La manifestation du 20 novembre est une première pour les Picard. Que se passe-t-il ?
Gérard Rouyer - Les salariés en ont assez de se faire exploiter pour un salaire de misère. Il faut être hyperpolyvalent dans un magasin : ménage, prise de commandes, remplissage des congélateurs, tenue des caisses. Tout cela pour 1 100 euros par mois, alors que nous n’avons jamais de week-ends pour être en famille, le magasin étant ouvert le samedi de 9 heures à 20 heures et le dimanche matin.
Les salariés de Picard et la CGT envisagent un mouvement de grève pour la période de Noël. Quelles en sont les principales revendications ?
G. Rouyer - Après la manifestation du 20 novembre, la direction devrait ouvrir des négociations. Si elle reste fermée à notre demande, une deuxième manifestation sera organisée, avec appel à la grève, la semaine de Noël, période où Picard réalise son plus gros chiffre d’affaires. Les principales revendications sont : 100 euros net par mois pour tous, un Ticket-restaurant par jour - nous en avons actuellement quatre par mois -, une prime exceptionnelle de Noël et une prime « froid ».
L’unité intersyndicale est-elle au rendez-vous ?
G. Rouyer - Non, FO, le syndicat majoritaire, ne bouge pas, comme d’habitude. En revanche, la CGT est totalement investie. La CFDT semble répondre positivement, mais elle réserve sa réponse. Nous sommes confiants.
Picard est une entreprise qui marche bien, puisque son chiffre d’affaires augmente de 10 % par an et de nouveaux magasins ouvrent chaque année...
G. Rouyer - Oui, s’il s’agissait d’une entreprise en mauvaise santé, on pourrait comprendre. Il faut tout de même, à un certain niveau, partager les richesses. Le PDG du groupe, Xavier Decelle, est la 30e fortune nationale. On demande un salaire au niveau de notre travail. On ne vit pas avec un Smic, on survit.
Quel accueil recevez-vous de la part des clients ?
G. Rouyer - Lorsqu’ils apprennent notre rémunération, ils sont outrés et nous soutiennent totalement. Picard nous demande d’être serviables en permanence, aimables, attentionnés, à 100 % au service de la clientèle. Si le magasin ferme à Noël, ils le comprendront. Le seul perdant, ce sera Picard. Nous, que l’on ait du monde ou pas, nous avons notre salaire, notre pourboire devrais-je dire...
Avez-vous des contacts et des perspectives d’actions communes avec d’autres secteurs de la distribution ?
G. Rouyer - Pour l’instant, nous nous occupons de Picard. Le secteur de la distribution, hyperbénéficiaire, est celui où les salariés gagnent le moins. Tous ceux qui y travaillent le savent. Il faut vraiment que cela change.