Le gouvernement tablait au départ sur une croissance de l’économie de 2 % en 2018 et 1,9 % en 2019. En raison du ralentissement du premier semestre, il a dû réviser ses prévisions à 1,7 % pour chacune des deux années (et tout récemment la Banque de France a annoncé s’attendre plutôt à 1,6 % pour 2018).
Échec économique pour Macron
C’est clairement un échec pour la politique économique de Macron. Selon lui, moins d’impôt (sur les entreprises et les riches) et moins de contraintes (pour le patronat), c’est plus d’investissement, donc plus de croissance et d’emplois. Au 1er janvier 2018 sont entrées en vigueur les mesures de baisse de l’impôt sur le capital et les ordonnances sur le code du travail. Tout était théoriquement en place pour renforcer la croissance et la compétitivité, en favorisant l’investissement supposément découragé par la fiscalité du capital et la « rigidité » du marché du travail. En fait, la croissance a freiné brutalement au cours du premier semestre 2018.
Ce ralentissement s’explique largement par le coup d’arrêt de la consommation des ménages, causé par les mesures de taxation du tabac et de l’essence, et par la hausse de la CSG. Globalement, les choix gouvernementaux ont contribué au net ralentissement de l’économie française en ce début d’année 2018. Moins de croissance, c’est moins de rentrées fiscales ; le déficit devrait donc rester stable, aux alentours de 2,6 % du PIB (comme en 2017) contre les 2,3 % prévu.
On prend les mêmes…
En 2019, ce déficit devrait remonter. La décision de transformer le Crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE) en baisse des cotisations sociales patronales va coûter un « pognon de dingue ». Le gouvernement a décidé de mettre en place cette baisse de cotisations dès le 1er janvier 2019, alors que, en 2019, l’État devra aussi payer le CICE au titre de 2018. Cela entraine un coût supplémentaire de près de 20 milliards d’euros en plus du coût « habituel » du CICE qui est quasiment équivalent. C’est un nouveau cadeau offert aux entreprises, qui bénéficieront aussi de la poursuite de la baisse de l’impôt sur les sociétés. Des sommes qui n’ont rien à voir avec le « plan pauvreté » : 8 milliards sur 4 ans, soit par an 20 fois moins que les 40 milliards des entreprises en 2019.
Comme il faut bien trouver de l’argent quelque part, Édouard Philippe a annoncé que les prestations sociales et les retraites – à l’exception des minima sociaux qui y échapperaient – progresseront de 0,3 % par an. Or l’inflation est repartie : la valeur réelle des prestations devraient reculer de plus de 1 % en 2019 (1,2 % si la hausse des prix est de 1,5 %). Et cela touchera même les plus faibles retraites et s’ajoutera à la hausse de la CSG sur les retraites en 2018 !
Pour le reste, il va y avoir des économies tous azimuts, dont les 1 800 suppressions de postes dans l’éducation donnent un premier aperçu, et sur lesquelles le gouvernement est en train de phosphorer. Macron confirme bien sa stature de Robin des bois à l’envers : prendre aux pauvres, donner aux riches !
Henri Wilno