L’Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) et l’organisation patronale Union Tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (UTICA), les deux-organisations co-lauréates du prix Nobel de la paix pour leur important rôle dans la réussite de la transition politique, peinent encore à fumer le calumet de la paix.
A une journée du démarrage d’une série de grève régionales décidés par la centrale syndicale en signe de protestation contre le blocage des négociations sociales devant aboutir à la majoration des salaires de quelque 1,5 millions d’employés dans le secteurs privé, les deux camps refusent d’enterrer la hache de la guerre.
L’heure n’est plus aux amabilités et à la courtoisie, comme ce fut le cas lors du dialogue national ayant mis fin à la crise politique consécutive à l’assassinat du député Mohamed Brahmi, mais à un duel à fleurets mouchetés.
La patronne des patrons, Wided Bouchamaoui, n’a pas la langue dans sa poche ces derniers jours.
Elle évoque à tout bout de champ les retombées catastrophiques des grèves régionales, dont la première est prévue aujourd’hui à Sfax, sur l’économie nationale et tente de mobiliser les salariés contre l’UGTT dont les revendications sont, selon elle, « irrationnelles » en ces temps de vaches maigres.
Orgueilleux à souhait et sûrs de l’adhésion des bases à leur initiatives, les syndicalistes de l’UGTT restent fidèles à leur rhétorique guerrière.
Ils dépeignent souvent les hommes d’affaires tunisiens comme étant des vautours qui recourent à des méthodes comptables sophistiquées pour éviter de payer les impôts, soutiennent la centralisation économique, exploitent les ouvriers et refusent l’investissement dans les régions intérieures ».
La tentative de médiation visant à rapprocher les points les points de vue entre les deux organisations a été menée ces derniers jours par le Chef du gouvernement, Habib Essid, n’a pas abouti à des résultats palpables.
Et c’est désormais au président de la République Béji Caïd Essebsi de tenter de réconcilier les deux camps. En recevant hier le secrétaire général de l’UGTT, le locataire du Palais de Carthage n’a pas manqué d’exhorter son hôte à privilégier la voie du consensus en ce qui concerne les négociations avec l’UTICA afin d’éviter les tensions et les tiraillements en cette période marqué par la multiplication des menaces terroristes.
Lors de la dernière séance de négociations tenue au siège du ministère des Affaires sociales, la centrale syndicale avait revu à la baisse ses exigences en proposant des augmentations salariales de15 à 12% tandis que l’UTICA a campé sur sa position préconisant des majorations salariales corrélées au taux d’inflation, soit entre 4,2 et 4, 8%.