L’Italie a été la première à lui opposer une fin de non-recevoir, fidèle à la ligne anti-immigration adoptée depuis juin par son gouvernement populiste. Dans un tweet, publié par le quotidien La Repubblica, le ministre de l’Intérieur Matteo Salvini écrit : “Propriété allemande, loué par une ONG française, équipage étranger, dans les eaux maltaises, battant pavillon de Gibraltar : l’Aquarius peut aller où il veut mais pas en Italie !”
Soulignant lui aussi que l’Aquarius est immatriculé à Gibraltar, le ministre des Transports, Danilo Toninelli, a appelé pour sa part “le Royaume-Uni à prendre ses responsabilités en matière de protection” des migrants secourus par l’Aquarius, selon La Stampa.
C’est la “première fois que le gouvernement de Theresa May est confronté à une telle injonction de la part d’un autre pays membre de l’Union européenne”, observe The Guardian. Cela n’a pas empêché les Britanniques de botter en touche : selon un porte-parole du gouvernement, cité par le quotidien britannique, “il est établi que la responsabilité d’organiser le débarquement, dans un port proche et sûr, incombe à la coordination de secours maritime régionale appropriée, et en accord avec les souhaits du commandant de bord”.
Quant à Gibraltar, il a annoncé lundi qu’il allait retirer son pavillon à l’Aquarius, au motif qu’il est enregistré, depuis 2009, comme “navire de recherche alors qu’il est utilisé à des fins de secours en mer”, explique Sky News. La suspension sera effective le 20 août, et l’Aquarius passera alors sous pavillon allemand – la nationalité du propriétaire du navire. Mais pour SOS Méditerranée et Médecins sans frontières, qui exploitent le navire, l’Autorité maritime de Gibraltar ne cherche qu’à “déguiser une manœuvre politique derrière un argument incohérent”.
Malte ayant aussi fermé ses ports au navire, les yeux se tournent maintenant vers la France et l’Espagne, qui avait sorti l’Aquarius de l’impasse en juin dernier, en accueillant ses 630 migrants après plus d’une semaine d’errance de port en port. Mais “le gouvernement de Pedro Sánchez ne semble pas disposé, du moins pour le moment, à réitérer l’expérience de l’Aquarius”, croit savoir El País.“Des sources officielles à la Moncloa assurent qu’en l’état actuel des choses, l’Espagne n’est pas le lieu de débarquement le plus sûr car elle n’est pas la plus proche, selon les règles du droit international.” La mairie de Barcelone s’est portée volontaire pour accueillir les migrants, si le gouvernement lui donnait le feu vert.
La situation est similaire en France, où le port de Sète a proposé de recevoir les migrants, “dès lors que les autorités françaises le lui permettront”, précise Le Soir. Mais l’Élysée n’a pas encore pris de décision, se contentant pour l’instant de discuter avec ses partenaires européens. Le président du port de Sète, l’ancien ministre communiste Jean-Claude Gayssot, a exhorté le gouvernement à lui donner son feu vert : “C’est la dimension humanitaire qui doit prévaloir, il s’agit de sauver des vies, des familles”, a-t-il dit.
Guglielmo Mangiapane