L’abbé Pierre vient de disparaître, au moment où les mobilisations sur le logement se multiplient et ont obligé le gouvernement à annoncer une loi sur le droit au logement opposable. Cet homme, qui a mené une action inlassable en faveur des exclus et des sans-abri - notamment avec l’appel lancé en 1954 - et a apporté son soutien aux actions de réquisition - comme en 1994, lors de l’occupation d’un immeuble rue du Dragon -, a contribué à ce que la question du droit au logement devienne une exigence populaire.
Aujourd’hui, l’abbé Pierre est couvert de louanges par l’ensemble de la classe politique, y compris par ceux et celles qui n’ont rien fait, ou si peu, quand ils étaient au pouvoir, par ceux qui n’appliquent pas la loi des 20 % de logements sociaux dans leur commune, comme Sarkozy, qui a moins de 2 % de logements sociaux à Neuilly. Il y a quelque chose d’indécent et de cynique de la part de bon nombre de ces dirigeants et élus politiques qui rendent hommage à l’abbé Pierre, alors qu’ils mènent ou accompagnent une politique économique libérale qui casse des droits sociaux dont les sans-abri, les chômeurs et les mal-logés sont les premières victimes. Alors que les richesses n’ont cessé de croître depuis 1954, des sans-abri, chaque année, meurent de froid, dans l’indifférence des responsables politiques qui déclenchent des plans grand froid avec beaucoup d’effets d’annonce, sans s’attaquer pas au véritable problème.
Assez d’hypocrisie ! La mise en œuvre immédiate du droit au logement opposable signifie l’application de la loi de réquisition des logements vides, ainsi que la construction des centaines de milliers de logements sociaux manquants. Il faut s’attaquer à la spéculation financière en bloquant le prix des loyers et en faisant jouer le droit de préemption des communes.
La mobilisation afin d’imposer un véritable droit au logement doit continuer. En même temps que la classe dirigeante rend hommage à l’action de l’abbé Pierre pour les sans-abri et les plus démunis, le préfet et la Ddass de l’Ain sont en train de liquider l’association Oser, de Bourg-en-Bresse, qui gère trois structures d’hébergement et de réinsertion accueillant, depuis 30 ans, des sans-abri et des exclus. Les militants de la LCR continueront à être présents dans les mobilisations pour que le mal logement cesse.