La société irakienne souffre d’une crise sans précédent qui menace l’avenir de la coexistence pacifique des citoyens et augmente les génocides et les conflits civils basés sur les identités sectaires qui ont été imposées à la population irakienne et renforcées durant plus d’une décennie d’occupation américaine. La ville de Mossoul est tombée, à l’instar de Tikrit et auparavant Fallujah sous le contrôle des petites forces de l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL). La guerre continue dans d’autres villes comme Tel Afar, Samaraa et ailleurs à l’ouest du pays. Si l’objectif des occupants de l’EIIL est atteint, une large part de la société irakienne sera dirigée par un État islamique brutal qui n’a rien à voir avec notre monde moderne. Un État qui voit chaque être humain comme un ennemi qui doit être « discipliné » par l’humiliation, les coups et le meurtre jusqu’à ce qu’il ou elle devienne suffisamment bon pour respecter le « code moral » religieux extrémiste. C’est un État qui tue facilement les « apostats » et commet des génocides contre ses opposants religieux et politiques, un État qui considère les femmes comme de simples paquets de chair prêt à amuser les Mujahideen. Plusieurs Fatwas ont été émises pour assurer l’humiliation des femmes qui sont « données en cadeau » aux violeurs du nouveau califat en vertu du « Jihad Al Nikah ». Malgré toutes ces atrocités, des résidents des villes tombées ont rejoint les rangs de l’EIIL en réaction aux huit années de subjugation sectaire systémique sous le gouvernement du premier ministre Nouri Al Maliki.
Les politiques de l’occupation américaine ont menées à la montée de l’Islam Politique Chiite et lui ont donné la haute main dans la démocratie orchestrée en Irak. L’administration des États-Unis continue de nier qu’elle savait que leur groupe politico-religieux favori persécuterait les autres religions et appuierait les divisions sectaires une fois au pouvoir, et que ce n’était qu’une question de temps avant que cela ne se produise. Il est très dérangeant de voir les médias américains présenter une image des irakiens comme « des groupes sectaires en conflit depuis la nuit des temps ». Ces médias nient le rôle du gouvernement des Etats-Unis dans la planification d’une division politique basée sur les religions, les divisions sectaires et les ethnies. En fait le gouvernement américain a adopté des représentations religieuses et ethniques depuis 2003, ce qui ne pouvait qu’alimenter un conflit sectaire à grande échelle. La guerre civile sectaire à laquelle nous assistons aujourd’hui est simplement le résultat normal du plan stratégique américain de division des irakiens selon des lignes sectaires et ethniques.
Les bêtes humaines de l’EIIL ont escorté des centaines de soldats irakiens vers des lieux isolés où ils ont commis des génocides horribles contre eux. Ces génocides commis au nom d’un soi-disant « Jihad »démontrent leur absence totale d’humanité. Ils ont frappé aux portes des maisons des civils dans les quartiers résidentiels de Dendan, Wihda et Zuhur à Mossoul, et ont enlevé dix-huit jeunes filles non-mariées destinées à être violées par les chefs de guerre de l’EIIL selon la règle du soi-disant « Nikah el Jihad » [Jihad du sexe]. Suite à cela quatre jeunes filles victimes se sont suicidées, ainsi que le frère de l’une d’elles, qui s’est suicidé parce qu’ile avait échoué à protéger sa sœur du viol par les combattants de l’EIIL. Non satisfaits des crimes qu’ils ont déjà commis, les guerriers de l’EIIL flagellent et coupent les mains des individus qui prononcent le nom EIIL sans grandiloquence. Toutes ces pratiques reflètent un mélange de brutalité du régime Baas et une tendance chauviniste primitive à l’humiliation et à la pratique de la supériorité religieuse.
Tandis que la société irakienne tente d’absorber le choc de l’échec de son gouvernement, des millions de jeunes irakiens sont incités à aller combattre les guerriers brutaux et inhumains de l’EIIL sans aucune formation militaire, dans des batailles financées par les pays voisins qui placent chacun leurs paris sur leurs représentants en Irak. Pendant ce temps, le gouvernement de Nouri Al Maliki invoque la rhétorique patriotique nationaliste afin de pousser les jeunes irakiens dans des batailles mortelles pour défendre un état corrompu et sectaire. Le jour est venu pour le peuple Irakien de payer le prix de la farce du processus politique « démocratique » en Irak.
L’administration américaine néglige la situation catastrophique dans laquelle se trouvent des millions d’Irakiens qui ont perdu leur foyer, leur bien-être et leur sécurité à cause des politiques sectaires empoisonnées menées par l’occupation américaine. Et pendant ce temps, Monsieur Barak Obama rassure ses citoyens… « les exportations de pétrole de l’Irak demeureront stables ».
L’Organisation pour la liberté des femmes en Irak (OLFI) déclare sa solidarité avec les civils et les résidents des villes occupées d’Irak et appelle les Irakiens qui aiment la liberté à organiser des comités populaires et à se défendre eux-mêmes et à défendre les femmes contre les attaques commises par l’EIIL. L’OLFI cherchera des alternatives pour ouvrir de nouveaux refuges pour protéger les femmes victimes de ces bêtes humaines. L’OLFI appelle toutes les organisations internationales et tous les dirigeants à prendre les mesures politiques et diplomatiques nécessaires pour intervenir et arrêter le désastre d’un conflit sectaire à grande échelle qui met en danger la vie de millions de personnes et qui durerait jusqu’à la destruction de toute civilisation en Irak.
Le gouvernement de Al Maliki, qui est la principale source de division sectaire et des conflits qui en résultent, doit quitter le pouvoir. Le peuple d’Irak ne permettra plus à de tels partis politiques criminels de piétiner notre sort et nos vies.
Longue vie aux habitants et aux femmes de Mossoul, Tikrit, Fallujah et Tel Afar, libres et fiers.
A bas l’EIIL terroriste, création des criminels d’Al Qaeda et de la terrible occupation.
Le 23 juin 2014
Mme Yanar MOHAMED
Présidente
Organisation pour la liberté des femmes en Irak