La Paz
Le 29 novembre, le président Evo Morales a promulgué une réforme de la loi agraire répartissant les terres en friche au profit des paysans pauvres. Quelques heures plus tôt, le gouvernement avait brisé la résistance de la droite au Sénat, qui ne s’opposa pas à cette réforme (déjà acceptée par les députés) malgré les protestations de l’oligarchie.
La semaine précédente, la droite avait boycotté le Sénat en exigeant l’approbation de la nouvelle Constitution par une majorité des deux tiers, ce qui devait permettre à l’opposition de paralyser la Constituante. Elle dénonçait alors la révolution agraire comme une atteinte à la propriété privée.
Le 29 novembre, en appui à la « guerre contre le latifundium », une grande manifestation indigène encercla le Sénat. Fort de cet appui, Evo Morales somma les sénateurs de regagner leurs sièges : « Quand la démocratie bénéficie à la majorité, et non à quelques grandes familles, la droite qui n’en veut pas fait un coup d’Etat institutionnel au Sénat. Si l’expropriation légale des grandes propriétés improductives ne passe pas, les occupations de ces terres par les paysans seront justifiées ». Quant au vice-ministre de la Terre, Alejandro Almaraz, il a dénoncé la vente de terre par des propriétaires qui les avaient reçues gratuitement à l’époque des dictatures militaires !
Le 27 novembre, le « comité civique » de Santa Cruz, animé par la droite et le patronat régional, annonçait une grève nationale si le gouvernement n’acceptait pas la clause des deux tiers à la Constituante et une loi agraire « consensuelle ». Mais ce mouvement ne serait suivi que dans l’Est de la Bolivie et pas dans l’Ouest indigène, qui soutient le gouvernement (67 % d’avis favorables nationalement, selon un sondage du journal « La Razon »).