Aceh à nouveau sous les eaux
Inondations. L’Indonésie dénombre déjà plus de 100 morts, deux ans après le tsunami.
Libération lei 26 décembre 2006
Dino DIMEO
Aceh est-elle maudite par les eaux ? Deux ans, jour pour jour, après l tsunami qui fit plus de 130 000 morts et 37 000 disparus dans cette régio située au nord-ouest de Sumatra, en Indonésie, des inondations meurtrière dues aux pluies torrentielles de la mousson sont venues semer la terreu dans une province en pleine reconstruction. Le bilan de ce nouvea cataclysme s’alourdit d’heure en heure, et hier l’agence des Nations unie chargée de la reconstruction et de la réhabilitation d’Aceh et de Nias (BRR faisait état de plus de 100 morts sans compter les nombreux réfugiés qu viennent s’ajouter aux difficultés de relogement que connaît déjà l’île
Disparations. Les habitants de la région ont de quoi se sentir persécutés, puisqu’il y a à peine une semaine, un tremblement de terre de magnitude 5,7 avait déjà fait sept morts. Aujourd’hui, ce sont des centaines de villages des provinces d’Aceh qui sont submergés par les eaux. « Pour l’instant, nous ne disposons pas de chiffres précis parce que la plupart des zones affectées ne nous ont pas encore informés de la situation », expliquait-on au BRR. Près de 300 000 personnes sont touchées, la plupart sont condamnées à fuir leur domicile.
Face à l’ampleur de la catastrophe, les autorités ont demandé l’intervention de l’ONU dans les zones les plus sinistrées, telles que les districts d’Aceh Tamiyang et d’Aceh Utara. Le 28 mars 2005, un autre séisme avait également ébranlé les îles de Nias et de Simeulue. « Nous avons évacué soixante corps du district de Tamiyang, dans la province d’Aceh », a indiqué Ghufran Zainal Abidin, coordinateur des secours. Un porte-parole des autorités locales du même district avait peu auparavant fait état de « centaines de personnes portées disparues ».
Un premier hélicoptère a été envoyé par l’ONU avec 1,5 tonne de nourriture et d’eau potable. Un premier fonds de 2 millions de dollars a également été débloqué pour venir en aide aux populations. Le gouvernement de son côté a réquisitionné un C-130 de l’armée pour faire parvenir sur les zones situées plus au nord une vingtaine de tonnes de vivres et de médicaments. Près d’un millier de soldats ont également été expédiés sur place, l’armée s’apprête à parachuter des tentes de campagne et un navire de guerre est en route pour rejoindre un premier bâtiment au large d’Aceh. Un habitant du village de Tenggulun, cité par une radio, affirme survivre grâce à des patates douces et des bananes. D’autres témoins parlent de villageois qui se sont réfugiés sur des hauteurs, tandis que d’autres n’avaient trouvé pour salut que des troncs d’arbre.
Glissement de terrain. Car les eaux ont tout recouvert. Les routes situées sur la côte Est sont coupées et empêchent toute communication entre la capitale régionale Banda Aceh et la ville de Medan, située au nord de Sumatra. « La région de Tamiyang est entourée d’eau et le seul moyen de s’y rendre est le bateau. Des milliers de personnes ont trouvé refuge dans des camps », a ajouté Ghufran Zainal Abidin. Dans cette région, selon l’agence Antara, un barrage a même cédé dans la nuit de samedi à dimanche, et les secours peinent à atteindre les sinistrés du district de Langkat, le plus touché. Après une semaine de pluies diluviennes, le sol est instable par endroits. Dimanche soir, un glissement de terrain dans le district de Muara Sipongi a enseveli des dizaines de maisons, tuant au moins dix-neuf personnes.
En 2003 déjà, de fortes inondations avaient fait des centaines de morts. La saison de la mousson (d’octobre à avril) s’accompagne de fortes précipitations provoquant souvent des glissements de terrain et des inondations très meurtriers. Cependant, dans le quotidien Jakarta Post, le vice-président Yusuf Kalla dénonce un autre fléau : il a accusé ouvertement la déforestation sauvage et s’est engagé à attribuer 440 millions de dollars par an pour renforcer le programme de reforestation.
La Malaisie voisine subit les mêmes ravages. Un dernier bilan faisait état de sept morts et 90 000 réfugiés.
Inondations à Sumatra
Indonésie. La province d’Aceh, dans le nord de Sumatra, est dévastée par les pluies. Des dizaines de personnes ont été tuées.
D. B.
Les eaux gonflées par une semaine de pluies très abondantes au nord de l’île de Sumatra ont tué des dizaines de personnes et forcé quelque 300 000 autres à fuir leur domicile. Les villageois se sont réfugiés dans le plus grand dénuement sur des hauteurs, tandis que d’autres flottaient de façon précaire sur des troncs d’arbre. Quatre mille personnes étaient ainsi bloquées dans le district de Gayo Lues.
Aceh, qui peine toujours à se remettre des effets dévastateurs du tsunami du 26 décembre 2004, est la région la plus touchée. Des villages entiers ont été quasiment engloutis. Des photos aériennes prises dans le district d’Aceh Tamiyang par l’Agence de reconstruction et de réhabilitation de la province (BRR) montraient des étendues liquides d’où émergeaient seulement le toit des maisons et le minaret des mosquées.
« Plusieurs routes d’accès ont été ensevelies par des coulées de terre alors il nous faut larguer l’assistance par voie aérienne », a déclaré à l’AFP le porte-parole de la province, Nurdin Joes. Comme après le raz de marée d’il y a deux ans, les secours peinent à rallier les vastes zones frappées par ce nouveau désastre naturel. « Nous n’avons reçu aucun vivre, cela fait cinq jours que nous n’avons pas mangé de riz, nous survivons grâce à des patates douces et des bananes. De nombreux enfants sont fiévreux et souffrent de diarrhées », témoignait un habitant du village de Tenggulun, cité par la radio locale Elshinta.
Un peu plus au sud, dans cette même grande île de Sumatra, au moins dix-neuf personnes ont été tuées dimanche soir quand un glissement de terrain a enseveli des dizaines de maisons dans le district de Muara Sipongi. La saison humide en Indonésie, d’octobre à avril, s’accompagne de précipitations abondantes, surtout en janvier et février. Les glissements de terrain et les inondations sont fréquents et parfois très meurtriers. Mais le vice-président indonésien, Jusuf Kalla, a dénoncé la déforestation illégale comme l’un des facteurs aggravants de ces inondations meurtrières. Les Nations unies ont annoncé dimanche qu’elles allaient consacrer 2 millions de dollars (1,5 million d’euros) à l’aide d’urgence.
* Article paru dans l’Humanité, édition du 26 décembre 2006.