En tant qu’universitaires, militant-e-s, enseignant-e-s féministes et intellectuel-le-s publics, nous reconnaissons l’interconnexion des formes systémiques d’oppression. Dans cet esprit, nous ne pouvons ignorer l’injustice et la violence, dont la violence sexuelle et la violence basée sur le genre perpétrée contre les Palestiniens et les autres Arabes de Cisjordanie, de la bande de Gaza, au sein d’Israël et dans les monts du Golan, tout autant que le déplacement colonial de centaines de milliers de Palestiniens au cours de la Nakba en 1948. Le traitement discriminatoire, l’exclusion, le siège militaire et l’apartheid imposés par Israël sur ses propres citoyens palestiniens comme sur ceux résidant dans les territoires occupés constituent une violation flagrante du droit international, des résolutions de l’ONU, et des droits humains fondamentaux.
En ce moment même, nos collègues en Palestine font face à des violations quotidiennes de leurs droits humains, dont leurs droits académiques à la liberté de parole, à se réunir, à s’associer et à se déplacer. En même temps, les institutions israéliennes d’enseignement supérieur n’ont pas contesté mais ont au contraire légitimé la politique d’oppression d’Israël et ses violations. Ces violations, qui ont un impact sérieux sur la vie quotidienne et sur les conditions de travail des universitaires, des étudiants et de la société palestinienne dans son ensemble, sont aussi permis par les impôts et le soutien tacite des puissances occidentales, faisant ainsi de chaque contribuable au Canada et en occident un complice de la perpétuation de ces injustices.
Nous, membres du SdBI engagés pour la justice, la dignité, l’égalité et la paix, affirmons notre opposition aux injustices qui se produisent depuis longtemps sans discontinuer en Palestine et que nous voyons comme partie intégrante des multiples formes d’oppression que nous étudions et enseignons. Nous affirmons aussi l’engagement de SdBI aux principes des droits humains, de la justice et de la liberté pour tous, dont la liberté académique.
L’Institut Simone de Beauvoir a eu une longue tradition d’accueil de féministes engagées pour la paix. Au cours des années, le SdBI a organisé ou sponsorisé de nombreuses activités BDS ou des activités de la semaine de l’Apartheid israélien. Aussi, par fidélité aux principes ci-dessus et dans le droit fil de l’histoire du SdBI comme de ses engagements actuels, décidons, au nom du SdBI, d’endosser l’appel de la société civile palestinienne pour le Boycott, le Désinvestissement et les Sanctions (BDS) contre les entités économiques, militaires, académiques et culturelles et contre les projets sponsorisés par l’État d’Israël. Ce faisant nous rejoignons le consensus international en plein développement et ajoutons nos voix à un grand nombre d’associations universitaires et d’entités qui ont adopté de semblables résolutions ces dernières années.
Nous ajoutons nos voix à celles qui ont déclaré leur soutien à BDS parce que nous croyons que le boycott, le désinvestissement et les sanctions sont les moyens non violents les plus efficaces pour réaliser la paix et la justice dans la région. L’Institut Simone de Beauvoir reconnaît que BDS soulève beaucoup de questions et suscite des débats enflammés. En tant qu’éducateur-trice-s et étudiant-e-s féministes, nous promouvons le dialogue ouvert et une approche éducative pour comprendre les problèmes. Dans les pages suivantes, nous soulignons quelques uns des principes-clef de la résolution et ce qu’elle implique. Nous fournissons aussi une liste de ressources pour de plus amples lectures sur le sujet (voir page 12).
Institut Simone de Beauvoir, Université Concordia, Montréal, 13 avril 2016