Ferguson : vivre sous l’occupation
Depuis que Michael Brown, jeune Afro-Américain de 18 ans, a été abattu et tué par un agent de police non identifié, samedi dernier 9 août 2014, à Ferguson (Missouri), la majorité noire de la petite ville située juste à l’extérieur de Saint-Louis a été secouée par des protestations contre le racisme d’un système qui considère la vie des jeunes Noirs comme jetable. [Lire ci-dessous le premier article de Nicole Colson en date du 13 août 2014]. [1]
La réponse des autorités a consisté à remplir la ville de centaines de policiers provenant de dizaines de localités voisines – portant des tenues antiémeute et munis d’armes d’assaut, de chiens d’attaque ainsi que de véhicules militarisés – pour « contrôler les foules »[1]. Les manifestant·e·s affirment que le « maintien de l’ordre » est bien la dernière chose que les flics ont à l’esprit : ces envahisseurs agissent d’une manière délibérément provocatrice et agressive, ce qui conduit à une escalade de la violence après plusieurs nuits de protestations.
Mercredi 13 août, aux aurores, peu après que les protestations de la nuit se sont dispersées, la police tira et blessa gravement un autre jeune homme de Ferguson. La police déclare qu’ils ont été conduits sur les lieux parce qu’on leur avait signalé la présence d’hommes portant des « masques de skieur » et maniant des fusils. Toutefois, lorsqu’ils arrivèrent sur place, la victime, qui n’a pas été nommée, braqua un pistolet, les « forçant » à tirer.
Mais la plupart des habitant·e·s de Ferguson – ainsi que des millions de leurs semblables à travers le pays – ne peuvent s’empêcher d’êtres sceptiques à propos des affirmations faites par la police à ce sujet.
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La présence policière massive à Ferguson, qui ressemble plus à une armée d’occupation qu’à quoi que ce soit d’autre, est responsable des tensions et de la violence dans la localité car ils ont réprimé brutalement les manifestant·e·s durant quatre jours et quatre nuits, en faisant y compris usage de gaz lacrymogènes et de balles en bois et en caoutchouc.
Steve Walsh était un passant innocent. Mardi 12 août, alors qu’il rentrait chez lui pour retrouver son fils de deux mois et la mère de l’enfant, il se retrouva pris au milieu d’une attaque policière contre les manifestant·e·s. Ainsi que l’a déclaré Walsh au quotidien britannique The Guardian, il a été atteint à la nuque par un projectile en bois qui lui laissa « une blessure sanglante de la taille d’une pièce de monnaie à l’arrière de son oreille gauche » [2]. Walsh ajouta : « Je me suis presque évanoui. Le sang commença à couler. »
Les images prises à Ferguson dans la nuit de mercredi montrent un immense nuage de fumée ou de gaz au-dessus de différentes parties de la ville [3]. Une autre témoigne de l’utilisation par la police de ce qui est considéré comme une sorte d’engin incendiaire car on le voit exploser dans la rue, répandant une pluie massive d’étincelles alentours [4].
Un auteur du site Jezebel.com [5] décrit ce que l’on voit sur la page en continu diffusée sur le site internet de la radio KARG Argus intitulée I Am Mike Brown [6] : « Les spectateurs observent la police alors qu’elle tire des balles en caoutchouc sur la foule de citoyens désarmés. Nous voyions comment la police s’approchait d’un groupe de manifestant·e·s pacifiques. La page I Am Mike Brown rapporte que la police demandait qu’ils ne filment pas. Le reporter en donne la raison : “Ils ne veulent pas de témoins.” »
Il n’y a là rien d’étonnant. Au milieu de la violence policière, de nombreux manifestant·e·s répondent par une action symbolique qui fait écho de manière émouvante à la façon dont Michael Brown a été tué : levant les mains en l’air, interpellant la police : « Haut les mains. Ne tirez pas ! » D’autres marches de protestation arborent des panneaux qui dressent un parallèle avec l’affirmation d’une dignité humaine élémentaire qui s’était manifestée lors de la lutte pour les droits civils à seulement quelques heures de voiture plus au sud de Ferguson : à Memphis, dans le Tennessee : « I am a man », « I am a woman. » [2]
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La police de Ferguson émit une déclaration destinée à ceux qui souhaitent faire des veillées ou manifester, leur « demandant de le faire uniquement durant les heures de jour, d’une manière organisée et respectueuse. Nous demandons en outre que tous ceux qui veulent manifester ou se rassembler de se disperser bien avant la soirée de telle sorte que la sécurité des participant·e·s ainsi que celle de notre communauté soient garanties. »
Le fait que la police fasse la leçon aux habitant·e·s de Ferguson – ou, d’ailleurs, de qui que ce soit – au sujet de la « sécurité » après avoir abattu un adolescent désarmé et après avoir traité les manifestant·e·s comme des animaux relève du plus haut degré de l’hypocrisie. Les flics de Ferguson et les autorités municipales qui publièrent leurs ordres ne méritent le « respect » de personne, ainsi que leurs pratiques au cours de la semaine écoulée ne cessent de le montrer.
La police n’a toujours pas révélé le nom de l’agent de police qui a abattu Michael Brown afin d’éviter des « menaces » à son encontre [ce vendredi, 15 août, la police a révélé l’identité de l’agent en question, suspendu depuis le 9 août ; la police maintient toutefois sa version des faits – voir Le Monde]. Elle a toutefois été très enthousiaste à partager avec les médias les clichés anthropométriques et les noms des personnes arrêtées au cours de la semaine sur la charge de « pillage » [8].
C’est là une illustration du racisme qui se love au cœur de l’irruption de colère à Ferguson : la vie d’un jeune Noir désarmé a été volée par un agent de police blanc dont l’identité est protégée alors que les Noirs qui ont prétendument commis des crimes non violents tels que des cambriolages ont vu leurs noms traînés dans la boue aux informations du soir.
Malgré la violence de la police, des manifestant·e·s ont contesté nuit après nuit contre cette double morale. C’est le cas de Jammell Sapann, un jeune manifestant hurlant à la police qui dispersait une manifestation : « Tous mes amis ont été tués. J’en ai marre ! » [10]
Jeudi matin, on a rapporté qu’Antonio French, un conseiller municipal de Saint-Louis qui critiquait la police de Ferguson et qui a participé aux manifestations, au cours desquels, à plusieurs reprises, il a filmé la police, a été arrêté. Aucune raison n’a été donnée pour justifier cette arrestation à l’heure où cet article est rédigé. Il ne fait toutefois aucun doute que l’on tente de le punir pour avoir critiqué la police.
La crainte des flics face à des voix indépendantes comme celle de French est bien compréhensible : ils ont pratiqué divers abus afin de s’assurer que leur récit favori sur les événements est le seul sortant de Ferguson. Un journaliste écrit qu’au « cours des derniers jours, les reporters ont été empêchés d’entrer dans la ville. Les journalistes qui sont toutefois parvenus à y venir ont été accueillis par des gaz lacrymogènes et menacés par les policiers, au même titre que les habitants de Ferguson. » [10, 11, 12]
Pour ajouter à ce « couvercle » posé pour empêcher que les informations sortent de la ville, le 12 août l’Administration fédérale de l’aviation a déclaré une « zone d’exclusion aérienne » pour les appareils volant à basse altitude au-dessus de la zone après que l’on eut rapporté que l’on avait tiré sur un hélicoptère de la police. Ce que cela signifie en réalité, c’est que les hélicoptères des télévisions ne pourront pas faire des prises de vue des affrontements entre la police et les manifestant·e·s.
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Dans certains cas, des journalistes se sont vu refuser l’accès des conférences de presse. Sur Twitter, le prix Pulitzer de journalisme Trymaine Lee – qui est Noir – indique que le 12 août « on m’a dit de m’en aller, de retourner à mon logement » [13]. Le jour suivant, deux journalistes, l’un du Washington Post, l’autre du Huffington Post, qui mettaient en question les tactiques agressives de la police et filmaient les policiers, ce qui est un acte protégé par la Constitution, furent immédiatement arrêtés [14].
Mais si l’on écoute Jon Belmar, le chef de la police du comté de Saint-Louis, la police a agi en faisant preuve de retenue [3].
Jon Belmar, selon le St. Louis Post-Dispatch, a dit de ces agents de police : « Maintenir une telle retenue c’est, franchement, remarquable. » [15]
[…] La police ne commente pas l’affirmation de Dorian Johnson selon laquelle les policiers refusèrent d’enregistrer sa déclaration. Freeman Bosley, l’avocat de Johnson et ancien maire de Saint-Louis, indique avoir contacté la police pour proposer un entretien avec son client : la personne qui se trouvait aux côtés de Michael Brown lorsqu’il a été abattu.
L’avocat a déclaré à la chaîne MSNBC que la police « n’a même pas voulu lui parler. Ils ne veulent pas connaître les faits. Ce qu’ils veulent, c’est justifier ce qui s’est produit […]. Ce qu’ils essaient de faire, c’est justifier ce qui s’est passé au lieu de tenter de souligner les torts. Quelque chose de mal s’est passé et c’est de cela qu’il s’agit. »
Dorian Johnson a déclaré à MSNBC qu’il comprenait l’indignation que ressentaient les manifestant·e·s vis-à-vis de la police : « Il y a deux foules. Une composée de personnes plus âgées qui veut que justice soit rendue, mais qui est en colère. Puis il y a une foule plus jeune qui veut la vengeance, mais il y a là aussi de la colère. Que pouvez-vous attendre d’autre lorsque quelque chose se passe sans cesse et que cela blesse la communauté alors que personne ne s’élève contre cela ou fait quelque chose à ce sujet. Je sens leur colère, je sens leur dégoût. » [16]
Mais, selon le chef de la police de la ville de Ferguson, Thomas Jackson, les « troubles » ont été causés par des « agitateurs extérieurs. »
Ce dernier déclara sur le programme Hannity de Fox News [17] : « Il y a de nombreux agitateurs extérieurs qui sont à l’origine de la violence. Nous avons eu plusieurs protestations très pacifiques : ils sont fâchés, ils posent des questions qui exigent des réponses. Je comprends cela. J’ai reçu le message. Mais la communauté a désormais intensifié ses exigences une fois que cette violence s’est produite. Nos dirigeants de la communauté, le clergé, certains activistes, sont allés plus loin et ont dit “assez c’est assez !” »
Cette tactique – dresser les « bons » manifestant·e·s contre les mauvais ainsi qu’affirmer que la violence et les destructions de propriété sont le fait « d’agitateurs extérieurs » – est une méthode policière et étatique éprouvée. Au cours du mouvement des droits civiques, les plaintes contre les « agitateurs extérieurs » et les « foules avides de violence » faisaient partie d’une tentative de diviser pour mieux régner. C’est ce qu’explique bien Keeanga-Yamahtta Taylor dans un article du SocialistWorker.org au sujet des rébellions urbaines des années 1960 [18] :
« Les rébellions sont perçues comme le cousin rétif et désobéissant du mouvement pacifique et non-violent pour les droits civiques du Sud. Ainsi, alors que le mouvement des droits civiques est loué de toutes parts pour son insistance stratégique sur la non-violence, les émeutes sont universellement condamnées en raison de la violence qu’elles contiennent. En outre, elles sont aussi considérées comme ayant provoqué la désaffection des alliés et partisans blancs et sont largement vues comme étant à l’origine des “politiques de retour de flamme” des Blancs. [4]
Un éditorial du New York Times, écrit seulement quelques semaines après les émeutes de Detroit en 1967, file cet argument : « Les émeutes, au lieu de contribuer au développement d’exigences en faveur du progrès social et d’effacer la pauvreté, ont eu largement un effet inverse et ont augmenté les crises en raison du recours aux forces policières et aux lois pénales. »
Cette perspective ne semble pourtant pas correspondre avec plusieurs sondages réalisés 10 jours plus tard qui démontrent un soutien massif pour l’extension des programmes sociaux destinés à atténuer les privations matérielles que beaucoup voyaient comme la source de la spirale de violence. Dans un sondage incluant autant des Afro-Américains que des Blancs, de fortes majorités soutenaient les programmes contre la pauvreté. Ainsi que le résumait un titre de une du Washington Post : “Les races sont favorables à l’abolition des ghettos ainsi qu’à la nécessité d’un programme de type WPA” [5]. Quelque 69% des Américains soutenaient des efforts de l’Etat fédéral en vue de créer des programmes d’emploi et 65% étaient convaincus de la nécessité d’abattre les ghettos. Un autre 60% soutenait un programme fédéral visant à “éliminer les rats” et 57% soutenaient un programme de camps d’été destiné aux jeunes Noirs. »
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Le fait que Ferguson était une poudrière de colère près d’exploser n’est pas de la responsabilité « d’agitateurs extérieurs » ni de sa population à majorité afro-américaine. C’est le système raciste qui en est responsable et, en particulier, les sentinelles de ce système : la police, responsable de l’assassinat de Michael Brown.
Ferguson est une communauté au sein de laquelle le sceau du racisme et des inégalités est imprimé sur chaque aspect de la vie, des emplois en passant par le logement et le « profilage » racial. La localité était réputée dans le passé comme un havre dans lequel les Noirs qui cherchaient à quitter la pauvreté et la violence de Saint-Louis – et qui ne pouvaient vivre dans des quartiers plus aisés en raison des pratiques de discrimination au logement telles que le redling. Mais alors que les Noirs déménageaient à Ferguson, les Blancs fuyaient. Un éditorial du New York Times rapporte [19] :
« En 1980 la ville comprenait 85% de Blancs et 14% de Noirs ; en 2010, la proportion était de 29% de Blancs et 69% de Noirs. Les Noirs, toutefois, n’obtinrent pas plus de pouvoir politique alors que sa population croissait. Le maire et le chef de la police sont Blancs tout comme le sont cinq des six membres du conseil municipal. L’administration de l’école est composée de six Blancs et d’un Latino. Comme l’explique Colin Gordon [professeur à l’Université de l’Iowa], nombre d’habitant·e·s noirs, qui ne disposent pas des ressources leur permettant d’acquérir une propriété, déménagent d’un appartement à un autre […]
Les disparités sont encore plus évidentes au sein du département de police de Ferguson, qui ne compte que trois Noirs sur 53 agents de police. Si on croit les statistiques réalisées par le procureur général de l’Etat, les forces de l’ordre largement blanches arrêtent les habitant·e·s noirs dans une proportion bien au-delà de ce qu’ils représentent dans la population. Les Noirs représentent 86% des personnes stoppées lors de contrôles routiers et 93% des personnes arrêtées dans ce cadre. »
Les habitant·e·s se sont exprimés avec passion pour mettre un visage humain à ces statistiques. Ainsi que la mère de Michael Brown, Leslie McSpadden, l’a déclaré, entre deux sanglots, au journaliste de la CNN Don Lemon [20] : « Le seul fait que mon fils est un Noir de 6 pieds 4 pouces [plus d’un mètre 90] descendant les rues de la ville ne signifie pas qu’il ait le profil de quelqu’un qui ne descend pas simplement la rue. »
Le père, Michael Brown Sr., dit lors de la même interview : « Il n’a pas été rendu justice à mon fils et nous ne sommes pas en paix. S’il ne reçoit pas justice, nous ne pouvons rester en paix. »
C’est pourquoi il est aussi méprisable de souiller les gens de Ferguson en prétendant qu’ils se sont lancés dans des « pillages » et des « émeutes » sans retenue depuis la mort de Michael Brown.
Le plus grand dommage à la propriété a été fait à un commerce de proximité QuikTip qui a été brûlé puis tagué de graffitis contre la police. Il est apparu que la foule a probablement retourné sa colère contre le magasin après que le mot s’est répandu que c’est une personne du magasin qui a appelé la police pour faire état d’un cas de vol à l’étalage, ce qui était le prétexte de l’agent de police pour arrêter Michael Brown. Un Walmart et un local de prêts rapides ont été une autre cible des manifestant·e·s. Ce sont là des symboles de la pauvreté et de l’exploitation dans un quartier pauvre.
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Jay Nixon, le gouverneur du Missouri, réalisant sans doute que la réponse brutale des flics n’a fait qu’enflammer la situation, a annoncé jeudi qu’il allait retirer la police du comté de Saint-Louis de Ferguson.
Il sera difficile pour la police et les politiciens de faire pire que ce qu’ils ont déjà fait pour exaspérer les habitant·e·s de Ferguson. Mais aussi « différente » que puisse être la tonalité de la répression policière, la colère des manifestations ne changera pas. C’est une réaction amère aux injustices qui se trouvent au cœur de la mort non seulement de Michael Brown, mais aussi de celle de John Crawford, un jeune Noir de 22 ans abattu et tué par un policier au Walmart de Beavercreek (Ohio) parce qu’il portait un pistolet jouet [21] ; celle d’Ezell Ford, un Noir de 25 ans abattu et tué par la police alors qu’il était allongé sur le trottoir, obéissant à leurs ordres, à South Los Angeles [22] ; de celle d’Eric Garner, un Noir de 43 ans qui a été étranglé à mort par un policier sur un trottoir de Staten Island à New York [23] ; de celle de Dante Parker, un Noir de 36 ans qui a reçu des décharges de Teaser jusqu’à ce qu’il meure à Victorville (Californie) [24].
Ce ne sont là que les exemples les plus récents de vies de Noirs volées par un assassinat policier. Au-delà de ces assassinats, un nombre inconnu de personnes – hommes et femmes – dont les vies ont été bouleversées par un système d’injustice, raciste en son cœur.
Quelle a été la réponse du premier président noir des Etats-Unis devant cette épidémie de vies volées ? Un silence quasi total.
Le président a exprimé ses condoléances au sujet de l’assassinat de Michael Brown, le qualifiant de « déchirant ». Mais, alors que dans la nuit de mercredi l’on tirait des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc contre les manifestant·e·s et que la police antiémeute parcourait en tous sens les rues de Ferguson, Eric Schultz, l’adjoint du secrétaire à la presse de la Maison-Blanche, tweeta depuis Martha’s Vineyard – où le président passe ses vacances : « Réunion entre amis ce soir, dans peu de temps. Alerte de coup de vent. Du bon temps pour tous ».
L’échec d’Obama de fournir une initiative politique substantielle quelconque sur la question brûlante du combat contre le racisme tient au fait qu’il se consacre au maintien du système qui le produit. Au lieu de cela, nous devons nous pencher sur l’exemple de ceux qui combattent le racisme et qui se battent pour que justice soit rendue pour Michael Brown – ainsi que tous les autres « Michael Brown » du pays dont nous ne connaissons pas encore les noms.
Faisons comme ces étudiants de première année introduits mercredi à l’université noire historique, celle de Howard, qui se sont sentis en devoir de rendre hommage à Michael Brown ainsi qu’aux manifestations qui se déroulent à Ferguson. En solidarité, des centaines se rassemblèrent pour une photo puissante : les mains en l’air, le visage défiant [25]. (Article publié le 15 août 2014, sur le site SocialistWorker.org ; traduction A l’Encontre)
Nicole Colson
* Publié par A l’encontre le 16 août 2014
Notes
1. http://www.buzzfeed.com/tasneemnashrulla/powerful-images-from-ferguson-after-the-death-of-michael
2. http://www.theguardian.com/world/2014/aug/12/missouri-police-wooden-bullets-protest-michael-brown
3. https://twitter.com/kodacohen/status/499751349630668800/photo/1
4. https://twitter.com/jfdulac/status/499755554710224896/photo/1
6. http://new.livestream.com/accounts/9035483/events/3271930/videos/59166942
7. http://www.huffingtonpost.com/2014/08/12/michael-brown-protests_n_5672163.html
8. http://fox2now.com/2014/08/12/mugshots-of-ferguson-looters-released-to-the-public/
9. http://www.buzzfeed.com/tasneemnashrulla/powerful-images-from-ferguson-after-the-death-of-michael
11. http://www.poynter.org/latest-news/mediawire/262553/no-media-allowed-in-ferguson-mo/
12. http://www.huffingtonpost.com/2014/08/12/journalists-threatened-michael-brown_n_5671155.html
13. https://twitter.com/trymainelee/status/499701302029729792
14. http://dailybail.com/home/doj-rules-it-is-legal-to-photograph-and-film-the-police.html
16. http://www.msnbc.com/msnbc/eyewitness-michael-brown-fatal-shooting-missouri
18. http://socialistworker.org/2013/01/25/urban-rebellions-and-social-change
19. http://mobile.nytimes.com/2014/08/13/opinion/racial-history-behind-the-ferguson-protests.html
21. http://www.msnbc.com/msnbc/cops-shoot-and-kill-man-holding-toy-gun-walmart
22. http://ktla.com/2014/08/12/man-hospitalized-after-being-shot-by-police-in-south-l-a/
23. http://socialistworker.org/2014/07/22/murdered-by-new-york-police
24. http://www.vvdailypress.com/article/20140813/NEWS/140819920?sect=Top+Stories&map=12690
25. https://twitter.com/The_Blackness48/status/499714499688300545/photo/1
Ferguson se révolte contre l’assassinat de Michael Brown, un jeune Noir
« La police de Ferguson vient juste d’exécuter mon fils désarmé !!! »
C’est le message déchirant que Louis Head a écrit sur un carton avant de se déplacer pour le faire voir dans le quartier en le portant à bout de bras après que son petit-fils, Michael Brown, fut abattu lundi dernier, 9 août, dans les rues de Ferguson, dans la banlieue de Saint-Louis au Missouri.
La mort du jeune homme de 18 ans déclencha une vive indignation dans ce quartier à majorité afro-américaine, situé à l’extérieur de Saint-Louis, qui affirme que la brutalité policière contre les hommes noirs y est monnaie courante. Cet assassinat conduisit à des protestations de colère deux nuits de suite.
Les médias dominants se centrèrent sur les dommages à la propriété lors des manifestations [la police a arrêté, selon sa tradition, des dizaines de « coupables »]. Pour des millions de personnes dans tout le pays (Etats-Unis), toutefois, l’horreur face à l’exécution par la police d’un « nouveau » jeune Noir – et la conviction qu’il était temps que quelque chose soit fait contre la violence policière – était le sentiment prédominant.
Selon la version policière des événements, un propriétaire de magasin rapporta qu’une personne, dont l’apparence correspondait prétendument à celle de Brown, venait de réaliser un vol à l’étalage. Plus tard, un agent – dont le nom, à l’heure où cet article est écrit, n’a toujours pas été prononcé – arrêta Brown et l’un de ses amis alors qu’ils descendaient le long de la rue. Puis, toujours selon les flics, Brown tenta de pousser l’agent dans sa voiture et tenta d’atteindre l’arme de ce dernier.
La police affirme que, lors de la lutte, un coup parti de l’arme de l’agent. Ensuite, alors que Brown, sans arme, parvint à s’enfuir, le flic tira plusieurs coups en direction de l’adolescent, le blessant mortellement.
La version décrite par les témoins est complètement différente. Dorian Johnson, qui accompagnait Michael Brown, et Piaget Crenshaw, un passant qui assista aux coups de feu, déclarèrent à Fox 2 News [1] qu’après avoir fait face à Brown et Johnson parce qu’ils marchaient dans la rue, l’agent commença à agresser Brown en le saisissant à la gorge [prise pour étrangler, formellement interdite] et en tentant de le faire entrer dans sa voiture de patrouille. A ce moment l’arme de l’agent fit feu au moins une fois.
Lorsque les deux ados se mirent à courir, l’agent tira alors une seconde fois. Johnson déclara aux journalistes venus sur les lieux [2] : « [l’agent] tira encore et une fois que mon ami sentit ce coup, il se retourna et leva les mains et commença à se baisser. L’agent continua à s’approcher l’arme dégainée et il fit feu plusieurs fois. »
Johnson ajoute : « Nous ne faisions de mal à personne. Nous n’avions aucune arme avec nous. »
Les amis et la famille de Brown apprirent sa mort parce que son corps sans vie reposa dans la rue durant quatre heures alors que la police « enquêtait » – ou tentait de se mettre d’accord sur le récit à rendre public, si l’on se fonde sur les descriptions des témoins.
Ainsi que le rapporte le St. Louis Post-Dispatch [3], les amis de Brown « virent des photos de lui allongé sur la rue, à Canfield Dive, où son corps resta pendant des heures. Plusieurs se joignirent à la foule des personnes en deuil et des manifestants qui s’étaient rassemblés là depuis l’homicide en protestation contre la manière dont Brown était mort : un Noir, désarmé et abattu de plusieurs coups de feu. »
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La mort, aux mains de la police, d’un autre jeune Noir fit déborder la colère de la communauté au cours des jours qui suivirent l’assassinat – bien que cela arrivât seulement après ce que beaucoup appelèrent une provocation policière délibérée.
Les habitant·e·s noirs qui s’étaient rassemblés devant le poste de police le soir de la mort de Brown (le 9 août) pour une veillée furent accueillis de manière autoritaire. Des dizaines de policiers furent appelés des localités environnantes. Ils portaient des vêtements anti-émeute, beaucoup tenaient des fusils. La foule scandait : « Le peuple uni jamais ne sera vaincu » et certains habitant·e·s levèrent leurs mains pour montrer à la police qu’ils étaient désarmés, criant aux flics : « ne me tire pas dessus ».
La colère de la communauté est basée non seulement sur la mise en cause du récit policier au sujet de la mort de Brown, mais aussi sur la manière dont les médias font le portrait de l’adolescent, lequel avait terminé son lycée et devait commencer son université le lundi 11 août.
Comme le note TheRoot.com [4], de nombreux médias choisirent d’utiliser une image d’un Brown qui ne souriait pas, exhibant un signe de paix, que certains définirent comme étant le « signe d’un gang ». Ainsi que l’indique Yesha Callahan : « Vous aurez bien de la peine à trouver les médias dominants montrant Brown lors des promotions de son lycée ou avec les membres de sa famille. Il est ironique que toutes ces photos existent grâce à la page Facebook de Brown. Malheureusement, à cause de la police de Ferguson, vous ne pourrez jamais voir une photo de Brown lors de son premier jour d’université, aujourd’hui. »
La nuit qui suivit l’assassinat, le 10 août, des centaines de manifestant·e·s se réunirent pour une autre veillée aux chandelles. Lorsque certains défilèrent dans les rues, scandant : « Pas de justice, pas de paix », ils durent faire face à des centaines de policier en tenue antiémeute, accompagnés de chiens policiers.
Il a largement été fait état que des habitant·e·s noirs commencèrent à scander « tuons la police ! » avant de débuter. Ce que les médias ont défini d’une manière générale comme étant une « émeute », y compris le pillage de magasins locaux. Mais de nombreuses personnes qui ont affirmé avoir participé à la manifestation insistèrent sur les réseaux sociaux que les manifestant·e·s ne scandaient pas « tuons la police ! » mais « pas de justice, pas de paix ! » Beaucoup déclarèrent également qu’ils furent délibérément provoqués par la lourde présence policière.
C’est alors que l’on rapporta que certains manifestant·e·s commencèrent à piller et à sprayer plusieurs magasins, dont un dépanneur incendié. La police utilisa finalement des gaz lacrymogènes pour les disperser.
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Cette émeute fut une explosion compréhensible de colère face au racisme latent auquel les habitant·e·s noirs de Ferguson sont confrontés tous les jours, en particulier celui de la police.
DeAndre Smith déclara de manière défiante à Kim Bell, du St. Louis Post-Dispatch qu’il avait participé à la manifestation de la nuit précédente [5] : « C’est précisément ce qui est supposé se passer lorsqu’une injustice se déroule dans votre quartier – lorsqu’il y a des enfants qui sont tués pour rien […]. Vous ne devez pas le tuer. Il n’avait pas d’arme avec lui. Pourquoi l’avez-vous tué ? Vous avez dit que Trayvon [Martin, assassiné par un « vigile de quartier » en Floride en mars 2012, voir les articles sur ce site] portait une cagoule, vous ne saviez pas ce qui se passait avec lui. [Michael Brown] ne portait pas une cagoule, et il avait les mains en l’air lorsque vous l’avez tué. Quelle est donc votre excuse ? »
Smith poursuit en expliquant pourquoi il est descendu dans la rue lors de la prétendue « émeute » – donnant un aperçu de la colère que ressentait beaucoup : « J’étais là, dehors, coude à coude avec la communauté. Honnêtement, je ne pense pas que ce soit terminé. Je pense que nous avons seulement la saveur de ce que signifie riposter. “Mal-sain(t)” Louis, dans le dernier Etat qui a aboli l’esclavage. Pensent-ils toujours qu’ils ont le pouvoir sur certaines choses ? Je le pense, parce qu’ils font des choses comme celle-ci et qu’ils s’en tirent… Honnêtement, je ne pense pas que ce soit terminé, je pense qu’ils ont seulement le goût de ce que riposter veut dire. »
Deux jeunes hommes, qui se trouvaient dans la foule que la police empêcha d’atteindre la scène du crime, expriment des sentiments semblables à Brenda Washington, journaliste de KMBC.
Le premier déclara : « Je pense que cela devait arriver. Je pense qu’ils se préoccupent bien trop de ce qui arrive à leurs magasins et commerces et tout le reste ; mais qu’ils ne s’inquiètent pas au sujet du meurtre. Ils ne sont pas dérangés par cette mort sans signification. C’est ce qui me préoccupe, moi. »
Ce à quoi ajoute le second : « Je pense juste que ce qui s’est passé était nécessaire pour montrer à la police qu’ils ne contrôlent pas tout. »
Les histoires de meurtres comme l’assassinat de Michael Brown sont, pour les Afro-Américains, terriblement « banals ». Selon un rapport du Malcolm X Grassroots Movment, réalisé après la mort de Trayvon Martin en 2012, il s’en déroule un toutes les 36 heures.
Peu après la mort de Brown se déroula une autre histoire horrifiante. Elle a eu lieu dans une banlieue de Dayton dans l’Ohio. John Crawford a été abattu et tué dans les allées d’un magasin Walmart par la police alors qu’il parlait au téléphone à sa petite amie enceinte. Parce qu’il transportait une arme jouet et que cela alarma deux autres acheteurs.
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Les manifestations à Ferguson sont une expression de la profonde frustration face à des années de racisme institutionnel et de violence policière qui ne semblent jamais s’atténuer – ou même dont on ne s’y intéresse pas. Dans un éditorial, le St. Louis Post-Dispatch cite des statistiques montrant que les disparités raciales se détériorent au Missouri, à un rythme quasiment annuel [6] : « L’année dernière, pour la onzième fois sur les 14 années que ces données ont été réunies, l’index qui mesure le “profilage” racial de la part des forces de l’ordre dans l’Etat a empiré. En 2013, les habitant·e·s noirs du Missouri avaient 66% plus de probabilité d’être arrêtés par la police. Les Noirs et les Latinos avaient tous deux plus de probabilité d’être fouillés quand bien même la probabilité de trouver de la contrebande était plus élevée parmi les Blancs […] »
Bien qu’il ne conduisît pas une automobile lorsqu’il fut contraint de s’arrêter et abattu, l’idée est la même : presque chaque Noir en Amérique a vécu une situation au cours de laquelle il a été contraint de s’arrêter ou harcelé en tant que jeune pour avoir fait quelque chose qu’un adolescent blanc n’imaginerait jamais que cela puisse aboutir à se trouver du mauvais côté de l’arme d’un agent de police. Conduire bien que Noir. Marcher bien que Noir. Porter une cagoule bien que Noir.
En 2013, à Ferguson, la ville où Michael a été tué, la police contraint à s’arrêter les Noirs à un taux de 37% plus élevé que les Blancs rapporté à leurs parts relatives dans la population. Les conducteurs noirs ont deux fois plus de probabilité d’être fouillés et deux fois plus d’être arrêtés en comparaison avec les conducteurs blancs.
Selon Reuters, seulement trois des 53 membres de la police de Ferguson sont Noirs – cela alors même que deux tiers des quelque 21’000 habitant·e·s de la ville sont Noirs [7].
Antonio French, un membre du conseil municipal de Saint-Louis, déclara au New York Times qu’il trouvait « difficile de croire » la version officielle de la police [8]. Il ajouta que c’est la réponse massive des responsables locaux qui était responsable de la colère exprimée dans la nuit de dimanche.
Il ajouta : « C’est un exemple digne d’un manuel sur ce qu’il ne faut pas faire pour faire face à la situation. Ferguson a une municipalité blanche et un maire blanc mais une population noire importante. Cette situation a mis en relief toutes les dissensions existant entre cette communauté noire et la municipalité de Ferguson. »
En réalité, la section du Missouri du NAACP [la plus ancienne organisation de défense des Noirs, National Association for the Advancement of Colored People] porta, en novembre 2013, une plainte auprès des autorités fédérales compétentes sur les questions de droits civils [9]. Celle-ci était adressée contre la police du comté de Saint-Louis en raison du « profilage » racial qu’elle pratique contre les citoyens noirs ainsi que du racisme qui prévaut dans les pratiques d’engagement.
Quelle fut donc la réponse de Tim Fitch, qui était alors chef de la police du comté ? Il se plaignait au Post-Dispatch qu’une accusation de « profilage » racial signifiait la « fin de la carrière » d’un agent de police.
Il est difficile de croire que quiconque, peu importe à quel point il baigne dans la propagande sécuritaire, puisse croire cette plainte étant donné les statistiques de « profilage » racial actuelles, par exemple, dans le programme « stop-and-frisk » [qui consiste à arrêter des personnes et à les fouiller] de la police de New York. Mais Fith continua en dénonçant le président local de la NAACP pour ne pas « prendre en considération les faits et sur la manière dont ils affectent leurs vies et leurs carrières ».
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Lundi, lors d’une manifestation, des centaines de personnes se rassemblèrent devant le poste de police de Ferguson afin d’exiger que l’agent de police inconnu qui a tué Michael Brown soit inculpé de meurtre. La police arrêta au moins 15 personnes alors que les manifestant·e·s levaient les mains en l’air comme s’ils se rendaient et scandaient : « arrêtez les flics assassins ».
Pendant ce temps, une campagne sur Twitter utilisant le hashtag #NMOS14 encourage à des rassemblements locaux dans tout le pays pour un Moment de silence national afin d’honorer la mémoire de Michael Brown. Il ne fait aucun doute qu’il y aura d’autres manifestations dans la mesure où la lutte continue pour que justice soit faite pour la famille Brown – ainsi que d’autres campagnes puissantes sur les médias sociaux, telle celle intitulée #IfTheyGunnedMeDown qui voit des jeunes Afro-Américains poster deux images très différentes afin d’attirer l’attention sur le fait que les médias ont utilisé une photo de Michael Brown, celui qui devait devenir un étudiant, dans le but de le faire apparaître comme le membre d’un gang.
Cet assassinat dans une localité peu connue du Missouri s’est répercuté à travers tout le pays précisément parce que c’est un crime qui est tellement familier pour les Afro-Américains : de New York où, il y a à peine un mois, Eric Garner fut étranglé jusqu’à ce que mort s’ensuive par un policier ; à Sanford, Floride, où Trayvon Martin fut assassiné par le vigile raciste George Zimmerman en 2012 en passant par tant d’autres villes et localités entre ces deux points.
Ainsi que l’écrit Keeanga-Yamahtta Taylor, contributrice du site SocialistWorker.org : « De nombreux anniversaires de l’époque de la lutte pour les droits civils ont été célébrés cette année, y compris le Freedom Summer [au cours de l’été de 1964 de nombreux jeunes gens, Noirs et Blancs, participèrent à un programme de soutien à l’enregistrement de Noirs sur les listes électorales dans les Etats du Sud ; leurs autobus furent incendiés] et le Civil Rights Act [voir l’article sur site « The color of the law »] qui mit un terme aux lois Jim Crow [ensemble de lois de discrimination raciale dans les anciens Etats esclavagistes] dans le Sud. Mais cette année marque aussi le 50e anniversaire de la première vague de rébellions urbaines qui servirent d’avertissement pour les Etats-Unis qu’une citoyenneté sans justice et sans égalité n’était pas une liberté réelle.
De Rochester à Harlem en passant par Philadelphie, les Afro-Américains se soulevèrent contre le racisme, l’injustice et l’inégalité. Ils mirent à découvert le mensonge fondamental selon lequel “l’Amérique, c’est la démocratie” – une opération importante eu égard au fait que les Etats-Unis tapissaient de bombes le Vietnam au même moment au nom de la “démocratie”.
Aujourd’hui, 50 ans plus tard, le gouvernement des Etats-Unis bombarde l’Irak au nom de la liberté et finance le massacre israélien de Gaza au nom de la liberté – cela alors même qu’à domicile, la police chasse et assassine des hommes boirs dans les rues pour le seul crime qu’ils sont Noirs. Mike Brown devait commencer l’université cette semaine. Au lieu de cela, sa famille prépare ses funérailles.
Cinquante ans après le Freedom Summer et après Jim Crow, la masse des Noirs américains ne sont pas libres. Cinquante ans plus tard, les émeutes et la rébellion demeurent la voix des sans voix qui désirent avec force et exigent d’être entendus. »
Nicole Colson
* Publié le 12 août sur le site SocialistWorker.org et, en français, par Alencontre le 13 août 2014.
Notes
[1] http://fox2now.com/2014/08/10/ferguson-police-officer-shoots-kills-teen-community-outraged/
[2] http://www.cbsnews.com/news/thousands-march-at-vigil-for-teen-killed-in-police-shooting
[7] http://mobile.reuters.com/article/idUSKBN0GA0Q420140811?irpc=932
[8] http://www.nytimes.com/2014/08/12/us/looting-and-unrest-follows-vigil-for-st-louis-teenager.html