Quelque 4200 groupes participant à la Marche, 153 pays représentés, dont 90 qui se sont dotés d’une coordination nationale : voilà qui donne la mesure du succès déjà rencontré par cette initiative, depuis que l’idée en a été lancée à la conférence de Pékin. Alors qu’émergent aujourd’hui des résistances nouvelles face à la dictature des marchés et au néolibéralisme sauvage, la réussite de cette mobilisation multiforme est un réel enjeu. Et ça commence à prendre...
Des actions partout. Le calendrier du mois de mai donne un bon aperçu de la diversité et de l’ampleur des initiatives dans le monde : marche nationale au Burkina Faso le 6 mai dernier, semaine de « manifestations sportives, culturelles et de rencontres thématiques sur le statut des femmes » du 6 au 13 mai au Niger, manifestations nationales en Haïti ou au Pérou Le grand rendez-vous, bien sûr, est celui du 17 octobre à New York, où les marcheuses se fixent pour objectif d’apporter au moins 10000 signatures de soutien à leurs revendications.
Les échéances européennes. Trois rencontres se sont déjà déroulées à Paris, Bordeaux et Genève. Les 12 et 13 mai, une nouvelle rencontre doit se tenir à Copenhague, pour préparer la marche de Bruxelles qui se tiendra le 14 octobre. L’un des enjeux est d’associer plus significativement les femmes d’Europe de l’Est (la Pologne et la Roumanie sont déjà représentées). Une plate-forme européenne a déjà été adoptée.
La mobilisation en France. Seuls deux ou trois départements sont encore dépourvus de structure de préparation Partout ailleurs, les collectifs engagés dans la Marche, qui rassemblent de très nombreuses associations et organisations, mettent sur pied des initiatives relais : marche locale, pique-nique, conférence-débat, fête, concert, etc. A Brest, Femmes d’un bout du monde a déjà commencé, le 8 mai, une marche d’une semaine qui va traverser le Finistère, avec dans les villes des débats, des projections de films
La marche du 17 juin. Elle sera, à Paris, le point de visibilité de la Marche en France. On ira de Châtelet (13 heures) à Bastille, où on fera la fête En province, les collectifs préparent activement voyages en car ou en train (Marseille annonce déjà 400 personnes), et la coordination attend au moins 15000 à 20000 participantes et participants.
Se tenir informé/e. Pour connaître les initiatives à venir dans les pays participants, on peut aller faire un tour sur le site Internet de la Marche, réalisé par la Fédération des femmes du Québec : < http://www. ffq. qc. ca/marche2000/fr > (e-mail : < marche2000@ffq. qc. ca >). En France, la centralisation est opérée par la coordination pour la Marche mondiale des femmes : 104, rue des Couronnes, 75020 Paris (tél. : 0144621233, fax : 0144621234, e-mail : marchfem@ras. eu. org).
– Il est possible de commander auprès de Rouge le matériel de campagne : badges (10 F), pin’s (20 F), tee-shirts (S, M, L, XL : 50 F). Chèques à l’ordre de : « les Amies de la Marche mondiale ».
Encart
Chronique d’une mobilisation
Partout en France, les collectifs de préparation de la Marche mondiale rassemblent, organisent Françoise Bagnaud, l’une des animatrices du Collectif droits des femmes 35, témoigne du travail effectué dans ce département.
« Le collectif droits des femmes 35, plutôt centré sur Rennes, s’est créé en décembre 1999 à l’initiative de quelques militants (SUD, LCR). L’idée était de s’organiser pour monter à Paris pour la manifestation du 15 janvier. Nous avons repris les grands thèmes de la manifestation : liberté, autonomie, égalité, dignité, etc. Après le 15 janvier, le collectif s’est vraiment constitué, autour d’un certain nombre d’organisations et d’associations (PCF, LCR, JCR, Révolution, Femmes entre elles, A tire d’elles, SUD, avec le soutien du Mouvement de la paix) et d’individus. »Nous avons appelé à un rassemblement le 8 mars et une marche nocturne le 11 mars à Rennes, ainsi qu’à la manifestation du 25 mars à Paris pour la défense de la gynécologie médicale. Nous avons bâti tout un projet autour de la Marche mondiale, nous appellons à une marche dans les rues de Rennes et à un pique-nique place de la mairie, le 19 mai ; l’objectif étant aussi de faire monter le plus de monde possible à Paris le 17 juin, et de voir si on peut aller à Bruxelles ou New York après.
« Nous sommes en contact avec Femmes d’un bout du monde, à Brest, qui elles-mêmes font une marche cette semaine dans le Finistère. Ça commence à prendre un peu, à grandir, nous ne pensions pas que ça marcherait aussi bien. Il y a aujourd’hui un noyau d’habituées, dont quelques jeunes ; majoritairement des femmes. Le collectif joint à la fois l’envie d’être actives, de parler des problèmes internationaux, avec une orientation de dénonciation claire, très à gauche, de la mondialisation, du libéralisme : les femmes ne sont pas seulement victimes »comme ça« , individuellement, elles sont victimes d’un système, comme tous les exploités du monde. »En dehors de la Marche mondiale, j’espère bien que le collectif va se maintenir, avec l’idée de peser sur les réalités locales, de constituer un réseau."
Propos recueillis par M. G.