Ce 2 juin une manifestation contre la loi asile-immigration a eu lieu à Paris à l’appel de 14 collectifs de sans-papiers et migrantEs.
Leur appel au mouvement social était soutenu et relayé par les collectifs de la Marche des Solidarités et a été signé finalement par près de 90 collectifs, associations, syndicats et organisations politiques.
Comme la plupart le savent, cette manifestation a été partiellement interdite par le ministère de l’intérieur et la préfecture sous des prétextes facilement démontables [1].
La manifestation a bien eu lieu. Ce lundi 4 juin une quarantaine de représentantEs de collectifs de sans-papiers, collectifs de lute contre les violences policières, collectifs de soutien et de quartiers, syndicats et associations en ont tiré un premier bilan.
Il y a d’abord les points positifs.
Malgré les intimidations gouvernementales, préfectorales et policières, des milliers de manifestantEs ont défilé.
Malgré l’interdiction et un dispositif policier qui démontre à quoi servent les ressources de ce pouvoir (des blindés étaient même disposés dans des rues adjacentes !), la tête de manif, menée par les collectifs de sans-papiers et la banderole Clément, est allée jusqu’aux grilles interdisant à la manifestation de prendre le boulevard Henri IV aux cris de « Solidarité avec les sans-papiers » et « Ouvrez les frontières ».
La jonction avec la manifestation antifasciste et en hommage à Clément Méric n’a pas seulement été une réussite. Elle a été une véritable fusion politique, préparée en amont. Un cortège important de sans-papiers du 20è, un cortège de Vies Volées et d’autres représentantEs de la Marche des Solidarités ont participé à cette manifestation. La banderole de tête du cortège antifasciste, en hommage à Clément, a ensuite fait partie des trois banderoles de têt de la manifestation contre la loi asile-immigration jusqu’au bout et les cortèges de sans-papiers et le cortège de Vies Volées sont remontés en tête de manifestation. Cette convergence avait un sens politique et construit l’avenir de la lutte sur le fond.
Des syndicalistes (notamment Solidaires – mais aussi une délégation importante du SNES-PJJ) étaient présents ainsi que des cortèges de secteurs en lutte (postiers, catacombes, étudiant-e-s) ainsi qu’un cortège de cheminotEs en lutte de la gare de l’est. Cela est le résultat d’un travail fait dans chacun de ces secteurs concernés. Ce point démontre que la prise en compte, au sein du mouvement social, de l’importance politique de la lutte des sans-papiers et migrantEs, de l’antiracisme et de la lutte contre les violences policières dans les quartiers est possible.
Nous constatons cependant que cette prise en compte est aujourd’hui, pour dire le moins, encore très limitée. Nous ne pouvons que le regretter amèrement. D’une part parce que sans cela nous ne repousserons pas la loi asile-immigration et que les conséquences en seront dramatiques. Et aussi parce que c’est toute la société qui en paiera le prix et notamment le mouvement social lui-même.
Nous ne nous résignons pas. Cette manifestation a renforcé notre colère, notre rage et notre détermination. Nous remercions toutes celles et tous ceux qui y ont œuvré. Nous remercions touTEs les participantEs qui ont démontré tout au long de la manifestation d’une cohésion sans faille derrière les collectifs de sans-papiers. Cette cohésion est notre force. Celle qui peut faire peur au pouvoir.
Nous appelons à participer aux prochaines échéances notamment :
Le samedi 16 juin à l’appel de Vies Volées, en hommage à Lamine Dieng tué par la police et contre les violences policières.
Le dimanche 17 juin à 15H à Gare d’Austerlitz à l’appel des collectifs de sans-papiers pour une manifestation d’accueil des marcheurs et marcheuses qui viennent de Vintimille pour aller à Calais et Londres. Ce sera aussi une manifestation contre la loi asile-immigration qui sera discutée dans les jours suivants au Sénat.
Le mardi 26 juin à un rassemblement devant le Sénat au moment du vote de la loi asile-immigration.
Le dimanche 8 juillet à Calais pour soutenir les marcheurs et marcheuses et le passage des sans-papiers et migrantEs de la frontière pour aller à Londres.
Le samedi 14 juillet pour une manifestation contre les centres de rétention et pour aller au CRA de Vincennes.
Le samedi 21 juillet pour une marche d’hommage à Adama et pour la libération de Bagui à Beaumont.
La Marche des solidarités