Le gouvernement Echahed dirige le pays depuis six mois. Pourtant, la crise continue, et rien ne laisse présager de son dépassement prochain.
Le processus constitutionnel est à l’arrêt, ce qui implique l’impossibilité de mettre en place les nouvelles institutions de l’Etat, comme le Haut conseil de la magistrature et la cour constitutionnelle. La loi électorale régissant les élections municipales n’a pas encore été promulguée.
En cause, les calculs électoralistes et les petits arrangements entre les partis En-Nahdha et Nidaa.
La crise économique et financière s’aggrave, les tentatives d’y remédier en faisant appel aux aides et aux financements étrangers ont échoué. La preuve en est les médiocres retombées de la conférence internationale sur l’investissement en Tunisie, organisée au mois de novembre dernier.
Une crise qui a comme conséquence directe l’aggravation des problèmes sociaux, en particulier la montée du chômage et de la misère, notamment dans les régions marginalisées, qui de surcroît, subissent des conditions climatiques sévères cet hiver (les pluies et la neige abondantes dans les régions du nord-ouest et du centre-ouest).
Une situation insupportable, décriée à travers des mouvements de contestations populaires dans de nombreuses régions, qui revendiquent le travail, des services sanitaires et éducatifs décents et le développement.
La sécurité de nos compatriotes est toujours menacée. Les déclarations récentes du président de la République et du président du Mouvement En-Nahdha, concernant le retour des terroristes de Syrie et des zones de conflit, sont loin d’avoir rassuré. Bien au contraire, elles ont augmenté la crainte des tunisiennes et des tunisiens de voir notre pays transformé en une nouvelle base pour les terroristes de retour sous la pression des pays occidentaux et des pays du Golfe parrains du terrorisme.
Il est donc certain que la coalition gouvernementale résultant des élections de 2014 est incapable de résoudre les problèmes du pays et du peuple. Elle a mis en place le gouvernement Essid pendant un an et demi avant de le remercier et admettre son échec.
Le gouvernement Echahed, qui lui a succédé, a été présenté comme le gouvernement qui allait sauver le pays, mais le résultat est le même. Le pays s’enfonce dans la crise et c’est le peuple qui en paie les frais.
Les promesses de faire la guerre à la corruption, de relancer la croissance pour créer des emplois, de maîtriser les équilibres financiers, de gagner la guerre contre le terrorisme et de préserver l’environnement, n’étaient que tromperie.
Encore une fois, la position de notre parti et du Front Populaire a été juste. Nous avons, dès le départ, alerté que le gouvernement Echahed n’allait pas différer de ses prédécesseurs, qu’il allait être l’exécutant des instructions des institutions financières internationales, au mépris des intérêt du peuple et de la patrie.
Comme à l’accoutumée, le Front Populaire avait fait l’objet d’une large campagne de diffamation et de dénigrement de la part des chiens de garde du gouvernement de coalition et des lobbys de la corruption. On accusait le Front Populaire d’être non patriote, on le disait négatif, ne connaissant que l’opposition et ne sachant dire que « non », on prétendait qu’il avait peur de la responsabilité du pouvoir.
Les faits sont têtus, ils viennent prouver encore une fois que le Front Populaire a raison.
En réalité, le coalition réactionnaire au pouvoir, n’a aucune alternative à offrir au peuple et à la patrie. Elle n’a aucun programme pour surmonter la crise qui ronge le pays. Elle est loin de satisfaire les revendications des classes pauvres et laborieuses, celles qui ont présidé à la révolution et aux énormes sacrifices.
C’est une coalition réactionnaire au service des classes riches, qui se résume dans une alliance entre le RCD et En-Nahdha.
Elle veille à la préservation des privilèges des minorités aisées qui s’engraissaient copieusement sous le régime de Ben Ali et qui, aujourd’hui, veulent faire avorter définitivement la révolution, en usant de tous les moyens, comme le retour intensif des méthodes de répression policière, les procès montés de toutes pièces pour brimer la grogne sociale dans les différentes régions du pays.
Actuellement, l’enjeu majeur est que l’ensemble des militantes et des militants du Front Populaire soient convaincus de cette réalité : le caractère réactionnaire et contre-révolutionnaire de la coalition dirigeante qui domine la présidence de la République, le parlement et le gouvernement.
Une réalité qu’il faut transformer en une conviction partagée par la majorité de notre peuple, des classes pauvres et des travailleurs pour que tous se soulèvent pour le changement, et accordent leur confiance au Front Populaire. Le Front Populaire est le véritable défenseur de leurs intérêts et des exigences de la révolution, le seul en mesure de sortir le pays de la crise.
Ce défi exige des efforts considérables d’information, de mobilisation et d’organisation, le Front Populaire doit les assurer. Nous sommes persuadés qu’il est en mesure de les assumer, comme nous sommes persuadés que c’est le moment opportun.