La grève générale des instituteurs-trices à Oaxaca, qui dure depuis six mois, témoigne de la grave dégradation de la situation. Les Indigènes et les classes vivant dans la misère ou l’extrême misère se sont associés à la lutte des enseignant-e-s et exigent la démocratisation radicale des structures éducatives, sociales et politiques de Oaxaca.
Ensemble, ils ont créé une gouvernance parallèle : l’Assemblée Populaire des Peuples de Oaxaca (l’APPO), ce qui témoigne pour l’essentiel d’une volonté de mettre en œuvre une nouvelle et réelle alternative aux institutions pourries. Des manifestations regroupant jusqu’à 800 000 participant-e-s ont exprimé la solidarité populaire avec l’APPO. Et ceci malgré l’occupation massive de l’armée et de la police.
L’APPO revendique – comme la grande marche des Zapatistes et des Indigènes en 2001 – l’auto-gouvernance et le respect intégral des droits des Indigènes et de leur dignité, ce que précisément l’Élite corrompue et criminelle s’obstine à refuser.
Afin d’éviter que la rébellion de Oaxaca ne se répercute sur d’autres États mexicains, le président Fox ta tenté de l’écraser brutalement dès le 25 novembre. Il s’agissait également de permettre au nouveau président Calderón, élu sur fond de fraude électorale et intronisé le premier décembre sous les huées d’une partie du Parlement, de gouverner d’une manière plus impitoyable encore, mais sans résistance. C’est du moins l’illusion que se fait l’Élite face à une population de plus en plus révoltée.
En accusant la rébellion d’avoir incendié le palais de justice, alors qu’il s’agissait de l’œuvre d’agents provocateurs, les polices fédérale et de l’État de Oaxaca ont procédé à des rafles nocturnes des membres de l’APPO. Dans les seules deux nuits qui suivirent, 200 personnes ont été arrêtées d’une manière ciblée. Pratiquement, l’état de siège a été instauré. On pourrait se croire à Berlin en 1933 ou du temps des dictatures en Argentine ou Chili.
De graves violations des droits humains ont été perpétrés : assassinats, arrestations arbitraires, disparitions forcées, tortures et viols dans les prisons. Et dire que le Mexique préside le Conseil des droits de l’homme de l’ONU !
Dans l’ensemble du Mexique, la répression actuelle contre les mouvements sociaux fait de ce pays un modèle non pas de « transition démocratique » comme le prétend la rhétorique officielle, mais d’autoritarisme, de corruption et d’impunité !