Vperiod est une organisation composée essentiellement de jeunes. Elle vient de rompre ses liens avec le groupe trotskyste anglais The Militant. Malgré son petit nombre de militants, elle est très active, aussi bien dans le mouvement altermondialiste - une délégation était présente au Forum social européen d’Athènes - que dans le soutien aux luttes ouvrières. Regroupés autour de leur journal, ces militants existent dans plusieurs villes, comme Saratov, Iaroslav, Samara, Saint-Pétersbourg ou encore Tioumen. Au cours de leur congrès, où se trouvaient également des militants de la Jeunesse communiste française, ils ont fait le point sur la situation très difficile dans laquelle ils se trouvent.
Maître absolu des médias, du Parlement, des institutions et des syndicats, Poutine a réussi à aggraver la passivité d’une population qui subit les effets terribles des lois du marché et cherche à assurer les moyens de sa subsistance au niveau individuel. Seule une poignée de militants se reconnaît dans une alternative anticapitaliste et démocratique. Cependant, la multiplication des attaques antisociales et la répression contre les syndicalistes indépendants commencent à faire apparaître un début de résistance populaire riche de promesses. Deux syndicats indépendants s’efforcent de se structurer contre le syndicat officiel : le plus radical, Zachita, avec environ 90 000 adhérents, et la Confédération du travail, avec près d’un million de membres.
Les 40 militants présents au congrès de Vperiod ont décidé une campagne contre la réforme des universités, un soutien accru à ces deux syndicats, et la participation active à la parution d’un journal qui va regrouper l’intervention de tous ces syndicalistes. Enfin, de nombreux comités de résistance populaire (soviets) commencent à se regrouper sur les thèmes du logement, de la santé ou des retraites. Il y avait aussi, à ce congrès, une délégation ukrainienne de militants regroupés dans le centre Contre-Info et les cercles Che Guevara représentant, eux aussi, une bonne soixantaine de militants.
Pendant son séjour, notre camarade Krivine a tenu plusieurs conférences, dont une dans la seule librairie de gauche de Moscou, avec une cinquantaine de personnes. Il a participé au procès d’un syndicaliste de la fédération Zachita, licencié, dans la ville d’Oriegovo-Zouevski, où éclatèrent les premières grèves de 1905. À cette occasion, notre camarade a pu avoir de longues discussions avec les dirigeants syndicaux de Zachita d’une usine de construction de bus aujourd’hui privatisée. L’un d’entre eux a participé au congrès de Vperiod. De retour à Moscou, Alain Krivine a assisté à une conférence de presse de travailleurs d’une usine métallurgique de Toula, privatisée, dont le directeur est en prison. Ces travailleurs font la grève de la faim, car ils ne sont pas payés depuis plusieurs mois.
Durant ce voyage, il été décidé d’établir des liens réciproques beaucoup plus étroits entre la LCR, la IVe Internationale et ces premiers regroupements de militants révolutionnaires russes et ukrainiens engagés dans une bataille difficile mais essentielle.