CONZARRD travaille avec des femmes, des agriculteurs, des pêcheurs et des travailleurs agricoles saisonniers parmi les communautés Subanen (Lumads), Moros et chrétiennes de la province de Zamboanga del Sur. CONZARRD propose des méthodes pour améliorer les rendements des paysans par l’utilisation d’outils et de méthodes appropriés mais se concentre aussi sur la lutte en faveur de la réforme agraire.
Dans le village de Begong, un centre de production d’engrais biologique fabriqué à base de compost a été mis en place. On y produit suffisamment d’engrais pour toute la population locale et même pour en vendre à l’extérieur. Les ingrédients de ce précieux engrais comportent notamment de la paille de riz et des plantes fixant l’azote. Il enrichit le sol au fur et à mesure tandis que l’engrais chimique appauvrit les sols au fur et à mesure de son utilisation. L’engrais est produit en plusieurs phases et vendu par sac. Une batteuse devrait permettre à l’avenir de produire de l’engrais plus fin.
Grâce à des appuis comme celui d’Entraide et Fraternité, le groupe local de femmes Kasamaka dispose donc désormais d’un centre de production d’engrais bio et le gère de façon autonome.
Cultiver bio, ce n’est pas un luxe pour nous les petits paysans
Interrogée sur les avantages de l’agriculture biologique, Dominga nous explique : Le riz biologique que je cultive est plus fort et résiste davantage aux inondations. Il est moins affecté par des maladies et sa production est moins chère car un sac d’engrais organique de la production locale ne coûte que 10% d’un sac d’engrais chimique. C’est très important pour nous car nous ne sommes plus obligées d’emprunter pour acheter de l’engrais très cher et cela n’endommage plus nos terres.
Quant à la production de riz biologique, le nombre de sacs produits est identique à avant mais le poids de ceux-ci a augmenté de 10%. Depuis 2009, plus de 100 fermiers ont été formés à cette nouvelle technique.
Les responsables de la commune nous confient : Avant le projet de CONZARRD, les gens allaient acheter les légumes à Pagadigan, à une demi-heure de voiture. Maintenant, ils achètent leurs légumes sur place ou les produisent eux-mêmes. Mais ce projet permet aussi aux femmes de rester au village. On avait un réel problème car faute de ressources pour vivre, nombre d’entre elles partaient à Manille ou à l’étranger pour travailler comme domestiques. Bien souvent, certaines d’entre elles finissaient aussi dans des réseaux de prostitution.
Ainsi, petit à petit, les animateurs de CONZZARD introduisent des techniques de culture bio pour la production de riz et de légumes. Ils incitent les habitants à produire leurs propres engrais organiques et pesticides naturels, favorisent les sortes de riz local masipag et mettent des outils à la disposition des paysans pour réussir ces défis. De petites coopératives sont créées. Tout un processus est en marche vers une agriculture respectueuse de l’environnement et des populations locales.