Taïwan : le gouvernement démissionne après la déroute du Kuomintang aux élections
Les 81 membres du gouvernement géreront les affaires courantes le temps que le président Ma Ying-jeou désigne un nouveau premier ministre.
Emboîtant le pas au premier ministre Jiang Yi-hua, qui a annoncé sa démission samedi, le gouvernement taïwanais a démissionné collectivement lundi à la suite de la déroute aux élections locales du Kuomintang (KMT), le parti nationaliste au pouvoir favorable au resserrement des relations avec la Chine. Ce scrutin était considéré comme un test avant la présidentielle de 2016.
Les 81 membres du gouvernement géreront toutefois les affaires courantes le temps que le président Ma Ying-jeou, maître d’œuvre du réchauffement des relations avec la Chine, désigne un nouveau premier ministre. « Je veux vous implorer de continuer à vaquer à vos occupations le temps qu’un nouveau gouvernement soit formé », a déclaré le premier ministre démissionnaire dans un communiqué. Tout en défendant le travail de son équipe, il a reconnu que les électeurs n’étaient « pas contents ».
INFLUENCE GRANDISSANTE DE LA CHINE
Elu en 2008 et réélu en 2012, Ma Ying-jeou est l’artisan de l’inflexion politique du Kuomintang vis-à-vis de la Chine communiste, son ennemi historique. Sa présidence a permis un dégel des tensions et des échanges accrus entre les deux rives du détroit de Formose. La Chine et Taïwan ont ainsi noué en février un dialogue historique entre leurs gouvernements, pour la première fois depuis la fin de la guerre civile en 1949. La Chine est le premier partenaire commercial de Taïwan, qui bénéficie aussi d’un boom touristique en provenance du continent.
Mais une bonne partie de la population est inquiète de l’influence grandissante de la Chine. Un projet d’accord de libre-échange avec le continent a provoqué d’importantes manifestations à l’initiative des étudiants. Pendant près de trois semaines en mars, ces derniers avaient occupé le Parlement de Taipei.
Le KMT paye aussi le ralentissement économique et une succession de scandales alimentaires. Il a recueilli 40,7 % des voix contre 47,5 % à la formation de l’opposition, le Parti démocratique progressiste (DPP), traditionnellement sceptique par rapport à Pékin. Le KMT, qui contrôlait quatre des six principales municipalités, ne conserve la haute main que sur l’une d’entre elles. Il a en particulier perdu Taipei.
Le Monde.fr