Le syndicat patronal UTICA accuse l’UGTT de recourir à la pression et à la menace pour obtenir des augmentations de salaires dans le secteur privé. Il lui reproche de se cramponner au droit de recourir à la grève pour obtenir une amélioration des conditions des travailleurs à travers une augmentation des salaires.
Le taux de cette augmentation reste la pomme de discorde entre les deux organisations.
L’UTICA reconnait la grave détérioration estimée du pouvoir d’achat et la nécessité d’y remédier. Elle considère que le taux d’inflation est la seule référence à prendre en compte pour en déterminer le niveau. Mais le taux d’inflation retenu ne concerne que les produits de base. Il serait de 4,2 %, selon le communiqué de Sami Sellini, directeur central des affaires sociales de l’UTICA, présenté lors de la conférence de presse tenue au siège de son organisation le jeudi 12 novembre 2015.
Belkacem Ayari, secrétaire général-adjoint de l’UGTT conteste ce chiffre, considérant que sa base de calcul ne prend pas en compte les éléments auxquels aspirent les salariés pour améliorer leurs conditions de vie. La dégradation de leur pouvoir d’achat n’est en effet pas liée à la seule augmentation des prix des produits de première nécessité. Il faut en y ajouter le coût du transport, de la santé, de l’éducation, etc. Si on prend en compte l’ensemble de ces éléments, le taux d’inflation peut être considéré comme étant de l’ordre de 20 %.
D’autre part, nous avons observé des variations dans les déclarations des membres du Comité des affaires sociales de l’organisation patronale.
Ainsi Abdelaziz Hallab, membre du Bureau exécutif, considère que la solution n’est pas dans l’augmentation des salaires, mais dans la majoration de la TVA, et que cela ne peut pas se faire sur-le-champ, dans le cadre des négociations en cours.
Sur un temps moqueur, Bachir Boujeddi, un autre membre du Bureau exécutif, a ajouté qu’en cas d’augmentations imposées par le gouvernement, celui-ci doit accompagner sa décision d’un chèque bancaire.
Face à cette tension dans le traitement du dossier des augmentations des salaires dans le secteur privé et le blocage des des négociations, l’UGTT a décidé d’organiser une série de grèves régionales et interrégionales tournantes. Celles-ci commenceront le 19 novembre 2015 à Sfax, puis elles auront lieu :
* le 25 novembre dans le district du Grand Tunisis (Tunis, Ariana, La Manouba et Ben Arous),
* le 26 novembre dans les gouvernorats de Zaghouan, Nabeul, Sousse, Monastir et Mahdia,
* le 27 novembre dans les gouvernorats de Bizerte, Beja, Jendouba et le Kef,
* le 30 novembre dans les gouvernorats de Siliana, Kairouan, Sidi Bouzid et Kasserine,
* le 1er décembre, 2015 dans les gouvernorats de Médenine, Gabès, Tozeur, Gafsa et Kebili.
Suite à la réunion du Bureau exécutif élargi le jeudi 12 novembre 2015, l’UGTT a rendu publique une déclaration qui condamne l’« arrogance et le mépris de l’UTICA vis-à-vis des revendications des travailleurs et de leurs protestations », les considérant comme « une provocation qui frappe les fondements du dialogue social et entrave l’effort de dialogue que l’UGTT œuvre à instaurer et à promouvoir. »
L’UGTT souligne que « la grève est un droit constitutionnel approuvé par les conventions internationales, et que personne ne peut le contester ou le mépriser ». Elle ajoute que c’est « un moyen légitime de lutte légitime en cas de panne du dialogue », et que celui qui le considère comme une « menace et une intimidation » cache mal son envie de violer ce droit ».
Enfin, l’UGTT a appelé « le gouvernement, en tant que partenaire du « contrat social » de janvier 2013,(1) à assumer sa responsabilité pour mettre fin à la détérioration du climat social et a demandé la publication de l’ordonnance concernant l’augmentation du salaire minimum ».
Note : http://www.leaders.com.tn/article/10451-exclusif-tout-sur-le-nouveau-contrat-social-tunisien