L’essentiel
Six attaques simultanées ont frappé la capitale, dans la soirée du vendredi 13 novembre.
Bilan : Au moins 129 personnes sont mortes. sept des assaillants sont morts, dont six se seraient fait explose. 352 blessés dont 99 en état très grave.
L’état d’urgence a été décrété, les contrôles aux frontières rétablis.
Chronologie des faits : Trois explosions retentissent d’abord à Saint-Denis aux abords du stade de France, au cours du match France-Allemagne. Les trois assaillants auraient fait sauter des ceintures d’explosifs, faisant une victime. Cinq autres lieux parisiens sont ensuite touchés, mais la chronologie des faits reste imprécise : rue de la Fontaine-au-Roi (5 morts) ; rue Bichat (12 morts) ; boulevard Voltaire (un terroriste mort) ; rue de Charonne (19 morts) ; au Bataclan (plus de 70 morts).
Il s’agit de la pire attaque terroriste qui ait jamais frappé la France. Six attaques ont eu lieu simultanément à Paris, vendredi 13 novembre. Un bilan provisoire fait état d’au moins 120 morts, selon le procureur de la République de Paris, François Molins. Huit assaillants seraient morts, dont 7 se seraient fait exploser. « C’est une horreur », avait précédemment annoncé le président François Hollande.
Le bilan
L’ensemble des attaques ont fait au moins 128 morts, a confirmé Matignon, dont 78 ou 79 dans l’attaque du Bataclan d’après une source judiciaire. Le grand nombre de blessés ne permet pas d’établir de bilan définitif, une autre source judiciaire faisant état samedi matin de 99 blessés « en urgence absolue » et de « 155 urgences relatives ».
Un précédent bilan donnait des indications sur les lieux où ont été tuées certaines victimes :
Rue de Charonne, à la terrasse du bar La Belle Equipe, 19 personnes ont été tuées, 14 blessés étaient en urgence absolue.
Rue de la Fontaine-au-Roi, 5 personnes ont trouvé la mort, et 8 blessés sont en urgence absolue.
Rue Alibert, entre le bar Le Carillon et le restaurant Le Petit Cambodge, entre 12 et 14 victimes ont été relevées, tandis que 10 blessés étaient en urgence absolue.
A Saint-Denis, près du stade de France, trois explosions ont retenti à partir de 21 h 20, faisant un mort. Trois kamikazes sont également morts. Aucun policier n’a été tué. Par ailleurs, un mort a été relevé boulevard Voltaire.
Un carnage au Bataclan
L’attaque la plus grave a eu lieu au Bataclan, au croisement du boulevard Richard-Lenoir et du boulevard Voltaire, où les assaillants, au nombre d’au moins trois, sont entrés en plein concert du groupe de rock américain Eagles of the Death Metal. Ils ont mitraillé les spectateurs dans le noir, provoquant une panique indescriptible, achevant parfois les survivants ou tous ceux qui bougeaient. L’attaque a duré près de deux heures.
Nicolas Chapuis, journaliste au Monde, présent à proximité du Bataclan à partir de 22 h 30, a vu des policiers progresser en se cachant derrière des voitures pour se protéger des salves d’armes automatiques. Le RAID, l’unité d’élite de la police nationale, est ensuite arrivé sur place, pour élargir le périmètre. A 23 h 20, une dizaine de personnes sont sorties les mains en l’air de la salle de concert.
L’assaut a été donné un peu après minuit par la BRI, plusieurs déflagrations étaient entendues par les témoins près du périmètre de sécurité dressé autour de la salle de concert. Des dizaines d’ambulances ont été envoyées sur place et un hôpital de campagne a été dressé à l’arrière de la salle, près du Cirque d’hiver. François Hollande, le premier ministre Manuel Valls, la ministre de la justice Christiane Taubira et le ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve se sont rendus sur place après la fin de l’assaut.
Les mesures prises
Le chef de l’Etat a décrété l’état d’urgence sur l’ensemble du territoire. Il a reçu le soutien de Nicolas Sarkozy, chef de l’opposition. Il a également annoncé le rétablissement des contrôles aux frontières. Des perquisitions pourront être menées en Ile-de-France. Toutes les forces de l’ordre ont été mobilisées, 1 500 soldats ont été envoyés en renfort dans la nuit. Les écoles et établissements universitaires seront fermés samedi, selon l’académie de Paris. Les voyages scolaires sont annulés.
Un plan blanc, prévu pour les situations sanitaires d’urgence et de crise, a été déclenché par l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris.
Un conseil de défense a été prévu à l’Elysée samedi matin. François Hollande a annulé sa participation au G20, dimanche et lundi en Turquie. La campagne électorale pour les élections régionales a été suspendue par un grand nombre de candidats.
Lire nos explications : Attaques à Paris : ce que veut dire la déclaration d’« état d’urgence » en France
Les lieux visés
Les attaques, qui étaient coordonnées, ont visé un restaurant dans le 11e arrondissement, Le Petit Cambodge, et le bar qui lui fait face, Le Carillon. Non loin de là, la salle de concert du Bataclan a également été visée, tout comme la terrasse du café La Belle Equipe, rue de Charonne. Enfin, trois explosions ont éclaté aux abords du stade de France, selon plusieurs témoins.
Le gouvernement a tenu un conseil des ministres exceptionnel vendredi à minuit. La préfecture de police de Paris a recommandé aux Parisiens et aux habitants d’Ile-de-France de ne pas sortir de chez eux, sauf en cas de nécessité absolue.
Le stade de France
Tout commencé à Saint-Denis, aux abords du Stade de Fance, par trois explosions en une demi-heure : 21 h 20, 21 h 30 et 21 h 53. François Hollande, qui assiste au match France-Allemagne, a été évacué durant la rencontre.
Une partie du public est descendue sur la pelouse dans un mouvement de panique à l’issue du match. De source judiciaire, il est précisé que l’attaque au Stade de France a fait quatre morts, dont trois hommes qui se sont fait exploser.
Rue Bichat
Un journaliste du Monde arrivé devant Le Petit Cambodge, au coin de la rue Bichat et de la rue Alibert, a pu voir plusieurs corps sur le trottoir entre le restaurant et le bar qui lui fait face, Le Carillon. Selon une source de l’hôpital Saint-Louis, qui fait face aux deux établissements, la fusillade a causé 12 à 14 victimes. « Dans un premier temps, tout le monde a cru à des pétards, raconte Laurent Borredon, journaliste au Monde. Puis les gens ont fui et ont fait marche arrière vers le quai de Valmy. »
Rue de Charonne
Plus au sud, au croisement de la rue Faidherbe et de la rue de Charonne, un peu avant 22 heures, une riveraine a vu un homme descendre d’une voiture pour tirer avec une arme de gros calibre sur la terrasse du café La Belle Equipe, dans le 11e arrondissement. Selon une source policière, 18 personnes sont mortes dans cette attaque.
Un journaliste du Monde présent sur place a pu apercevoir plusieurs blessés. « J’ai entendu des détonations, je suis allé à ma fenêtre, indique une riveraine, interrogée par Gérard Davet, journaliste au Monde. J’ai une vue directe sur le café. J’ai vu un homme descendre d’une voiture et tirer sur la terrasse, au jugé. Il a tiré à plusieurs reprises. Par rafales. J’ai entendu des cris. Puis l’homme est remonté dans sa voiture et reparti. Comme ça… »
Sur place, notre journaliste a assisté à des scènes d’horreur : une femme, la figure couverte de sang, s’évanouit dans les bras d’un passant. Plusieurs corps gisent à terre. Les pompiers et les policiers sont arrivés peu à peu, établissant un périmètre de sécurité.
* Le Monde.fr | 13.11.2015 à 22h04 • Mis à jour le 14.11.2015 à 09h39:
http://www.lemonde.fr/societe/article/2015/11/13/fusillade-meurtriere-a-paris_4809485_3224.html
Plusieurs chiffres ont été mis à jour.
Attaques à Paris : ce que veut dire la déclaration d’« état d’urgence » en France
Dans sa première déclaration après les premières attaques à Paris, vendredi 13 novembre, François Hollande a annoncé la mise en place de l’état d’urgence sur l’ensemble du territoire.
Instauré par la loi du 3 avril 1955, révisée par la loi de renseignement de mars 2015 :
« L’état d’urgence peut être déclaré sur tout ou partie du territoire métropolitain ou des départements d’outre-mer, soit en cas de péril imminent résultant d’atteintes graves à l’ordre public, soit en cas d’événements présentant, par leur nature et leur gravité, le caractère de calamité publique. »
L’état d’urgence est déclaré par décret en conseil des ministres et ne peut être prolongé au-delà de douze jours que par la loi.
La déclaration de l’état d’urgence donne pouvoir aux préfets de département :
D’interdire la circulation des personnes ou des véhicules dans les lieux et aux heures fixés par arrêté ;
D’instituer, par arrêté, des zones de protection ou de sécurité où le séjour des personnes est réglementé ;
D’interdire le séjour dans tout ou partie du département à toute personne cherchant à entraver, de quelque manière que ce soit, l’action des pouvoirs publics.
Le ministre de l’intérieur, pour l’ensemble du territoire, et le préfet, dans le département, peuvent :
Ordonner la fermeture provisoire des salles de spectacles, débits de boissons et lieux de réunion de toute nature ;
Interdire à titre général ou particulier les réunions de nature à provoquer ou à entretenir le désordre.
Le décret déclarant ou la loi prorogeant l’état d’urgence peuvent :
Conférer aux autorités administratives le pouvoir d’ordonner des perquisitions à domicile de jour et de nuit ;
Habiliter les mêmes autorités à prendre toutes mesures pour assurer le contrôle de la presse et des publications de toute nature ainsi que celui des émissions radiophoniques, des projections cinématographiques et des représentations théâtrales.
Les précédentes déclarations d’état d’urgence
Appliqué en Algérie après la promulgation de cette loi, l’état d’urgence a été prorogé par la loi du 7 août 1955 pour six autres mois. Il n’avait été appliqué en métropole qu’à trois reprises jusqu’à présent : après le retour au pouvoir du général de Gaulle, suite aux évènements du 13 mai 1958, pour faire face à un éventuel coup de force; en 1961, après le « putsch des généraux » ; et en novembre 2005, deux semaines après le début des émeutes urbaines.
Le gouvernement de Laurent Fabius a décrété l’état d’urgence en Nouvelle-Calédonie en décembre 1984. Une loi a conféré au haut-commissaire de la République de ce territoire, jusqu’au 30 juin 1985, les pouvoirs dont dispose le préfet en France métropolitaine.
* Le Monde.fr | 14.11.2015 à 00h17 • Mis à jour le 14.11.2015 à 07h51:
http://www.lemonde.fr/societe/article/2015/11/14/attaques-a-paris-ce-que-veut-dire-la-declaration-d-etat-d-urgence-en-france_4809523_3224.html