Deux des principales usines automobiles de Turquie, celles des constructeurs français Renault et italien Fiat à Bursa (nord-ouest), le cœur du secteur, étaient encore paralysées lundi par une grève de leurs salariés qui exigent des augmentations de salaires. Les lignes d’assemblage de ces deux sites sont à l’arrêt « en raison d’un arrêt de travail des salariés », a-t-on appris auprès des deux entreprises.
Le mouvement a débuté dans la nuit de jeudi à vendredi dans la plus grande usine automobile du pays, celle de l’entreprise Oyak-Renault, une coentreprise fondée par le constructeur français et Oyak, un fonds de pension de l’armée turque. Plusieurs centaines d’ouvriers de l’équipe de nuit ont cessé le travail pour obtenir de leur direction les mêmes avantages, dont une hausse de 60% de leurs salaires, que ceux récemment obtenus par leurs collègues de l’usine locale du groupe Bosch qui fabrique des pièces détachées pour plusieurs constructeurs automobiles. Dans la foulée, des centaines d’employés de Tofas (4.500 salariés), une coentreprise détenue par Fiat et le turc Koç Holding, ont eux aussi débrayé par solidarité et exigent désormais eux aussi une revalorisation de leurs salaires.
« Des négociations sont en cours avec les grévistes », a indiqué à l’AFP une source proche de Renault, sans toutefois préciser si le travail pourrait reprendre rapidement sur le site qui fabrique les modèles Clio et Fluence. La responsable de la communication de Renault en Turquie a toutefois catégoriquement démenti toute discussion avec les salariés en grève dans un courriel adressé à l’AFP. « Des contacts sont en cours avec Mess (le syndicat des d’employeurs du secteur de la métallurgie) et d’autres constructeurs pour mettre en place des actions nécessaires pour protéger les entreprises et les salariés et revenir à un fonctionnement normal », a assuré Özgür Sendogan, « il n’y a aucune négociation avec les grévistes ».
La contestation a aussi gagné un gros équipementier de la ville, Coskunöz, où des centaines de personnes ont arrêté le travail samedi, ainsi que le fabriquant Mako, qui produit lui ausssi des équipements pour l’automobile, a rapporté la presse turque. L’usine Renault de Bursa affiche une capacité de production de 360.000 véhicules par an.
Cette grève, qui touche un secteur considéré comme une locomotive de l’industrie turque et de ses exportations, intervient à trois semaines des élections législatives du 7 juin.
FABRICE SAVEL AVEC AFP