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- Alors par quoi expliquez-vous
- Comment le FP appréhende-t-il
- Doit-on comprendre par là (…)
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- Vous êtes catalogués au FP (…)
- Quel bilan pouvez-vous tirer
Son nom surgit à chaque nouvelle crise, qu’elle soit politique, économique, sociale, sécuritaire. Souvent, il est soupçonné d’attiser le feu partout dans le pays et d’être derrière plusieurs mouvements sociaux. La dernière affaire à laquelle il est lié est celle de Jemna
Cependant, ces accusations ne l’inquiètent pas outre mesure, il les assume pleinement et s’en réjouit même. S’engager dans ces mouvements est un devoir, pour lui, son parti, et sa coalition politique, le Parti des travailleurs et le Front populaire.
Et c’est à ce titre qu’ils interviennent à chaque fois qu’ils estiment que les intérêts du peuple sont menacés, comme ils le font, présentement, avec la loi de finances, dans laquelle notre interlocuteur voit des impératifs à caractère idéologique dictés par les institutions financières internationales.
Il accuse, à son tour, les gouvernements successifs de diaboliser les mouvements sociaux légitimes et d’essayer de présenter le FP comme un perturbateur et un déstabilisateur, dans le but de ternir son image et de l’exclure de la scène politique, et ce, en dépit de « la justesse » des analyses et des propositions qu’il ne cesse de formuler.
C’est pour cela, selon Hamma, que l’étiquette du « non » lui a été collée ainsi qu’à ses partisans.
Enfin, nous n’avons pas laissé passer cette occasion sans évoquer avec lui le « Collectif du 18 octobre pour les droits et les libertés » et les accusations qui y sont liées.
(Faouzi Ksibi du quotidien tunisien La Presse)
Quels sont vos griefs contre la loi de finances 2017 ?
Au vu des choix économiques et sociaux fondamentaux, cette loi ne répond pas à des besoins populaires, mais reflète des options en faveur d’une minorité et de parties étrangères, notamment les institutions financières internationales dont le FMI. En ce sens que l’Etat tunisien est chargé d’agir à la manière d’un comptable, en se contentant d’appliquer techniquement les dispositions de cette loi qui est loin d’être conçue sur la base de nouveaux choix en vue de résoudre la crise.
En plus clair, elle ne rompt pas avec la dépendance aux puissances étrangères, le foyer du libéralisme sauvage, ce qui accentue davantage l’atteinte à la souveraineté nationale et la crise qui en est le corollaire.
Tous ces choix dévoilent le caractère idéologique de cette loi : elle préserve et renforce les intérêts d’une classe sociale particulière et néglige, voire empiète sur ceux de la majorité écrasante du peuple tunisien.
Concrètement, qu’est-ce que vous reprochez à cette loi ?
Elle ne réduit pas la dette extérieure, ni ne prévoit l’amélioration des secteurs productifs, de l’infrastructure, de l’enseignement, de la santé…
Elle n’envisage pas non plus de lutter, concrètement, contre la corruption, la contrebande, le commerce parallèle et l’évasion fiscale.
Nous avons proposé en 2014 le recrutement de 6 000 contrôleurs fiscaux, d’agents de recouvrement du trésor public et d’agents de douanes jusqu’à 2020, et le changement des billets de banque qui est techniquement possible, comme nous l’a affirmé le directeur général d’Amen Bank, Ahmed Karam. Donc, les solutions existent, mais c’est la volonté politique qui fait défaut.
Ceux qui ont confectionné cette loi ont choisi, comme d’habitude, la solution facile, à savoir le recours à la dette extérieure, en se tournant, principalement, vers le FMI dont les partenaires et les défenseurs acharnés appliquent à la lettre les consignes hautement préjudiciables à notre économie nationale.
Et c’est ainsi qu’on a décidé :
– de ne pas recruter dans la fonction publique,
– de ne pas remplacer les retraités,
– de ne pas réviser à la hausse la prime de rendement,
– de diminuer les heures supplémentaires,
– de refuser l’augmentation des salaires, bien que le Smig soit le plus faible dans la région et que le salaire moyen soit inférieur au Smig au Maroc.
Et en contrepartie, on va augmenter les prix des produits de consommation et les impôts.
En raison de ces orientations, l’Etat ne peut plus :
– réformer les industries, l’agriculture et le système éducatif,
– ni protéger des secteurs comme celui du cuir et de la chaussure, des textiles et de l’ameublement contre la concurrence déloyale des industriels étrangers au moyen du dumping qui a obligé plusieurs chefs d’entreprise tunisiens à déclarer faillite.
La loi protectrice existe et il suffit de l’appliquer pour que ces secteurs soient protégés.
Et pour achever l’économie nationale qui est déjà agonisante, on compte adopter l’Aleca (Accord de libre-échange complet et approfondi) qui risque de donner le coup de grâce aux trois grands secteurs économiques, à savoir l’agriculture, l’industrie et les services qu’on veut libéraliser alors qu’ils ne sont pas encore compétitifs.
Mais, dans ce contexte très difficile, le gouvernement est contraint à faire des choix douloureux et à procéder à des réformes même sans l’intervention du FMI.
Je le répète encore une fois, ces options ne sont pas une fatalité. Les solutions existent, elles consistent dans le changement du modèle de développement.
Au temps de Ben Ali, les moyens de la richesse étaient placés entre les mains de la bureaucratie de l’Etat, des compradors, des propriétaires fonciers, des entreprises étrangères et des instances financières internationales.
Aujourd’hui, c’est pareil. Rien n’a changé. Ces mesures sont conçues pour étouffer la révolution.
Il est vrai que nous avons besoin de réformes, mais elles n’ont rien à voir avec celles imposées par le FMI, cette institution idéologique dont Joseph Stiglitz, l’auteur de l’œuvre « La grande désillusion », dit qu’il n’existe pas un seul pays au monde qui ait contracté des crédits auprès d’elle et qui n’ait pas été ruiné par la suite.
Donc, l’attaque du FMI, que certains identifient par Famine, Misère, Impérialisme, constitue le dernier épisode des tentatives d’encerclement de la révolution, en vue de préparer le terrain à la restauration de l’ancien régime et de faire de la Tunisie un nouveau protectorat.
Ne voyez-vous pas que l’ampleur grandissante de cette vague protestataire risque d’exaspérer le gouvernement et d’envenimer le climat dans le pays ?
Les corrompus causent la crise et c’est aux classes laborieuses et aux petites, moyennes et quelques grandes entreprises, qui s’acquittent de leur devoir fiscal, d’en payer le tribut.
Et lorsque ces parties lésées protestent contre cette injustice délibérée, le régime leur déballe sa palette de faux arguments empreints de menace.
– Il commence par leur demander de répondre à l’appel de la patrie, en consentant des sacrifices pour pouvoir sortir de l’ornière et dépasser ces moments difficiles.
– Ensuite, il mobilise, à travers sa machine médiatique, une partie de l’opinion contre les contestataires, l’Ugtt et l’opposition qu’il diabolise en les présentant comme étant des profanateurs de la loi et du prestige de l’Etat. Ce qui participe à diviser les Tunisiens au lieu de les unir contre la corruption, la vraie origine de leurs maux.
– Enfin, quand il aura préparé l’opinion, il passe à la répression. Seulement, dans les conditions actuelles, le régime n’est pas capable d’exercer cette répression à grande échelle, car le mouvement social est en marche, exactement comme au mois de janvier 2016, après la mort du jeune Ridha Yahyaoui qui a embrasé Kasserine et toutes les autres régions du pays.
A chaque fois que leur navire chavire, les forces de la contre-révolution s’adressent au FMI qu’ils assimilent à un canot de sauvetage. Mais, quoi qu’elles fassent, elles se brisent toujours dès qu’elles se heurtent contre le socle de la révolution. Et les échecs cuisants et humiliants qu’elles ont essuyés par le passé sont assez édifiants à ce propos.
Pouvez-vous nous éclairer davantage sur les déboires de ce que vous appelez la contre-révolution ?
En fait, ces forces réactionnaires ont toutes connu la même fortune, en dépit des moyens variés dont elles ont usé et des potentialités dont elles disposaient. Car, la détermination du peuple était beaucoup plus forte.
Cette confrontation continue entre les deux parties est passée, jusqu’à maintenant, par trois phases :
– La première (janvier-février 2011) est celle où Mohamed Ghannouchi (ancien Premier ministre de Ben Ali) a essayé de sauver l’ancien régime par, entre autres, une astuce juridique, et où il était obligé de capituler devant Kasbah I et II qui ont favorisé la naissance de l’Assemblée nationale constituante (ANC).
– Le second échec est essuyé par la Troïka (2012-2013), dirigée par Ennahdha, qui a essayé de mener son offensive contre-révolutionnaire d’en haut, à partir de l’idéologie, c’est-à-dire en modifiant la culture des Tunisiens et donc leur modèle sociétal, moyennant, notamment, la Constitution du 1er juin, la police parallèle, l’école parallèle, les associations caritatives, la mainmise sur les rouages de l’Etat et la violence par l’aile gauche du « front islamique », à savoir « Ansar Echariaâ », et aussi les milices dites « ligues de protection de la révolution ».
Mais, comme tout le monde sait, le projet pernicieux de ces islamistes qui, sur le plan économique, appartiennent à l’ordre ancien, précédant Adam Smith et Ricardo, n’a pas abouti. Il a avorté grâce au sit-in « Errahil », organisé par le Front du salut national, et favorisé par la chute des « Frères musulmans » en Egypte, en Libye et en Syrie.
– Enfin, le troisième revers essuyé par la contre-révolution est celui que connaît actuellement la coalition entre Nida Tounes et Ennahdha qui tente, vainement, d’étouffer les aspirations populaires à une vie meilleure dont le socle serait l’égalité sociale.
Vos critiques à l’endroit du gouvernement sont âpres et sans répit. Doit-on comprendre par-là que le FP vise à le renverser ?
Comme je l’ai expliqué précédemment, les mesures urgentes du gouvernement protègent les intérêts de minorités corrompus et de parties étrangères au détriment de ceux du peuple, contrairement à celles que nous proposons.
C’est pourquoi nous faisons face aux choix de la coalition gouvernementale et nous aspirons à gouverner à sa place.
Néanmoins, pour y parvenir, nous avons besoin de gagner la confiance du peuple, et c’est ce qu’on essaye de faire à travers le programme que nous avons arrêté, l’action que nous sommes en train de mener et les positions que nous adoptons.
Autrement dit, nous n’avons nullement l’intention de gagner ce challenge par un coup d’Etat, mais en faisant en sorte que nous soyons majoritaires et eux minoritaires, car c’est nous qui représentons la majorité et non pas eux, même s’ils font tout pour falsifier cette réalité et nous écarter. C’est la preuve qu’ils sont anti-démocrates par essence et par principe.
La prorogation de trois mois de l’état d’urgence décrété par le président de la République n’a pas échappé non plus à vos critiques. Qu’est-ce que vous lui reprochez ?
On ne voit dans cette mesure qu’un seul objectif : la répression des libertés, parce que les outils de la lutte antiterroriste, ce n’est certainement pas l’état d’urgence qui va nous les fournir, comme le prétendent ses défenseurs.
Ils résident dans la réforme de la sécurité et de l’armée qu’il faut baser sur de nouveaux credos puisés dans les acquis de la révolution, et aussi dans l’installation de la confiance entre l’Etat et les citoyens. Cet élément extrêmement important ne peut se concrétiser qu’en impliquant ces derniers dans les processus de sécurité, par leur conscientisation, leur organisation et leur entraînement, autrement dit par leur responsabilisation.
Dans l’affaire de Jemna, on vous accuse de défendre l’illégalité contre le prestige de l’Etat et d’avoir coordonné votre action avec Ennahdha. Qu’est-ce que vous y répondez ?
D’abord, je tiens à souligner que la mesure que vient de prendre le gouvernement à l’encontre de l’association de Jemna, en gelant son compte bancaire, est une escalade et une fuite en avant de sa part. Les gouvernements successifs de l’après-14 janvier ne conçoivent pas la souveraineté de l’Etat en dehors de l’usage de la violence, comme ils ont tendance à diaboliser tout mouvement et toute revendication sociale.
Cette diabolisation prend, à chaque fois, une forme particulière en fonction du contexte, comme la prétendue présence de « Hizb-u-tahrir » à la tête des manifestations, lors de l’affaire « Petrofac » à Kerkennah. C’est leur manière d’occulter leur échec et de justifier leurs choix ratés.
D’autre part, on n’a jamais coordonné avec Ennahdha et on ne le fera jamais. Mais, on ne peut pas empêcher les autres d’adopter des positions similaires aux nôtres. D’ailleurs, la présence du parti islamique à Jemna confirme l’échec de la coalition gouvernementale et le développement des rivalités entre ses composantes. En outre, les islamistes ne veulent pas perdre pied dans le sud.
Ce qui nous intéresse dans cette affaire, c’est son caractère juste et équitable. Et personne ne peut nous donner de leçon là-dessus, surtout pas ceux qui, au nom de la souveraineté de la loi et de l’Etat, font régner la répression et agissent donc contrairement aux exigences de l’Etat démocratique dont ils se réclament nuit et jour.
Cette complicité avec les islamistes, que vous récusez, est une évidence pour les détracteurs du Parti des travailleurs qui n’arrêtent pas de lui faire grief du « Collectif du 18 octobre 2005 pour les droits et les libertés ». Comment vous vous en défendez ?
Tout d’abord, je tiens à préciser que c’était une rencontre et non pas un pacte comme ils le prétendent. Cette rencontre était imposée par un contexte politique et historique caractérisé par une dictature envahissante envers l’ensemble de la société et le besoin de lutter contre cette répression asphyxiante, d’autant plus que la société civile et politique brillait par son absence.
C’était une rencontre autour d’un Smig se rapportant principalement aux libertés d’expression, de presse et d’organisation.
Au-delà de ces revendications majeures, elle constituait un moyen de priver la dictature de continuer de s’alimenter des luttes idéologiques entre les composantes de l’opposition, ce qui a donné l’opportunité à celle-ci de poser les grandes questions politiques et sociales occultées par le régime. Ce nouveau contexte favorable a préparé le terrain à la révolte du Bassin minier de 2008, et développé la lutte qui a été couronnée par la révolution, au-delà de laquelle cette tactique était devenue caduque.
Qu’est-ce qui a changé depuis, pour que ce rapprochement avec le parti islamique ne soit plus possible ?
Après cette date, ce Smig est dépassé, étant donné qu’Ennahdha, qui, en 2005, subissait la dictature, l’exerce aujourd’hui.
De plus, il existe entre le FP et le parti islamique des dossiers relatifs au terrorisme et aux assassinats politiques de nos deux leaders en 2013, Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi, dont il assume et la responsabilité politique et la responsabilité morale, en attendant que sa responsabilité pénale soit établie par la justice, bien que nous soyons convaincus de son existence pour certains de ses dirigeants qui étaient de hauts responsables de l’Etat, à l’instar d’Ali Laârayedh.
Donc, chaque changement de situation impose un changement tactique. En témoigne le Front de salut national, une rencontre initiée par le FP et constituée de la gauche, des libéraux et des forces progressistes et démocratiques de la société politique et civile, qui était appelée à faire face au danger fasciste dirigé par Ennahdha, qui s’attaquait aux artistes, aux journalistes et même aux marabouts, c’est-à-dire qu’il n’épargnait rien, ni personne, ce qui requerrait l’implication de toutes les parties visées par ces actions barbares.
Ce Front n’était ni alliance, ni convergence, mais une rencontre limitée dans le temps et par les tâches à accomplir, qui consistaient à empêcher l’adoption de la constitution du 1er juin 2014, à faire chuter le gouvernement de la Troïka et à créer un nouveau climat politique sain pour que les Tunisiens puissent barrer la route au retour de la dictature. Ces objectifs étaient atteints avec la désignation, en janvier 2014, de Mehdi Jomâa à la tête du nouveau gouvernement, une nomination sur laquelle nous n’étions pas d’accord. C’était la fin du FSN et le retour aux conflits. C’est la preuve que les ennemis d’hier peuvent être les amis d’aujourd’hui et inversement. La complication de la vie politique impose des tactiques bien déterminées, concrètes et flexibles.
Alors par quoi expliquez-vous cette obstination de la part de certains à accuser le Parti des travailleurs de s’être coalisé avec Ennahdha ?
Notre problème en Tunisie provient du haut degré d’autoritarisme et de la longévité de la dictature. C’est pourquoi on ne fait pas la différence entre les moments tactiques et les moments stratégiques à adopter, en vue de renverser un régime dictatorial.
Les gens se sont habitués soit aux amitiés, soit aux animosités, sans faire de distinction entre les différentes situations politiques et sans les analyser, pour pouvoir bien se représenter les tâches à réaliser dans ce contexte extrêmement difficile.
A la chute de la dictature, ce Smig était atteint, et les rôles et les positions politiques ont changé, comme je l’ai expliqué plus haut.
Comment le FP appréhende-t-il le conflit qui mine, actuellement, l’IVD ?
Notre Front s’inscrit totalement dans le processus de justice transitionnelle et le soutient inconditionnellement, dans toutes ses phases, depuis la dénonciation du crime jusqu’à la réconciliation, en passant bien sûr par la reconnaissance du forfait par l’incriminé, la présentation de ses excuses auprès de la victime, la condamnation et la réparation du préjudice causé.
En ce sens que nous nous opposons farouchement à ceux qui essayent de tourner la page sans jugement et qui veulent donc favoriser le blanchiment des criminels et des corrompus. Et ce sont eux qui alimentent la guerre contre l’IVD.
Doit-on comprendre par là que vous soutenez sa présidente contre ses adversaires ?
Au FP, nous faisons la différence entre cette instance et sa composition que nous avons déjà condamnée par le vote, étant donné qu’elle était effectuée sur la base des quotas partisans. En d’autres termes, nous n’acquittons pas sa présidente et nous n’incriminons pas non plus ceux qui en sont sortis. Nous discernons le vrai du faux pour sauver le processus de l’étouffement et de ces brouilles qu’il faut corriger par la loi.
En termes clairs, on ne doit en aucun cas permettre à ceux qui attisent le feu, pour que cette polémique prenne encore de l’ampleur, de colporter leurs mensonges, car ils veulent s’en servir comme prétexte pour que les séances d’écoute, qui doivent débuter le 18 novembre prochain, n’aient pas lieu. Il va sans dire qu’ils ont intérêt à ce que ce processus ne commence pas afin que leurs crimes politiques et financiers restent inconnus.
C’est pourquoi j’appelle les Tunisiens à être vigilants vis-à-vis de ce dossier. Et par la même occasion, je conseille la présidente de l’IVD de maîtriser avec sagesse les contradictions internes pour fermer la porte devant ces manipulateurs et sauver le processus de justice transitionnelle.
Comme vous le savez, certaines parties sont, actuellement, en train de mettre en place un grand parti politique. Comment vous accueillez cette nouvelle naissance ?
La présidence de la République cherche à reconstituer la scène politique nationale par la création d’une nouvelle structure, dans le but de sauver Nida Tounès et de fournir un support politique à Chahed, après avoir limogé Essid. A moyen terme, elle projette de préparer les échéances de 2019 et de résoudre les problèmes du gouvernement au-delà de cette date par le biais de ce projet qu’on peut appeler « Nida 2 ».
Je pense que si la présidence de la République s’était occupée de ses fonctions constitutionnelles, cela aurait été beaucoup mieux que de semer la division parmi les Tunisiens. Les auteurs de ce projet devraient comprendre qu’un parti politique n’est pas une société pour qu’on puisse en créer une autre après avoir fait faillite.
J’espère que certains tireront la leçon de l’expérience de Nida Tounès, en comprenant que les partis politiques non idéologiques sont un grand leurre et qu’il n’existe pas de vrais partis politiques sans appartenance idéologique, sans idées. Prétendre le contraire c’est favoriser une alliance entre des corrompus qui s’entretuent pour défendre des intérêts antagoniques.
Pour s’en persuader, on n’a qu’à se référer à notre histoire politique présente et passée : toutes les expériences non idéologiques ont fini par disparaître, à l’instar du PDP, l’héritier du RSP, du RCD et du CPR. Et c’est le cas, aujourd’hui, de Nida Tounès, dont les fondateurs se targuaient d’avoir réussi à réunir des rcdistes, des syndicalistes, des militants de gauche et des indépendants. Ce sera pareil pour son sosie ; il ne fera pas long feu.
Vous êtes catalogués au FP comme étant les adeptes inconditionnels du « non ». N’êtes-vous pas en train de confirmer cette étiquette en refusant ce que fait le gouvernement ?
Il s’agit là d’une campagne de dénigrement contre le FP qui est, toujours, du côté du peuple, ce qui dérange, énormément, ses détracteurs. C’est la raison pour laquelle ils essayent de nous présenter comme des nihilistes.
Nos « non » sont intimement liés à l’intérêt suprême du peuple et de la patrie ; ils diffèrent radicalement des leurs.
Les nôtres s’opposent à leurs « oui », et nos « oui » se situent aux antipodes de leurs « non ».
– Nous disons non à la politique d’austérité !
– Non aux diktats du FMI !
– Non à la politique d’endettement !
– Non à l’inondation du marché local par des produits importés et de contrebande !
– Non à l’injustice et à l’évasion fiscale !
– Non à l’impunité ! ...
– Oui pour un nouveau modèle de développement !
– Oui pour la protection de l’économie nationale contre les menaces étrangères !
– Oui pour la justice sociale !
– Oui pour la lutte contre la corruption !
– Oui pour la réforme des systèmes d’enseignement et de santé ! `
– Oui pour la sauvegarde de la souveraineté nationale !
Vous voyez très bien que le FP est loin de refuser les vraies bonnes solutions, celles qui participent à réaliser les objectifs de la Révolution. Seulement, cela importune au plus haut point la coalition des partis au pouvoir, étant donné qu’elle sert les intérêts de minorités à l’intérieur et à l’extérieur du pays et qu’elle applique des agendas étrangers. Nous défendons des projets de ligne politique diamétralement opposés.
Quel bilan pouvez-vous tirer de ces quatre ans d’existence du FP ?
On a gagné le défi de l’unité, bien que plusieurs parties aient misé sur l’implosion du FP.
Je peux vous dire que notre unité politique est renforcée et que nous formons une équipe bien soudée.
Grâce à cette grande entente, le FP a pu, au cours de ces quatre années, participer à la réalisation d’acquis et à dévoiler des complots.
Au niveau arabe, il a fait naître l’espoir chez les peuples de la région pour lesquels il est devenu un modèle à imiter.
Cependant, nous sommes tout à fait conscients que le chemin est encore long pour gagner la confiance du peuple.
Pour ce faire, nous sommes en train de procéder à la restructuration de notre coalition qui tend à s’ouvrir sur les jeunes, les femmes, les institutions culturelles et des droits de l’homme, c’est-à-dire à s’enraciner dans les masses populaires et l’ensemble de la société civile avec lesquelles nous envisageons de tisser des liens viscéraux.
Actuellement, nous œuvrons à améliorer nos outils de travail et nos moyens de propagande et à doter notre Front d’une structure moderne et efficace afin qu’elle soit susceptible d’accueillir tous les citoyens désirant militer en son sein.
Interview réalisée par Faouzi Ksibi pour le quotidien tunisien « La Presse »
Titre original - Hamma Hammami, porte-parole du Front populaire : « Nous ne partageons pas les choix de la coalition gouvernementale »
http://lapresse.tn/01112016/122209/hamma-hammami-porte-parole-du-front-populaire-%C2%A0nous-ne-partageons-pas-les-choix-de-la-coalition-gouvernementale.html
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