Les militant-e-s regroupé-e-s dans le courant AKL (« Alternative anticapitaliste », 2 membres sur 44 au bureau national), qui ont gagné en poids et en légitimité lors de ce congrès, ont une appréciation toute autre. Ils et elles estiment que le congrès « a fait du bien », soulignant la richesse des débats et le fait que la base a pu se faire entendre malgré les traditions de verticalité.
Au-delà, le congrès aura agi comme révélateur des lignes de tensions qui traversent le parti. C’est la crise migratoire qui a été le principal point d’achoppement et qui a permis de mettre en lumière les divergences. Alors que K. Kipping faisait adopter en début de congrès une motion en faveur de l’ouverture des frontières, réaffirmant l’internationalisme et la solidarité entre les travailleurs comme un fondement du parti, le discours de S. Wagenknecht a suscité un tollé. Pour justifier son rejet de l’ouverture des frontières aux populations qui fuient la misère, les conflits et le désordre climatique, elle a déclaré « l’ouverture des frontières n’aide en rien ceux qui souffrent de la faim en Afrique ».
Dans ce positionnement, il y a avant tout un calcul électoraliste dans un contexte de glissement général vers la droite et de renforcement des droites extrêmes, conservatrices ou populistes. Ainsi l’AfD (Alternative pour l’Allemagne), avec son discours anti-immigration et anti-musulmans, est parvenue à entrer au Bundestag lors des dernières législatives (une première depuis 1945 pour une organisation d’extrême-droite), alors que die Linke peinait à toucher l’électorat populaire.
Pour répondre à ce défi, celle qui fut une figure de la gauche du parti, maintenant convertie à l’« économie de marché sans capitalisme », s’affranchit encore davantage de la discipline du parti en lançant en septembre un nouveau mouvement politique qu’elle présente comme « complémentaire à Die Linke, mais ouvert largement », en particulier à des figures du SPD. En cela, elle suit l’exemple de Mélenchon et de France Insoumise.
Die Linke, avec toutes ses pesanteurs bureaucratiques et ses contradictions, se trouve donc face à un nouveau défi. L’enjeu pour les anticapitalistes qu’y y sont actifs, c’est de lier le parti aux mouvements de résistance sociale pour le construire dans les lieux de vie et de travail.
Correspondant (NPA Louviers)