La guerre électorale est déclarée en Inde. À trois semaines de l’ouverture du scrutin qui va permettre durant un mois à 900 millions d’Indiens d’élire leurs députés, Narendra Modi s’est livré à un coup médiatique, mercredi 27 mars. Comme le raconte le Hindustan Times, le Premier ministre, dont le mandat s’achèvera en mai, a fait une déclaration surprise solennelle à la télévision, en milieu de journée, pour annoncer que des scientifiques du sous-continent étaient parvenus “une heure plus tôt” à détruire un satellite de télécommunications en orbite basse, à l’aide d’un missile.
“L’Inde entre dans le club des superpuissances de l’espace”, qui comprend seulement trois membres (États-Unis, Russie et Chine), a-t-il fièrement expliqué à ses compatriotes. Le chef de l’opposition, Rahul Gandhi, s’est empressé de féliciter lesdits scientifiques mais surtout de moquer la propension de Narendra Modi à vouloir “capter l’attention du pays”sur lui, rapporte The Hindu.
“Je souhaite au Premier ministre une très joyeuse journée mondiale du théâtre”, a ironisé le président du parti du Congrès sur Twitter, dénonçant ainsi une opération marketing cousue de fil blanc. La commission électorale chargée de l’organisation des élections a du reste annoncé qu’elle allait devoir “examiner la légalité” de l’intervention télévisée du leader nationaliste hindou, compte tenu de la proximité du scrutin.
Un revenu minimal de 77 euros par mois ?
Rahul Gandhi, à l’inverse, est critiqué par la majorité sortante pour la promesse coûteuse qu’il avait faite la veille aux électeurs, à savoir “la garantie d’un revenu minimal de 6 000 roupies [77 euros] par mois aux 20 % des Indiens les plus pauvres”.
Un dispositif qui serait financé par “l’instauration d’un impôt sur la fortune”, révèle l’Indian Express, et dont l’idée a été soufflée à l’oreille de Rahul Gandhi par l’économiste français Thomas Piketty. Le Laboratoire sur les inégalités mondiales que codirige ce dernier, à Paris, recommande au parti du Congrès, s’il revient au pouvoir, de rendre l’impôt sur le revenu “plus progressif” et de taxer spécifiquement les plus riches, notamment sur leur patrimoine immobilier, la pierre et le foncier représentant “90 % des richesses”en Inde.
Guillaume Delacroix
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