“À quand la fin des identitaires ?” titre Die Presse, au moment où s’ouvre une enquête judiciaire sur Martin Sellner, le chef des identitaires en Autriche, pour participation à une organisation terroriste. Dans le cadre des attentats islamophobes qui ont coûté la vie à 50 personnes en Nouvelle-Zélande, le leader d’extrême droite du Mouvement identitaire autrichien (IBÖ) a fait l’objet, le 25 mars, d’une perquisition à son domicile à Vienne. Sellner, relate Der Standard, aurait reçu un don d’environ 1 500 euros de l’auteur présumé des attentats de Christchurch. Selon ses propres affirmations, il n’aurait toutefois pas rencontré cet Australien de 28 ans lors de son séjour à Vienne le 26 novembre dernier, puis dans d’autres villes d’Autriche. “Certes, on ne choisit pas ses donateurs, mais on ne peut pas vraiment s’en étonner non plus”, commente le quotidien de centre gauche, avant de pointer les connexions internationales de l’extrême droite et de tous ceux qui défendent la thèse du “grand remplacement”.
Qui sont les identitaires ?
Fondé en 2012 en tant qu’Association pour le maintien et la promotion de l’identité culturelle, rappelle Der Standard, l’IBÖcompterait, selon ses propres chiffres, 45 membres et plus de 600 sympathisants. Dans le passé, il s’est distingué par ses attaques “actionnistes” contre les Verts dans la région de Graz, contre l’écrivaine et Prix Nobel de littérature Elfriede Jelinek, par ses multiples manifestations de rue et aussi par le procès qui a été intenté à 17 de ses membres en 2018 – sans aboutir toutefois à une condamnation. Considéré comme une formation d’extrême droite tant par les politologues que par les services de renseignement intérieur, ce “groupuscule sectaire” a été assimilé, en 2017, par le magazine viennois de gauche Falter, au “mouvement de jeunesse officieux du FPÖ [Parti de la liberté]”. Une vision qu’atteste le quotidien conservateur Die Presse : “Ils ne sont pas rares, aujourd’hui, les membres du FPÖ qui ont de la sympathie pour les identitaires.”
Tolérance zéro
Souvent dénoncé pour son mutisme sur les affaires politiquement délicates, le chancelier Sebastian Kurz s’est prononcé clairement “contre toute idéologie dangereuse d’où qu’elle vienne” et a demandé, le 26 mars, que toute la lumière soit faite sur les liens existant, ou ayant existé, entre l’auteur des attentats de Christchurch et des membres du Mouvement identitaire autrichien. Il a été suivi en cela par le vice-chancelier Heinz-Christian Strache (FPÖ, droite radicale et populiste). “Tolérance zéro du côté du gouvernement. Formidable !” s’exclame Der Standard, pour mieux mettre en évidence qu’il ne croit guère à une évolution rapide de la situation. Car, d’une part, les juristes jugent “légalement improbable” une dissolution du Mouvement identitaire et, d’autre part, le chef du Parti de la liberté n’est pas prêt, selon le quotidien, à reconnaître les liens étroits que certains, dans ses rangs, entretiennent avec les identitaires. En 2016, ajoute Kurier, c’est lui, Heinz-Christian Strache en personne, qui avait “qualifié les identitaires de simple ‘mouvement citoyen’ et ‘composante d’une société civile qui n’est pas de gauche’”.
Courrier International
Danièle Renon
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