Deuxième test pour Bové. Alors qu’il est en passe de réussir le premier — vendredi, la pétition en faveur de sa candidature à l’Elysée dépassait les 21.000 signatures , il est attendu ce week-end à Montreuil (Seine-Saint-Denis) pour une réunion nationale des collectifs antilibéraux.
Après les décisions de la LCR et du PCF de lancer leur candidat respectif dans la course à l’Elysée, ces collectifs, nés dans la foulée du non au référendum européen de 2005, restent orphelins d’une incarnation. La candidature du paysan altermondialiste sera, à coup sûr, longuement évoquée durant ces deux jours. Dans une ambiance sans doute bien plus apaisée que celle de la réunion de l’Ile-Saint-Denis, en décembre, qui avait vu les participants se déchirer entre pro et anti-Buffet.
José Bové semble prêt à franchir le pas et attendre beaucoup du « Bovéthon ». « Si le week-end se passe bien, c’est important, explique son entourage. Si on en reste à des considérations alambiquées pour ne fâcher personne et n’entraîner personne, on peut faire sans. » Et s’appuyer sur « la dynamique populaire », « aussi importante » que les collectifs...
Ce week-end, les débats devraient tourner autour d’une interrogation : faut-il ajouter de la confusion à la gauche du PS en présentant un troisième candidat ? Malgré « le succès » de la pétition pro-Bové, Christian Picquet, dirigeant de la LCR, mais minoritaire dans son parti, se dit « assez réservé » sur cette candidature si elle ne s’accompagne pas d’un retrait de Marie-George Buffet et d’Olivier Besancenot. « S’il n’y a pas de consensus autour de Bové, sa candidature n’engagera pas les collectifs. » Et la pression « populaire » risque de ne pas être suffisante pour faire reculer la communiste et le trotskiste...
« Même avec 20 000 signataires, Bové sera-t-il capable de faire plier la Ligue et le PCF en un mois ? J’en doute », notait récemment Clémentine Autain (apparentée communiste). D’ailleurs, Bové a reçu une fin de non-recevoir des deux candidats, à qui il proposait, plus ou moins, de se désister en sa faveur. D’autres voix se sont fait entendre pour critiquer une éventuelle candidature Bové. Les « poids lourds » du rassemblement antilibéral redoutent « l’éparpillement » et les « divisions » qu’elle ne manquerait pas de susciter. D’autant que l’espace politique à la gauche du PS n’est pas extensible à l’infini : en 2002, les candidats trotskiste et communiste avaient totalisé à eux deux 13,8 % des voix.
Un point semble en tout cas acquis : les collectifs veulent durer au-delà des échéances électorales. Il est prévu que des états généraux soient organisés à l’automne afin, selon l’expression de Christian Picquet, de rendre ce rassemblement « durable ». Et concurrent du PCF et de la LCR ?