“Sahra Wagenknecht se retire”, titre la Berliner Zeitung ce mardi 12 mars. Après avoir annoncé, le 10 mars, son retrait des instances dirigeantes du mouvement Aufstehen (“Debout”), qu’elle avait lancé avec succès en septembre 2018, la députée emblématique de la gauche radicale au Bundestag, Sahra Wagenknecht, avance des raisons de santé pour quitter également ses fonctions de présidente du groupe parlementaire Die Linke. “Dans quelle mesure le sentiment de ne plus avancer politiquement est-il venu renforcer le stress qu’elle invoque pour restreindre ses activités ? Elle seule le sait”, écrit à son sujet la Süddeutsche Zeitung de Munich.
Mise en scène
Une chose est sûre, ajoute le quotidien berlinois – qui ne détient pas le secret de cette initiative : la date choisie par Sahra Wagenknecht pour annoncer son retrait de la présidence du groupe parlementaire semble “moins un hasard qu’une mise en scène”. Car c’est précisément le 11 mars 1999, il y a vingt ans, qu’Oskar Lafontaine, son mari depuis 2014, mais surtout ancienne figure de proue de l’aile gauche de la social-démocratie allemande et cofondateur du Parti de gauche en 2007, s’était démis de toutes ses fonctions politiques – député, président du SPD et ministre des Finances du gouvernement de Gerhard Schröder (SPD) – pour cause de divergence politique avec le chancelier, passé au néolibéralisme. Depuis lors, le SPD traverse une crise existentielle.
“Un jour de défaite”
“Pour la gauche, ce n’est pas un bon jour”, avoue Neues Deutschland, le quotidien berlinois proche de Die Linke, qui voit dans le retrait de Sahra Wagenknecht une “capitulation”, même si celle-ci impute sa décision à son état de santé. “Et pour son parti [Die Linke], c’est un jour de défaite, la consécration d’une séparation sans réconciliation”, poursuit le quotidien, sur un ton on ne peut plus martial. Sans occulter les deux mois d’arrêt maladie de Wagenknecht qui ont précédé son renoncement officiel, le quotidien y voit “le résultat d’une lutte de pouvoir […] qui s’achève sans vainqueurs. En tout cas, pas pour Die Linke”. Car le parti perd, en Sahra Wagenknecht, une personnalité singulière, convaincue et convaincante, hautement médiatique, et un précieux “facteur d’identification”.
Danièle Renon
Abonnez-vous à la Lettre de nouveautés du site ESSF et recevez chaque lundi par courriel la liste des articles parus, en français ou en anglais, dans la semaine écoulée.