Selon un communiqué publié mardi dans la soirée, le ministre de l’Intérieur
Nicolas Sarkozy « a décidé d’accorder un titre de séjour temporaire à un
couple de Maliens expulsés du squat de Cachan et placés en centre de rétention sans
leur enfant de deux ans ». M. Sarkozy "a été personnellement informé de la
situation des époux Doumbia. Ces ressortissants maliens, [...] ont fait l’objet
d’un arrêté préfectoral de reconduite à la frontière le 31 août dernier et ont
été placés dans un centre de rétention administrative. Leur enfant, né en 2004
en France, a alors été accueilli par le service de l’aide sociale à l’enfance,
à Vitry« , selon le texte. Le ministère a néanmoins relevé un »élément
nouveau« qui amène M. Sarkozy à accorder, »à titre humanitaire, une autorisation de
séjour temporaire à M. et Mme Doumbia« . »L’état de santé de leur enfant est
d’une exceptionnelle gravité, comme l’atteste l’hôpital Robert Debré. Cette
maladie nécessite des soins dont il n’est pas certain qu’ils puissent être
correctement assurés, à court terme, au Mali« , selon le texte. »Dès lors qu’il n’est
pas envisageable de séparer la famille, il est préférable d’autoriser M. et Mme
Doumbia à séjourner en France, aux côtés de leur enfant, pendant toute la
durée nécessaire aux soins de celui-ci", estime le ministère.
Le communiqué de M. Sarkozy est mensonger de bout en bout. Il fait semblant
de s’alarmer de la séparation des parents et de l’enfant malade. Or, celle-ci
a été décidée en toute connaissance de cause par le préfet du Val de Marne
(qui dans cette affaire ne prend pas la moindre initiative sans en référer au
ministre) le 1er septembre. Dans la soirée, le Juge des libertés et de la
détention de Meaux demandait la libération de la famille Doumbia pour permettre la
réunification de la famille. Le Procureur, représentant de l’Etat, s’y
opposait, formulant un appel suspensif qui aboutissait à maintenir les parents en
rétention et le petit Siaka à l’orphelinat. La cour d’appel de Paris, pourtant
une nouvelle fois informée de l’état de santé et des risques encourus par
l’enfant par un courrier du docteur Denkerous de l’hôpital Robert Debré entérinait
le maintien en rétention des parents et le placement de l’enfant.
Ainsi, ce sont l’ensemble des rouages de l’état, le Ministre qui l’a
décidée, le préfet qui l’a organisée, la justice (à l’exception du JLD de Meaux) qui
l’a entérinée qui ont trempé dans la persécution de Siaka et de ses parents.
En réalité, l’opération devait servir d’avertissement aux familles sans
papiers qui seraient tentées de cacher leur enfants : le ministre de la chasse à
l’enfant entendait montrer qu’il ne se laisserait arrêter par rien. La
préoccupation humanitaire ne lui est venue que lorsque que l’affaire s’est ébruitée,
que des journalistes ont demandé des explications, que des citoyens alertés ont
envoyé des mails, expédié des fax, passé des coups de téléphone, que des
personnalités connues ont dit leur dégoût dans les médias. Alors, mais alors
seulement, « l’indulgence » est venue à l’ogre des Carpates : il a décidé de
restituer l’enfant à ses parents qui seront régularisés.
Happy end ? Peut-être, pour un cas. Mais il en reste des centaines à Cachan
et des dizaines de milliers dans le pays. Il faut faire reculer l’injustice et
l’oppression.
MANIFESTATION SAMEDI 9 SEPTEMBRE A 15 HEURES PLACE DE LA REPUBLIQUE A PARIS
UN LOGEMENT — DES PAPIERS — UNE ECOLE