Solidarité avec les victimes de Paris, Beyrouth, Ankara, Bagdad…
solidaritéS — Suisse
L’Etat Islamique a frappé dans plusieurs pays ces dernières semaines. 13 novembre : 129 [142] morts à Paris ; 12 novembre : 45 morts à Beyrouth ; 10 octobre : près de 100 morts à Ankara ; 13 août : près de 80 morts à Bagdad... Comme toujours, il cible exclusivement des civils. Nous condamnons avec dégoût ces actes de barbarie et adressons un message de soutien à toutes les personnes qui souffrent et ont souffert de ces attaques à travers le monde.
Diviser pour régner
L’Etat Islamique entend diviser les classes populaires entre croyants et non-croyants, musulmans, chrétiens et juifs, sunnites et chiites, etc. Sa stratégie a pour but d’engendrer un climat de terreur pour faire monter la haine de l’autre, dont il se nourrit. En Occident, il cherche délibérément à favoriser l’explosion du racisme et de l’islamophobie afin de gagner de nouvelles recrues.
L’intégrisme réactionnaire criminel n’est pas le propre de l’Islam politique. Il touche de nombreux courants politiques qui tuent et justifient le meurtre des civils au nom d’idéologies plus ou moins religieuses : massacres de musulmans en Birmanie, de Palestiniens en Israël, d’Afro-Américains aux Etats-Unis, de chrétiens en Inde, de jeunes socialistes en Norvège, etc.
Sous les bombes et la torture
C’est un phénomène contemporain, qui découle de la « brutalisation » extrême du monde par la mondialisation capitaliste : expropriation de masse des petits paysans, multiplication des bidonvilles, creusement des inégalités (y compris entre femmes et hommes), flux croissant de déplacés et de réfugiés, régimes tyranniques appuyés par telle ou telle puissance impérialiste, bombardements indiscriminés des peuples, tueries à distance à l’aide de drones, montée généralisée du racisme et du confessionnalisme, etc. Les références de ces groupes terroristes à un passé mythique, chacun le leur, ne sont donc que poudre aux yeux.
L’Etat Islamique, comme al-Qaïda, sont ainsi le résultat de décennies de dictatures sanguinaires, de pillage économique et d’interventions militaires étrangères au Moyen Orient. Leur barbarie spectaculaire, ils l’ont apprise sous les bombes US, anglaises, françaises ou russes, mais aussi dans les prisons de Tunisie, d’Egypte et d’Arabie Saoudite, ainsi que dans les salles de torture de Ben Ali, Moubarak, Saddam Hussein ou Bachar al Assad.
Résistons ensemble !
Comme son homologue US, la France, mais aussi la Suisse, se préparent à restreindre nos libertés au nom de la lutte anti-terroriste. Au contraire, nous devons rejeter la mise en place de nouveaux murs physiques et administratifs contre l’accueil de réfugié·e·s. Nous combattons les discours populistes ou racistes et les agressions qu’ils ne cessent de susciter... Enfin, nous exigeons l’arrêt des interventions militaires étrangères dans les pays du Moyen-Orient, de même que des ventes d’armes et de la collaboration militaire avec les régimes fauteurs de guerre, comme les pétromonarchies, l’Egypte, l’Iran, la Turquie et Israël.
solidaritéS — CH
Morts pour le pétrole
Communiqué d’A Manca (Corse)
A Manca condamne sans réserve aucune les actions criminelles perpétrées à Paris. Nos pensées vont aux familles et aux proches des victimes. Frappées par la douleur, l’incompréhension, en proie à la révolte et à la colère, ces familles rejoignent le sinistre cortège qui s’étire depuis des décennies sous d’autres cieux.
Les assassinats de masse qui se sont déroulés dans les rues de Paris sont aussi subis par les populations de Palestine, d’Irak, de Syrie, du Niger , du Nigeria et du Cameroun, pour ne citer que ces pays. C’est en effet par centaines de milliers que des femmes, des hommes et des enfants sont déjà tombés. Et il est à craindre que faute de solutions politiques, les mêmes causes produisent les mêmes effets, y compris au sein de pays éloignés des épicentres actuels.
Notre indignation n’est pas sélective. Elle vaut pour tous les peuples, pour tous les êtres humains qui sont pris en étau dans des logiques infernales. Pris en étau en effet, entre les politiques poursuivies par les Etats occidentaux, eux mêmes instruments des multinationales, et des mouvements politiques fondamentalistes fondés sur l’obscurantisme et des thèses propres à toutes les idéologies réactionnaires et totalitaires.
Une origine sur le théâtre proche-oriental
Le sort infligé au peuple palestinien, les guerres dites du Golfe, le soutien permanent à des dictatures, à des bandes armées, sont autant de faits directement à l’origine des événements que nous vivons aujourd’hui et qui manqueront pas de se produire à nouveau. Les Etats occidentaux, leurs gouvernements successifs et leurs complices locaux portent une responsabilité originelle écrasante dans les carnages actuels.
Depuis les lendemains de la Première Guerre mondiale, les puissances impérialistes, américaine, française et britannique, exercent leur domination sur l’ensemble de la région. Le pétrole constitue rappelons-le l’essentiel des motivations de ces Etats. Depuis lors, tout a été mis en œuvre pour garantir les intérêts des grandes compagnies pétrolières.
Ces politiques scélérates ne peuvent en aucune manière être occultées. La propagande qui vise à présenter les conflits du Moyen-Orient comme un « choc » de civilisations, ne vise qu’un objectif : souder les populations des pays riches sous la bannière de leurs Etats et plus précisément sous celle des classes dirigeantes.
Le discours sur les « vertus démocratiques » de l’actuelle république française n’est pas sans rappeler le discours de la propagande coloniale qui visait lui à promouvoir au XIXe et XXe siècles les « vertus civilisatrices » de la France, « patrie des droits de l’Homme ». L’histoire témoigne d’une autre réalité : celle de l’exploitation des hommes et des richesses naturelles par la plus grande entreprise mafieuse qui soit : l’impérialisme.
Mettre en œuvre une politique alternative
La récupération du drame survenu à Paris par les dirigeants occidentaux consiste à obtenir un consensus afin de poursuivre leur politique au Moyen-Orient.
Nous dénonçons ces tentatives démagogiques et nous appelons à refuser cette logique impérialiste qui ne peut qu’engendrer encore plus d’injustice et donc de violences meurtrières.
Une politique alternative passe par la reconnaissance des droits du peuple palestinien et kurde et par le soutien aux forces progressistes de ces régions. Elle passe tout autant par des mobilisations afin d’exiger l’arrêt des logiques prédatrices perpétrées par les Etats occidentaux et leurs maîtres issus du monde de la finance.
Une politique alternative passe nécessairement par la prise de conscience du plus grand nombre des citoyens au sein des sociétés occidentales : ce qui est advenu à Paris se situe à un degré largement dépassé, et ce depuis des années, à Gaza, et à Bagdad, pour ne citer que ces lieux. Cela n’enlève rien aux horreurs commises à Paris mais personne n’ignore dans quel chaos vivent des millions de femmes et d’hommes dans les pays du Moyen-Orient.
Ce sont, faut-il encore le préciser, les gouvernements américains qui ont armé Ben Laden et les talibans. Ce sont les Etats américains, français et britanniques qui ont armé les troupes de Saddam Hussein en entretenant ainsi le conflit Irako-Iranien. C’est Georges Bush qui a déclenché une guerre en envahissant pour la deuxième fois l’Irak, et ce en usant de contre-vérités, aujourd’hui connues de tous. L’État théocratique et ultra-libéral d’Arabie Saoudite et ses homologues du Golfe, violent sans vergogne tous les droits de l’Homme et sont néanmoins protégés par les puissances impérialistes. Dans ces pays, les exécutions sommaires, le déni des droits des femmes, l’interdiction de se constituer en parti ou syndicat fondent la carte d’identité politique des régimes en place.
Les États laïcs d’Irak, de Lybie et de Syrie n’ont donc pas été démantelés par les Occidentaux sur le critère de respect des droits de l’Homme.
Depuis cinquante ans, le Peuple palestinien est spolié, exilé et privé d’existence. Cette politique est certes poursuivie par l’État israélien, mais elle bénéficie également du soutien politique, économique et militaire des États-Unis et de la complicité de la majorité des États Occidentaux.
Nous tenons à rappeler que les mouvements progressistes et/ ou révolutionnaires du monde arabe ont fait l’objet d’une impitoyable répression organisée par les Etats occidentaux qui n’ont pas hésité pour se faire à armer et soutenir des systèmes dictatoriaux. Des courants fondamentalistes minoritaires ont été également les instruments de ces politiques, qu’ils soient au pouvoir comme dans les Etats du Golfe, ou constitués en bandes armées comme c’est le cas aujourd’hui en Syrie.
La propagande et son florilège de mensonges et de manipulations ne peuvent en aucun cas dissimuler que c’est pour le pétrole au Moyen-Orient et les richesses minières dans d’autres contrées d’Afrique que sont organisés, mis en œuvre et entretenus tous les conflits régionaux. Les vrais maîtres du monde sont les multinationales et les cercles de la finance qui tirent des profits colossaux de l’exploitation des hommes et des ressources naturelles.
La guerre est effectivement une réalité pour des centaines de millions d’hommes et de femmes. La logique infernale veut que le théâtre des affrontements se trouve également au cœur même de nos sociétés. Cette logique se nourrit aussi de la précarité croissante, de la dépolitisation de masse et du consumérisme généralisé qui touche l’ensemble de nos sociétés européennes en voie de dé-idéologisation, cibles de choix du capitalisme mondialisé triomphant. Dans les Etats occidentaux, on voit d’ailleurs partout se réduire comme peau de chagrin toutes les politiques publiques sociales, d’éducation ou de santé à même de contrecarrer les effets délétères de ce libéralisme. Mais des questions restent en suspens : qui vend les armes ? Qui commerce avec les dictatures théocratiques ? Qui achète, y compris à Daesh, le pétrole ?
Les pièges de l’unité nationale
En tant que travailleurs, en tant que militants du droit à l’autodétermination du peuple corse, en tant que militants anti-impérialistes et anticolonialistes, nous rejetons l’appel à l’unité nationale, lancé par la classe politique française. Nous refusons d’exiger des moyens supplémentaires destinés à renforcer les appareils, policiers, judiciaires et militaires comme viennent de le demander Jean-Luc Mélenchon et ses amis.
Nous condamnons sans ambiguïté aucune tous les propos racistes, toutes les stigmatisations et tous les amalgames dont sont déjà victimes les personnes, croyantes ou non, issues du monde arabe. Nous dénonçons les actions des fascistes qui brandissent l’argument prétendument religieux et cherchent à couper les hommes et les femmes issues de l’immigration du reste de nos sociétés.
Nous nions à toutes les religions le droit d’intervenir directement ou indirectement dans le champ des affaires publiques.
Ces guerres ne sont pas les nôtres. En repoussant toute forme de démagogie, nous affirmons que les faits qui viennent de se dérouler sont également la conséquence de la faiblesse des mobilisations, dans le champ des luttes, qu’elles soient sociales, antiracistes ou anti-impérialistes. Nos sociétés consomment les produits directs ou dérivés de l’industrie pétrolière. Les richesses produites ne sont pas équitablement redistribuées. Captées par des forces économiques, elles sont confisquées y compris par le moyen des armes.
Chaque fois qu’une bombe éclate à Damas, chaque fois qu’un hôpital ou des habitations sont rasés à Gaza, chaque fois que des combattants kurdes espèrent notre solidarité, il nous faut répondre présents.
Comme il nous faut répondre présents, chaque fois que le racisme, la xénophobie et toutes les formes de discriminations confinent des populations entières à la périphérie de nos sociétés.
C’est à ces seules conditions que l’espoir d’une paix durable peut émerger.
A Manca, le 15 novembre 2015
Solidarité avec les victimes du terrorisme, non à la guerre et au racisme
NPA
Les attentats horribles qui ont eu lieu à Paris vendredi soir ont fait 129 morts, 352 blessés dont une centaine en état critique. Cette violence aveugle, réactionnaire a suscité dans tout le pays mais aussi dans le monde entier stupeur, indignation et révolte. Ce week-end ont eu lieu des rassemblements spontanés de solidarité. Le NPA partage cette révolte et est solidaire de tous ceux et celles qui sont touchées par ce drame, aux familles des victimes et à tous leurs proches. Cette violence meurtrière est d’autant plus révoltante, insupportable que, loin de combattre les Etats qui font la guerre en Syrie, en Irak ou en Afrique, elle frappe volontairement ici des victimes innocentes, la population, comme en Irak et en Syrie où elle impose la dictature.
Refusons leur guerre
Hollande, Valls, Sarkozy et Le Pen nous disent que la France est en guerre, C’est vrai, mais leur guerre n’est pas la nôtre. Elle n’est pas une réponse au terrorisme car ce sont les guerres auxquelles ont participé les gouvernements successifs de ce pays en Afghanistan, au Mali, en Lybie, en Syrie, qui ont créé le chaos dont sont nés d’abord Al Qaida puis l’Etat islamique. Et c’est la décision de Hollande d’intervenir en Syrie qui a provoqué la réponse des terroristes.
Les bombardements sont censés combattre l’État islamique, les terroristes djihadistes, mais en fait, avec l’intervention et les bombardements russes, ils protègent le régime du principal responsable du martyr du peuple syrien, le dictateur Assad. Ce sont là-bas aussi les populations civiles qui en sont les premières victimes condamnées à survivre sous la terreur ou à fuir au risque de leur vie.
La France doit retirer immédiatement ses troupes au Moyen-Orient et en Afrique.
Non à l’union nationale
Hollande, comme après le 7 janvier, appelle à « l’union nationale » et a reçu tous les partis parlementaires ou non qui s’y associent. Cette union nationale est une hypocrisie qui n’a rien à voir avec la solidarité avec les victimes. Hollande essaie d’utiliser le drame en sa faveur et pour obtenir l’assentiment de la population à sa politique guerrière. Il veut aussi faire taire le mécontentement croissant dans tout le pays.
La droite et l’extrême droite se déchainent, en assimilant Islam et intégrisme, en proposant de mettre en place un « internement préventif », en demandant de « raser les mosquées », etc. Pourtant, ce ne sont pas les musulmans qui provoquent les guerres, mais ils en sont au contraire les premières victimes, en Syrie, en Irak ou en France.
Il faut combattre les causes de la barbarie, à savoir le pillage des pays pauvres par les grandes puissances. Pour cela, nous avons besoin de l’unité des travailleurs et des peuples, par-delà leurs origines, leur couleur de peau, leurs religions, par-delà les frontières, contre ceux qui construisent ce monde.
Les choix du gouvernement de mettre en place l’état d’urgence vont dans le sens inverse. L’état d’urgence ne garantit en rien la sécurité des populations. En revanche, il provoque un contrôle sur la presse, l’interdiction des réunions publiques et des manifestations. Dans ces conditions, comment exprimer notre indignation et notre solidarité avec les victimes ? Comment manifester contre les licenciements, à Air France et ailleurs, contre le racisme, contre les guerres ?
Le NPA demande la levée de l’état d’urgence et la fin des mesures liberticides.
En solidarité avec les victimes, pour dire non à la guerre, non au terrorisme, non au racisme, rassemblons-nous.
NPA, 16 novembre 2015