On ne va s’attrister de ce résultat : après l’échec de la Grande Coalition, l’effondrement passager du FDP et la percée de l’AfD, la tentative de recomposition du camp de la bourgeoisie avec le concours des Verts s’est heurter à un FDP qui a scié la branche sur laquelle il était installé.
Car l’idée que les autres partis n’auraient pas suffisamment fait de concessions au FDP tient de la rumeur. En tout cas, Lindner (le dirigeant du FDP), n’est pas en mesure de donner le moindre exemple d’exigence du FDP qui se serait heurtée à un mur. Après tout, c’est bien pour le satisfaire qu’a été envisagée la diminution de 12 milliards d’€ de l’impôt de solidarité d’ici 2021, ce qui d’après les calculs du journal Handelsblatt reviendrait à exonérer plus de 75% des contribuables (dans la grande majorité les plus aisés). C’était d’après Cem Özdemi (chef du groupe parlementaire des Verts) que cite le journal « [...] plus que ce que le FDP lui-même exigeait au départ », ce dernier ajoutant : « les dirigeants du parti ont affirmé que la chancelière aurait finalement fait des propositions aux Verts contre le FDP » . « La décision de rompre les discussions avait été prise depuis trois jours. D’après le compte–rendu, Lindner aurait exigé de la chancelière qu’elle se positionne clairement contre les Verts, ce qu’elle aurait refusé de faire.
Ce que Lindner entend par ce renversement de tendance que la nouvelle coalition aurait dû suivre demeure également complètement abscons. Ses tentatives réitérées pendant les négociations de déborder la CSU sur sa droite – également sur la question des migrants et le regroupement familial qui ne devait plus concerner que les migrants totalement intégrés – donnaient l’impression que le FDP préférait disputer à l’AfD le rôle d’opposant principal.
Le TAZ (quotidien publié à Berlin) a surnommé le FDP « parti de petits joueurs à dominante populiste de droite » Cela semble bien définir ce parti.
Ce que l’on peut retenir, c’est que les Verts ont fait en route un grand pas vers les chrétiens démocrates. Les chambres d’industrie et les médias reconnaissent leur comportement de parti de gouvernement, ce qui concrètement ne signifie rien d’autre que leur promptitude à jeter par dessus bord la majeure partie de leurs principes. Finalement, il n’en sera resté que le regroupement familial pour les migrants dont la vie est menacée dans leur pays d’origine.
Est-ce que cela leur sera profitable ? Les probables nouvelles élections le montreront. Les associations environnementales sont en tout cas vent debout contre les Verts car ceux-ci ont une fois encore démontré qu’ils n’ont pas la volonté d’initier un tournant en faveur l’environnement qui irait à l’encontre des intérêts des grands groupes. Il y a là pour Die Linke une succession à prendre.
Angela Klein