Le mariage a eu lieu en juin dans l’extrême-sud de la Thaïlande, un pays à majorité bouddhiste, mais peuplé en majorité de musulmans dans la partie extrême sud. Une fois le mariage terminé, ce Malaisien, un commerçant de 41 ans, est reparti avec sa très jeune mariée dans le nord de la Malaisie. Mais là, l’information s’est répandue et les protestations des Malaisiens musulmans ont explosé sur internet. Les critiques ont fusé sur les pages Facebook, notamment après que des photos du couple ont été diffusées. De son côté, le gouvernement malaisien a indiqué que le mariage était illégal selon les lois malaisiennes, car l’âge minimum pour qu’une fille se marie est de 16 ans. Les critiques contre ce commerçant malaisien ont été telles qu’il s’est senti obligé de renvoyer provisoirement la fillette dans sa famille en Thaïlande.
Mariage valable selon la loi…
Alors qu’on imaginait que ce mariage, qui enfreint les droits fondamentaux des enfants, allait être annulé, d’autant que les autorités malaisiennes musulmanes l’ont déclaré illégal, les autorités provinciales thaïlandaises ont dit qu’il était valable et qu’elles ne pouvaient rien faire. Il est valable, disent-elles, d’abord parce que la loi islamique dans le sud de la Thaïlande ne fixe pas d’âge minimum pour le mariage des filles, ce qui paraît aberrant. Et aussi parce que le conseil islamique local aurait autorisé ce mariage. Seul problème : le document d’autorisation du conseil islamique était un faux. On comprend alors mal pourquoi les autorités provinciales thaïlandaises rechignent à annuler ce mariage. D’autant plus qu’il est contraire aux conventions internationales sur les droits des enfants [1] et sur les droits des femmes ratifiées par la Thaïlande.
L’explication pourrait être liée tout simplement à une attitude étroitement bureaucratique assez courante dans l’administration thaïlandaise. Les fonctionnaires thaïlandais s’intéressent rarement au fond des choses, mais s’attachent à la lettre de la loi, d’une manière mécanique, ce qui aboutit parfois, comme dans ce cas, au viol de la lettre de la loi. Contrairement à ce qui s’est passé en Malaisie, les réactions sur les réseaux sociaux ont été beaucoup moins fortes dans la Thaïlande bouddhiste.
Toutefois, une cinquantaine d’organisations de la société civile, y compris des ONG musulmanes, ont signé un appel au gouvernement thaïlandais pour qu’il engage une procédure judiciaire contre ce Malaisien pour atteinte aux droits de la fillette. Elles soulignent que ce type de mariage est assez fréquent dans la région, tout simplement à cause de la pauvreté, et demandent aux autorités de mettre un terme à cette pratique.
De notre correspondant en Thaïlande,
Arnaud Dubus