C’est le sixième anniversaire de la chute de la dictature et de la fuite du tyran Ben Ali, le 14 janvier 2011, un mois après le déclenchement de la révolution populaire suite à l’immolation de Mohammed Bouazizi par le feu le 17 décembre 2010. Par son geste, il protestait contre le mépris, l’exclusion et la paupérisation.
Pendant un mois, la colère du peuple s’est exprimée par des mobilisations populaires qui ont été réprimées dans le sang par la dictature. Cette répression féroce a insufflé la révolution, démontrant par la même occasion les grandes capacités militantes de notre peuple, qui a ainsi, suscité le respect et la sympathie du monde entier, et ouvert la voie pour une nouvelle vague révolutionnaire dans le monde arabe où règnent des régimes autoritaires, corrompus et soumis aux puissances étrangères.
Notre peuple a mené sa révolution, après avoir mené pendant des décennies, de nombreuses luttes contre la dictature. En célébrant le sixième anniversaire de la révolution, ou plus exactement de la fuite du dictateur, nous estimons que notre peuple est en droit d’évaluer ces années passées et d’analyser cette expérience pour pouvoir avancer vers la réalisation des objectifs de la révolution.
Ces objectifs peuvent être atteints par l’abandon des choix politiques qui assujettissent notre pays et l’appauvrissent, et l’adoption de nouvelles orientations patriotiques et populaires. Ces dernières peuvent se résumer dans le slogan fondamental scandé pendant et après la révolution « travail, liberté, dignité nationale ». Ces nouveaux choix s’avèrent impossibles face à la prédominance de la coalition des classes dominantes à travers son expression politique mais aussi à travers les partis qui gouvernent aujourd’hui ou ayant gouverné par le passé.
La liberté politique représente la plus grande réalisation de notre peuple. Mais cet acquis est aujourd’hui menacé par les velléités despotiques des dirigeants, surtout vis à vis des luttes et des mouvements de protestations populaires, qui prouvent, par ailleurs, la poursuite du processus révolutionnaire. Ce qui n’est pas sans embarrasser la réaction qu’elle soit locale, régionale ou internationale.
Six ans après la révolution, le pays et le peuple vivent une situation difficile et compliquée. Les objectifs de la révolutions n’ont pas été réalisés, l’appareil de l’état est toujours dominé par ceux là mêmes contre lesquels le peuple s’est soulevé. La corruption gangrène tous les services de l’état, et les conditions de vie de la grande majorité des tunisiennes et tunisiens, déjà difficiles, se sont encore dégradées. Le terrorisme guette la Tunisie et l’ensemble de la région, avec de surcroît les arrangements qui se trament pour faire revenir des milliers de terroristes et d’assassins depuis les zones de conflit, ce qui menace sérieusement la sécurité du pays, et s’inscrit dans la préparation d’un complot contre le peuple frère algérien.
Une situation qui exige de notre peuple et de toutes ses forces vives de s’unir plus que jamais, de redoubler de vigilance, pour éviter que notre pays ne se transforme en une zone de conflit au service des projets réactionnaires étrangers.
Alors, que ce sixième anniversaire soit un nouveau départ pour processus révolutionnaire, une occasion de corriger la ligne de conduite. Qu’il soit également porteur de luttes indéfectibles contre la réhabilitation de la dictature, ses symboles, ses politiques économiques et sociales mais aussi ses ramifications étrangères.