Le MIR naît en octobre 1965, de la confluence de plusieurs petits courants de la gauche critique (trotskistes, guévaristes, chrétiens radicaux, ex-socialistes ou communistes) qui s’opposent au parlementarisme et à l’électoralisme du PC chilien et aspirent à construire une organisation marxiste révolutionnaire. L’air du temps est alors marqué par la guerre froide, les luttes anti-impérialistes, et surtout, dans ce sud de l’Amérique latine, par l’impact continental de la révolution cubaine et les discussions autour de la lutte armée. Dans ses textes fondateurs, le MIR se distingue des analyses de la gauche marxiste traditionnelle. L’organisation insiste sur le caractère inégal et combiné du développement capitaliste dépendant du pays, sur l’illusion qu’il y aurait à s’allier – comme le propose le PC – à une bourgeoisie « nationale » inexistante ou encore à poursuivre une tactique de « révolution par étape » et institutionnelle.
Les miristes pensent que le processus révolutionnaire doit être ininterrompu, permettre l’alliance de la classe ouvrière, des travailleurs avec « les pauvres des villes et de la campagne », et qu’il est indispensable de détruire l’appareil d’Etat bourgeois par la violence, tout en se défendant des assauts de l’impérialisme. Le MIR se construit selon des critères léninistes en termes de « centralisme démocratique » et se considère comme une « avant-garde révolutionnaire » au service du peuple chilien, mais aussi de la révolution latino-américaine, cultivant une vision continentale et internationaliste. Son premier Congrès approuve un document intitulé A la conquête du pouvoir par la voie insurrectionnelle, qui revendique la lutte armée et la guerre populaire prolongée comme moyen légitime du mouvement révolutionnaire ; des « thèses politico-militaires » seront validées lors des débats nationaux suivants.
A partir du 3e Congrès (1967), une nouvelle génération – en partie issue du milieu étudiant de la ville de Concepción – prend le contrôle de la direction avec à sa tête un brillant étudiant en médecine (passé par le PS), Miguel Enríquez, mais aussi son frère Edgardo ou encore Bautista Van Schouwen, Sergio Pérez et Ricardo Ruz. Ces jeunes militants finissent par écarter (et même par expulser, en 1969) la plupart des vieux dirigeants ouvriers, ainsi que l’opposition trotskiste (dont l’historien Luis Vitale, mais encore Humberto Valenzuela ou aussi Óscar Waiss, qui rejoint le PS). Le MIR réoriente alors davantage l’organisation vers une stratégie inspirée du castrisme : diverses actions spectaculaires et « expropriations » de fonds bancaires obligent d’ailleurs ses militant·e·s à passer à la clandestinité.
Avec l’élection de Salvador Allende, en 1970, et le retour à la légalité, le MIR – malgré une organisation de quelques milliers de militant·e·s seulement – devient l’une des principales organisations de la gauche révolutionnaire extra-parlementaire, avec un écho non négligeable au sein du mouvement populaire et de ses franges les plus politisées. L’époque du gouvernement de l’Unité Populaire, articulée politiquement autour du PC et du PS, est qualifiée de « processus prérévolutionnaire », mais le pari allendiste d’une voie chilienne au socialisme, institutionnelle, non armée, respectueuse de la Constitution et des Forces Armées est vertement dénoncé comme « dominée par le réformisme ouvrier et petit bourgeois ». Malgré tout, le MIR soutient de manière critique les mesures gouvernementales les plus avancées (nationalisation des réserves de cuivre et de nombreuses entreprises, réforme agraire, augmentation des salaires, politique internationale anti-impérialiste), cherche à radicaliser les fractions jugées révolutionnaires de l’Unité Populaire (l’aile gauche du PS, en particulier) et suspend ses opérations armées pour mettre son appareil clandestin au service de la sécurité du Président Allende.
Lors de ces mille jours qui ont marqué à jamais la mémoire collective du peuple chilien, l’organisation du MIR, très verticale et compartimentée autour de Groupes politico-militaires (GPM), entre de plus en plus en tension avec la dynamique réelle de la lutte des classes et les formes plus horizontales de pouvoir populaire, tels les Cordons industriels (en particulier à partir de 1972). Nombreux sont les militant·e·s et sympathisant·e·s qui ressentent cette contradiction comme un frein au développement du parti, qui rassemble 10 000 à 15 000 personnes en 1972, mais influence des dizaines de milliers de membres actifs du mouvement populaire au travers de « fronts intermédiaires ». Et ceci, malgré une assez faible présence au sein du mouvement ouvrier, largement dominé par le PS, les communistes et la Démocratie-Chrétienne.
Après le du coup d’Etat de septembre 1973, le MIR est l’une des premières organisations de la gauche à entrer en résistance et à annoncer avec courage et décision qu’il « ne choisit pas l’exil ». Face à une dictature civilo-militaire féroce et implacable, ses militant·e·s tentent de déployer, dans des conditions très difficiles, leur stratégie de « guerre populaire prolongée » et de droit à l’insurrection face à la tyrannie. Cela passe notamment par une douloureuse réorganisation interne, notamment à la suite de l’assassinat de Miguel Enríquez et de nombreux cadres de la direction. Andrés Pascal Allende, le nouveau secrétaire général, sera notamment l’un des initiateurs de l’« Opération Retour » (à partir de 1977), destinée à réintroduire sur le territoire national des militant·e·s en exil, souvent formés à Cuba, afin d’organiser des opérations de résistance ou encore des tentatives de guérillas, comme celle de Neltume, dans le sud du pays (1981). Le coût humain de ces années noires est terrible et les résultats politico-militaires de cette orientation sur l’évolution de la dictature sont encore sujets à controverse parmi les ex-militant·e·s ayant survécu, comme parmi les historien·ne·s. Les années 1985-87 seront celles de la dispersion, produit de nombreuses dissensions, de l’exil et de la répression massive, débouchant sur la division entre plusieurs tendances (« MIR historique », « MIR politique » et « MIR militaire ») et la dissolution du mouvement (sans même avoir organisé de Congrès national).
Aujourd’hui, plusieurs collectifs et petites organisations anticapitalistes se réclament de l’héritage révolutionnaire miriste et de son drapeau noir et rouge. Certains revendiquent même la continuité de l’organisation (« MIR Demetrio »). Après quatre décennies de capitalisme néolibéral effréné et plus de 20 ans d’une démocratisation partielle, gérée par les sociaux libéraux (gouvernements de la Concertación), les luttes sociales ont commencé à effriter le mythe du Chili « développé » et « stable ». Les grandes mobilisations étudiantes de l’année 2011 qui ont cherché à mettre fin à l’héritage de Pinochet dans le domaine éducatif, les revendications en faveur d’une Assemblée Constituante pour – enfin ! – en terminer avec la Constitution autoritaire de 1980, le retour du spectre des luttes des ouvriers·ères et des salarié·e·s précaires (ports, mines, call centers, secteur forestier), ou encore l’idée d’une renationalisation du cuivre, montrent qu’une nouvelle période pointe son nez.
Le second gouvernement de la socialiste Michelle Bachelet (depuis mars 2014) et l’intégration du PC à l’exécutif sur la base d’un programme de réformes significatives, mais qui restent fonctionnelles au système néolibéral, ouvrent aussi un espace à gauche et à la possible réinvention d’une perspective anticapitaliste au Chili. C’est ce que soulignait récemment la cinéaste Carmen Castillo, compagne de Miguel, blessée à ses côtés lors de son dernier combat, lorsqu’elle affirme que les luttes du MIR et de celles et ceux qui sont tombés sous les coups de la dictature au nom de leur engagement révolutionnaire habitent toujours le présent et sont un fil rouge pour penser le futur : « La fidélité à Miguel Enríquez se joue dans le présent de nos vies politiques. Avec les leçons de Miguel et du MIR en tête, lucides et avec beaucoup d’humour, révolutionnaires pleins de doutes, sans foi ni credo, parions à partir des incertitudes du siècle afin de nous armer d’un courage qui soit aussi une valeur non négociable, en mettant une énergie absolue au service d’une certitude relative, et en inventant de nouvelles formes de la lutte anticapitaliste » *.
Franck Gaudichaud
Entretien avec l’historien et ancien militant du MIR, Igor Goicovic Donoso
Afin de faire un bref bilan de cette histoire riche qui permet de penser les émancipations au 21e siècle et qui a fortement influencé les débats stratégiques des gauches révolutionnaires au 20e siècle, Frank Gaudichaud a interrogé Igor Goicovic Donoso, historien de l’Université de Santiago (USACH), spécialiste des questions de violence politique et ex-militant du MIR dans les années 80.
Franck Gaudichaud – Pourrais-tu, en quelques mots, nous raconter ton expérience personnelle au sein du MIR ?
Igor Goicovic Donoso – Ma formation initiale, plus culturelle que politique, s’est faite au Parti Socialiste (Tendance « Almeyda »). Je venais d’une famille socialiste et d’une région (la Province de Choapa) dans laquelle historiquement le PS a été la principale force politique. C’est avec cette formation que je suis arrivé, en 1980, à l’Université Catholique de Valparaiso. Mais à partir de 1982, mon engagement militant au PS a commencé à faiblir. Je remettais beaucoup le parti en question, surtout le fait qu’il ne se définisse pas clairement politiquement ; par exemple, en ce qui concernait la préparation et le développement de « l’insurrection populaire des masses » contre la dictature. J’ai alors commencé à soutenir les actions que les camarades du MIR développaient au travers des Milices de la Résistance Populaire ; principalement dans le domaine de la propagande et de l’agitation. Mais, en 1984, j’ai été arrêté par la CNI [police politique de la dictature, NdT] et j’ai passé deux ans à la prison de Valparaiso. En prison, j’ai fait partie du collectif des prisonniers du MIR et pendant une période j’ai même dû assumer la représentation de l’Organisation des Prisonniers Politiques (OPP). En sortant de prison, j’ai rejoint l’Université et des tâches de représentation publique du MIR m’ont été assignées. J’ai été dirigeant étudiant jusqu’en 1988.
C’est durant cette période que j’ai aussi assisté à la division du parti. Bien que très critique envers tout ce qui s’y passait (je considérais qu’il s’agissait d’une crise de direction), je suis resté loyal envers le parti et j’ai suivi la ligne que dirigeait Andrés Pascal Allende [2]. J’ai aussi été témoin postérieurement de l’éclatement de l’organisation, en 1986-1987. J’ai alors milité dans l’une de ses microfractions jusqu’en 1992. Cette année là, une forte répression dans le sud du pays a fini par démanteler notre groupe.
En tant qu’historien, quelles étapes principales et évènements mettrais-tu en exergue concernant la trajectoire du parti ?
Je pense qu’il existe quatre périodes fondamentales dans l’histoire du MIR et que ces quatre périodes rendent compte de l’existence de quatre partis distincts. La première étape, qui va de 1965 à 1967, correspond à la formation du parti, où prédomine par-dessus tout l’influence trotskiste. Une seconde étape, qui va du 3e congrès (1967) à l’affrontement de Malloco (octobre 1975) [3], pendant laquelle s’affirme l’influence de la tendance « castro-guévariste » et où se forme la direction collective dirigée par Miguel Enríquez. Le MIR se déploie alors en cherchant à conduire le processus révolutionnaire (époque du gouvernement Allende – 1970–1973), ceci jusqu’à la première phase de la résistance à la dictature (1973–1975). A mon avis, ce parti commence à disparaître avec la mort de Miguel (octobre 1974) et avec le départ à l’étranger de la direction qui s’ensuit (1975). Après cela, se produit une grande dispersion des militant·e·s (aussi bien au Chili qu’en exil) et beaucoup de ces cadres ne recommenceront jamais à militer. La troisième étape a commencé fin 1975, avec la constitution de différents noyaux de reconstruction du parti, et elle s’est renforcée avec l’Opération Retour (1978) [4], puis s’est étendue avec le recrutement de nouveaux cadres, spécialement chez les jeunes, « les pauvres des villes » et les travailleurs·euses précaires. Se forme alors un nouveau parti. C’est le parti des frères Vergara Toledo et d’Aracely Romo [5]. Jusqu’en 1984, ce parti portera tout le poids de la lutte antidictatoriale. La dernière étape, qui commence avec la crise interne de 1986, surprend le MIR dans un état d’extrême faiblesse. L’ampleur de la répression a fait éclater sa structure et fait obstacle à sa relation au mouvement de masse. L’organisation s’est fragmentée, mais c’est aussi dans cette situation que sont nées les bases de ce qu’on appelle aujourd’hui la « culture miriste », qui a imprégné – parfois de manière diffuse – de larges mouvements politiques et sociaux au Chili.
Après sa fondation, à laquelle ont participé plusieurs courants révolutionnaires, le MIR s’est centré davantage sur une perspective stratégique politico-militaire, influencée en partie par l’expérience cubaine : quelles en étaient les idées centrales et les axes théoriques ou idéologiques ?
Il est évident qu’au sein de la tendance dirigée par Miguel Enríquez, il existait une claire influence idéologique, politique et éthique de la Révolution cubaine. On peut affirmer que pour cette génération, la Révolution cubaine a constitué un « appel » qui exigeait un engagement révolutionnaire. Mais Miguel et cette génération ont toujours su que les conditions historiques du processus révolutionnaire chilien et, spécialement, celles de la construction de la gauche, possédaient des spécificités propres. C’est ainsi qu’on peut expliquer le rejet de la théorie du foyer de guérilla de Régis Debray. Les thèses politico-militaires du MIR, jusqu’en 1973, posaient comme condition l’accumulation des forces sociales, politiques et militaires pour le déploiement d’une guerre insurrectionnelle des masses. C’est-à-dire que la composante fondamentale du cadre stratégique était constituée par les travailleurs·euses et par le peuple. De là, la politique du MIR durant la période la plus importante de la lutte des classes (1970–1973), qui visait à se construire comme une « avant-garde révolutionnaire » au sein du mouvement de masse, sans renoncer à l’action directe. Mais cette action était comprise comme le déploiement de formes de luttes légales, semi-légales et illégales, dans un contexte ouvert d’affrontement de classes. Les occupations de terres, les réappropriations par le déplacement des clôtures, les occupations d’usines, les affrontements avec les groupes de choc de la droite et de la démocratie-chrétienne, l’auto-défense face à la violence d’Etat, constituent la meilleure expression de ce processus. Des avancées qui n’ont certes pas été suffisantes : le MIR n’a pas réussi à se consolider en tant qu’« avant-garde révolutionnaire » orientant l’ensemble du mouvement populaire ; il n’a constitué que le secteur le plus radical de ce mouvement.
Quel genre de parti a finalement incarné le MIR ? On dit souvent qu’il était un parti de « révolutionnaires professionnels », on fait aussi remarquer la forte hiérarchie et le manque de démocratie interne. En analysant cette histoire avec du recul, quelles ont été selon toi ses principales difficultés et faiblesses ?
Tout d’abord, il faut souligner, comme je l’ai déjà dit, qu’il existe au moins trois MIR, et une continuité culturelle. De ces trois MIR, deux peuvent s’identifier directement avec la trajectoire initiale : celui dirigé par Miguel Enríquez, qui se prolonge quelques années après sa mort, en 1974. Ce parti peut effectivement être appelé « parti de cadres », avec une direction amplement reconnue, et un travail de masses important du fait de la création de ce qu’on appelait les « fronts intermédiaires ». Ensuite, il y a le MIR qui a mené les luttes de résistance antidictatoriale, spécialement entre 1978 et 1984. Ce second MIR était aussi un parti de cadres révolutionnaires qui s’est vu dans l’obligation de passer à la clandestinité et d’affronter de dures mesures répressives. Dans un tel contexte, le processus de formation des militant·e·s professionnels a été plus complexe et les « pertes » (morts, exils, emprisonnement), en comparaison avec la génération précédente, ont été plus importantes. Mais, malgré cela, grâce à leur engagement et volonté révolutionnaire, ces militant-e-s ont su se mesurer à un échiquier politique beaucoup plus dur que celui des années 1970–1973.
Aussi bien avant qu’après le coup d’Etat, les exigences de la conjoncture politique et l’héritage idéologique du « centralisme démocratique » ont effectivement favorisé la construction d’un parti fortement centralisé, où la démocratie interne était réduite. Il est probable qu’aujourd’hui, ce modèle d’organisation et de direction politique serait bien peu adéquat. Mais le modèle léniniste de parti du MIR était celui qui était disponible pour les révolutionnaires des années 60, 70 et 80. Et c’est dans ce type de parti que nous avons décidé d’entrer : personne ne nous y a obligé… Prétendre évaluer (et même rejeter) ces pratiques politiques avec les paramètres du contexte politique actuel ne me semble pas juste.
40 ans après sa mort au combat, de nombreux jeunes revendiquent encore la figure de Miguel Enríquez : quelles sont les principales leçons que nous laisse en héritage cette génération de militant·e·s anticapitalistes chiliens ?
L’héritage est vaste et peut s’observer dans de multiples domaines : politique, social, culturel, esthétique et éthique. Sur le plan politique, il y a plusieurs aspects sur lesquels ont peut insister. D’une part, le contenu du programme du MIR : cette organisation a proposé au Chili, et a lutté en conséquence, la construction du socialisme. Aujourd’hui, dans une période où les alternatives au capitalisme se mettent en place de façon diffuse, beaucoup de jeunes et d’organisations proposent à nouveau la nécessité d’une telle construction. Quel type de socialisme ? Nous ne le savons pas ; mais la discussion sur ses contenus et orientations est une demande fondamentale de notre époque. Et dans ce cas précis, les militant·e·s du MIR et son programme ont encore beaucoup de choses à nous dire. D’autre part, la première génération de miristes, et celle qui s’est formée ensuite dans la lutte contre la dictature, proposent un exemple politique et un défi éthique. Il s’agit de générations militantes que leur générosité et leur engagement ont conduites à donner leur vie pour leurs idéaux, sans rien demander en échange. Très loin de la classe politique actuelle (sénile ou juvénile) qui fait de la course aux fonctions publiques une stratégie d’enrichissement et de pouvoir. La stature morale de ces révolutionnaires influence, sans aucun doute, l’attitude politique des militant·e·s anticapitalistes d’aujourd’hui.
Finalement, il est nécessaire d’insister sur l’exigence d’organisation. Beaucoup de personnes, après avoir parcouru les chemins stériles du « mouvementisme », assument désormais le fait que l’organisation politique, y compris la création d’une avant-garde, constituent un élément irremplaçable dans tout processus révolutionnaire. Les expériences historiques victorieuses le démontrent : la Russie, la Chine, le Vietnam, Cuba, le Nicaragua… Cette organisation dotée d’une stratégie révolutionnaire, qui assume les spécificités de la région (Amérique latine) et du pays (le Chili), doit se construire parmi les travailleurs·euses et le peuple. Elle doit s’adapter également au nouveau contexte historique (néolibéral). Cette leçon dialectique de l’histoire, le MIR l’a construite avec engagement, courage et abnégation.
Entretien réalisé par Frank Gaudichaud, Santiago du Chili, octobre 2014.
Pour aller plus loin…
Julián Bastías, Mémoires de la lutte des sans terre. Récit d’un métis chilien, chrétien et agitateur, Variations ed, 2013. En ligne : variations.revues.org/651. Témoignage autobiographique d’un militant du MIR, chrétien engagé, révolutionnaire professionnel et organisateur des occupations de terre paysannes des années 1967–73.
Carmen Castillo, Rue Santa Fé, France/Chili, 2007, Les Films d’Ici, 2 h 40, Distribué par Ad Vitam. L’auteure, aujourd’hui cinéaste, raconte avec ce film-documentaire ses derniers jours avec son compagnon et camarade, Miguel Enríquez, mais élabore aussi une réflexion sensible sur l’engagement révolutionnaire et l’héritage du MIR dans le Chili actuel.
John Dinges, Les Années Condor, comment Pinochet et ses alliés ont propagé le terrorisme sur trois continents, La Découverte, Paris, 2005. Investigation sur la répression contrerévolutionnaire, en particulier contre le MIR et la Junte de Coordination révolutionnaire (JCR), coordination intégrée par plusieurs organisations anticapitalistes sud-américaines.
Franck Gaudichaud (éd.), ¡Venceremos ! Analyses et documents sur le pouvoir populaire chilien (1970–1973), Syllepse, Paris, 2013. Recueil de documents et témoignages sur les luttes pour le pouvoir populaire durant le gouvernement Allende.
Franck Gaudichaud, Chili 1973–1973. Mille jours qui firent trembler le monde, PUR, Rennes, 2013. Une histoire « par en bas » du gouvernement Allende au travers des luttes sociales et politiques de cette période, en particulier celles des Cordons Industriels et de l’un des mouvements ouvriers les plus puissant de l’Amérique Latine.