Les villes de Dhehiba et Ben Guerdane vivent depuis quelques jours une large tension populaire en raison de l’escalade sécuritaire contre les manifestations.
Celles-ci demandent :
* La suppression de la taxe de 30 dinars (1) décidée par le gouvernement,
* L’annulation de la décision de fermer la frontière avec la Libye qui rend impossible la poursuite des échanges commerciaux entre les deux pays. Cette activité est en effet l’unique source de subsistance d’habitants des régions du Sud-Est et est indispensable à leur survie.
Les forces de sécurité ont répondu aux manifestations pacifiques par un recours inacceptable à la force. Celui-ci, qui a commencé par l’utilisation des gaz lacrymogènes, s’est poursuivi par des tirs à balles réelles ayant entrainé la mort du jeune Saber Baouche et causé des blessures graves à plusieurs autres manifestants.
Les habitants de Dhehiba ont alors répondu par l’élargissement du mouvement de protestation (marches dans les villes de Tataouine et de Ben Guerdane) poussant certains manifestant jusqu’à incendier des postes de police et quelques institutions.
On assiste simultanément à :
* une détérioration croissante de la situation dans la région,
* une absence d’esprit de dialogue responsable chez les autorités locales et nationales pour dénouer la tension sociale dans plusieurs parties de la régions de Tataouine, ainsi que dans les zones de contact avec les frontières de la Libye,
* une absence de vision claire des autorités ainsi que d’aptitude à écouter la population de la régions,
* une incapacité des autorités à prendre immédiatement des mesures de nature à apporter des solutions.
Dans ce contexte, le Front populaire :
* présente ses condoléances à la famille de la victime Saber Baouche, ainsi que sa compassion envers toutes les familles des blessés dans ces événements tragiques,
* condamne l’utilisation des balles et toutes les formes de répression brutale face à des revendications sociales légitimes et des protestation pacifiques,
* appelle le gouvernement et les appareils sécuritaires de l’Etat à cesser immédiatement de mener leur méthode de répression par la force face aux revendications sociales légitimes,
* appelle à ouvrir une enquête urgente pour dévoiler la vérité sur la mort du jeune Saber Baouche,
Le Front populaire rappelle que les méthodes utilisées ne feront qu’aggraver la situation, et que le gouvernement doit accélérer la mise en œuvre d’un plan de développement d’urgence pour ces régions.
Le Front populaire appelle les autorités locales, régionales et centrale à ne pas mettre en jeu la sécurité des Tunisiens-nes.
Le Front appelle surtout à garantir l’essentiel d’une vie décente, pour que le citoyen soit le vrai capital et le premier partenaire efficace pour faire face aux dangers et complots sérieux, en premier lieu le terrorisme qui trouve dans la marginalisation, l’exclusion, le chômage, l’appauvrissement, l’oppression et la corruption le terreau propice à son développement.
Non aux solutions sécuritaires face aux problèmes sociaux !
Non au désengagement des autorités face à leur responsabilité de développer les régions et assurer la sécurité des citoyens et leur protection.
Le Front populaire
Tunis, 10 février 2015
Note : Il s’agit d’une taxe de sortie du territoire tunisien fixée à 30 dinars et applicable aux personnes non-résidentes en Tunisie. Celle-ci vise, dans le cas présent, essentiellement les Libyens (NdT).