Il y a comme de l’intox au lendemain de la manifestation de soutien aux migrants à Calais. Les média parlent de ce qui serait soi-disant inacceptable et gravissime : des centaines de migrants ont forcé le passage vers le port pour pénétrer dans un ferry.
Et alors ? Les migrants demandent à aller en Angleterre, objectif de leur long exode, ce qui leur est interdit par l’Etat français et les forces de l’ordre, quoi de plus normal qu’ils tentent jusqu’au bout, si près du but ?
La manifestation juste avant s’était très bien déroulée, nous étions peut être 3000, avec les migrants de la « jungle » où ils sont parqués dans des conditions indignes, avec des collectifs de soutiens aux migrants, des collectifs anti-racistes, des collectifs de sans-papier, avec des militants anglais, belges... toutes et tous pour exprimer fièrement notre solidarité, notre refus de la haine, des idées racistes et xénophobes, pour la liberté de circulation, pour un accueil digne de tout le monde.
Une chouette manifestation. Il n’y a eu aucune violence, aucun incident sur le parcours (à part deux trois tensions avec des militants d’extrême droite).
Il y a eu effectivement le tag de la statue de De Gaule à l’arrivée de la manif. Ce qui a provoqué l’émotion de la maire de Calais, qui ne supporte pas l’expression de la solidarité, qui demande notamment l’intervention de l’armée contre les migrants et leurs soutiens. Les réac et racistes s’excitent, libèrent leur discours haineux, anti-immigrés. C’est lamentable.
Ce qui est insupportable c’est le traitement fait aux migrants, c’est la politique du gouvernement, de l’Union Européenne, ce sont les discours des politiciens de droite et d’extrême droite.
Il y a une urgence humanitaire, la moindre des choses c’est de donner les moyens pour accueillir, soulager, aider toutes celles et ceux qui fuient la misère, les guerres, les oppressions, venant de Syrie d’Afghanistan d’Irak...
Dans ces conditions, que la solidarité et la dénonciation des politiques anti-immigrées puissent s’exprimer c’est vital.
Philippe Poutou
* « Retour sur la manifestation de Calais ». Lundi 25 janvier 2016, mise à jour Lundi 25 janvier 2016, 11:20 :
https://npa2009.org/actualite/antiracisme/retour-sur-la-manifestation-de-calais
Du mur d’Evros à Calais, contre l’Europe des camps de la honte et des barbelés !
Ce week-end sera l’occasion pour les antiracistes d’Europe de coordonner leurs actions dans leur lutte commune contre l’Europe forteresse, et de renforcer la solidarité avec les centaines de milliers de migrantEs fuyant les guerres et la misère.
Les antiracistes grecs et turcs contre le mur d’Evros
« Il est temps de briser le mur de la honte à Evros » ! A l’initiative de la coordination antifasciste et antiraciste Keerfa, il est prévu un week-end de mobilisation à la frontière gréco-turque d’Evros pour « en finir » avec ce mur de 12 km de béton et de barbelés conçu pour empêcher les migrantEs d’entrer sur le territoire européen. Dénoncé dès le début de sa construction par Amnesty International comme une « fausse et dangereuse solution », ce mur coupe tout accès terrestre aux réfugiéEs, les obligeant à emprunter la voie maritime responsable des milliers de morts en Méditerranée. Ce samedi 23 janvier, deux manifestations se tiendront simultanément, l’une à Istanbul et l’autre à Alexandroupoli. Et le lendemain, les antiracistes turcs et grecs ont décidé de se retrouver de chaque côté de la frontière.
Manifestation internationale à Calais
En une semaine, la situation s’est encore dégradée dans la « jungle ». Outre le froid qui s’est installé, obligeant les habitantEs à se réchauffer dans des conditions dangereuses pour leur sécurité, les travaux de déblaiement/encerclement ont commencé. Les pelleteuses sont entrées en action établissant un no man’s land de 100 mètres en bordure de la rocade afin d’empêcher les migrantEs d’approcher le tunnel de l’Eurostar. Cette réduction du périmètre de la « jungle » entraîne la destruction de nombre lieux d’habitation. Les migrantEs ont lancé une pétition dénonçant cette situation : « Nous avons décidé de résister pacifiquement au projet du gouvernement de détruire nos maisons ».
A quelques jours de la manifestation de samedi, la mobilisation s’est renforcée. La LDH et le PG se sont joints à la liste initiale des signataires, la vente des places de cars s’est emballée, des covoiturages s’organisent au départ de plusieurs villes, laissant présager une bonne participation. De leur côté, les antiracistes anglais de Stand up to racism ont confirmé leur participation à la manifestation et la présence dans leurs rangs de plusieurs députés. Samedi dernier, ils avaient une nouvelle fois perturbé le trafic de l’Eurostar par un die-in à la gare de Saint-Pancras de Londres.
Préparer la journée internationale contre le racisme du 19 mars
La mobilisation internationale de ce week-end n’est qu’une étape dans la construction d’un mouvement européen le plus large possible contre l’Europe forteresse, pour le droit de circulation et d’installation, contre le racisme et le fascisme, pour le soutien aux migrantEs, pour la régularisation de tous les sans-papiers. En France, ce combat se conjugue avec la lutte contre l’état d’urgence et contre la guerre.
La route est encore longue, et la réussite relative des premiers meetings contre la déchéance de la nationalité pour les binationaux, contre l’état d’urgence ou contre l’islamophobie n’en sont qu’à leurs balbutiements. Il faudra pourtant que les progressistes français se hissent à la hauteur de leurs responsabilités et trouvent des convergences afin de construire un réel rapport de forces, seul capable de faire reculer le pouvoir et l’extrême droite.
Samedi, toutes et tous à Calais ! « De l’air, de l’air, ouvrons les frontières ! »
Alain Pojolat
* Paru dans l’Hebdo L’Anticapitaliste - 320 (21/01/2015) :
https://npa2009.org/actualite/antiracisme/migrant-e-s-du-mur-devros-calais-contre-leurope-des-camps-de-la-honte-et-des
Urgence Calais : ce 23 janvier, touTEs au côté des migrantEs !
Alors que le Nord littoral voit de développer de nouveaux campements de plusieurs centaines d’habitantEs et que celui de Grande-Synthe en compte déjà plus de 3000, la préfecture du Pas-de-Calais, soutenue par l’OFPRA et le gouvernement, ont entamé depuis lundi leur offensive de démantèlement de la « jungle » de Calais.
Annoncé jeudi 8 janvier par le directeur de l’OFPRA lors d’une réunion sur la « jungle », le démantèlement a commencé. Les intentions des autorités sont claires : réduire le campement à 2 000 personnes au maximum dans une zone ultra-sécurisée, et disperser le reste des habitantEs aux quatre coins de la France dans des « centres d’accueils et d’orientation ». Celles et ceux qui refuseraient l’ultimatum et voudraient s’entêter à rejoindre la Grande Bretagne seront impitoyablement chassés et placés en centres de rétention.
A ce jour, seuls 144 migrantEs se sont portés volontaires pour intégrer l’horrible camp de concentration qu’on leur a généreusement mis à disposition. Entourés d’un haut grillage (encore un !), les 125 containers — sans eau, sans chauffage, sans toilettes, et où il sera interdit de faire de la cuisine — ne seront accessibles que par un système de détection digitale...
Un harcèlement policier permanent !
La stratégie policière en œuvre pourrait se résumer en une formule : rendre la vie impossible aux migrantEs. La semaine passée, pendant trois nuits d’affilées, CRS et gendarmes ont déversé plusieurs centaines de grenades lacrymogènes au beau milieu des tentes. Le scénario est toujours le même : des migrantEs qui tentent de rejoindre le centre ville sont provoqués par des « Calaisiens en colère », les flics repoussent les migrantEs à l’entrée du camp et arrosent celui-ci pendant plusieurs heures.
Ces exactions ont fait l’objet de plusieurs articles et reportages dans les médias locaux qui ont également dénoncé la présence devenue permanente de nervis fascistes, armés de bâtons, qui n’hésitent pas à accompagner les forces de l’ordre dans leurs actions. Ajoutons s’il en était besoin que la gendarmerie vient d’être dotée de trois blindés flambant neuf... Sans doute pour améliorer le dialogue avec les habitantEs de la jungle et leurs soutiens.
Faire grandir la mobilisation
Face à une situation qui ne fait que se dégrader, le cadre unitaire parisien regroupant de nombreuses organisations, associations, partis et syndicats, ont décidé de faire du 23 janvier une journée de mobilisation de soutien aux migrantEs à Calais. Le même jour, une grande manifestation est organisée par les antiracistes grecs à la frontière gréco-turc d’Evros. Stand up to racism au Royaume-Uni entend pour la troisième fois manifester avec nous au côté des migrantEs à Calais.
Cette journée internationale de mobilisation sera une nouvelle occasion de dénoncer l’Europe forteresse et les conditions de vie inadmissibles qui sont faites aux migrantEs et réfugiéEs.
Alain Pojolat
* Paru dans l’Hebdo L’Anticapitaliste - 319 (14/01/2015) :
https://npa2009.org/agir/antiracisme/urgence-calais-ce-23-janvier-toutes-au-cote-des-migrantes