le camp de l’ancienne présidente Cristina Kirchner (2007-2015) avait des raisons de se frotter les mains : l’avance de son candidat Alberto Fernández sur son principal rival, Mauricio Macri, actuel président et candidat à sa réélection au sein de la coalition Juntos por el Cambio (“Ensemble pour le changement”) est considérable.
Alberto Fernández, 60 ans, candidat péroniste du Frente de Todos (“Front pour tous”), l’a en effet largement emporté lors de cette primaire, avec plus de 47 % des voix, contre 32 % pour son adversaire.
“Le gouvernement Macri n’est plus en phase avec la société, commente La Nación.. Il n’a pas su convaincre de la gravité de la crise socio-économique.”
Fan de Néstor Kirchner
Désigné en mai dernier par Cristina Kirchner, après qu’elle eut jeté l’éponge et déclaré se présenter seulement comme vice-présidente, Alberto Fernández a clairement l’avantage pour emporter la présidentielle en octobre.
Alberto Fernández, ancien avocat et professeur de droit, fan de Bob Dylan et lui-même guitariste, est un compagnon de longue date du kirchnérisme, détaille Página12 : à partir de 2003, il a été pendant cinq ans le chef du gouvernement du président Néstor Kirchner (mort en 2010), puis de celui de son femme, Cristina, élue en 2007.
“Il se définit comme un militant et, surtout, comme un fervent adepte de Néstor Kirchner.”
Parmi ses faits d’armes, cet homme d’expérience, ancien élu à la Ville de Buenos Aires, ancien ministre de l’Économie, a joué un rôle clé dans les négociations en 2005, pour effacer la dette de près de 10 milliards de dollars de l’Argentine.
Une amitié finalement indéfectible
Cristina Kirchner et Alberto Fernández, qui forment désormais un binôme pour la présidentielle, se connaissent depuis plus de vingt ans, poursuit le journal argentin. Pendant dix ans toutefois, cette “amitié”, comme la qualifie Página12, a été interrompue par des divergences d’opinions liées à une décision du gouvernement Kirchner, en 2008, d’augmenter les impôts agricoles.
“Cela ne l’a pas empêché de se rapprocher [de Cristina, en 2018] et d’adhérer à la formule pour disputer l’élection présidentielle” conçue par l’ancienne présidente en mai dernier, commente le quotidien.
Dans sa campagne, il prône l’éducation publique, le soutien aux PME et le rétablissement de la stabilité financière de l’Argentine, fortement secouée par une crise économique. Il s’oppose à la réforme du marché du travail que prépare l’actuel président Macri.
Un “type normal”
Le nouveau candidat “que personne n’avait vu venir”, écrivait La Nación en mai dernier, avait alors déclaré : “Ce n’était pas la place à laquelle je m’attendais.”
Autrement dit, Fernández, qui se définit lui-même comme “un type normal”, comme le rapporte le journal espagnol El Mundo,, ne nourrissait pas forcément cette ambition. “Et beaucoup se demandent, [s’il est élu], s’il sera la marionnette de l’ancienne présidente ou s’il cherchera à la gracier des accusations qui pèsent contre elle dans des affaires de corruption.”
Toutefois, dans un message aux Argentins au soir de sa victoire aux primaires, l’intéressé, cité par Montevideo Portal, a souligné :
“Nous ne venons pas pour restaurer un régime, mais pour créer une Argentine qui en finira avec les fissures, les divisions et les vengeances.”
Sabine Grandadam
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