Les problèmes sont quasi quotidiens à la centrale accidentée de Fukushima, au Japon. L’opérateur Tokyo Electric Power Company (Tepco) a annoncé jeudi 10 octobre avoir relevé des niveaux de radiation dans l’eau de mer à proximité de la centrale accidentée au plus haut depuis deux ans.
Six employés ont été exposés la veille à de l’eau dont le taux de radioactivité était treize fois supérieur à celui des jours précédents et atteignait des niveaux qui n’avaient plus été enregistrés depuis la fin de 2011. Un ouvrier a débranché par erreur un tuyau raccordé au système de refroidissement des réacteurs, libérant sept tonnes d’eau hautement radioactive (34 millions de becquerels par litre).
L’exploitant est contraint d’utiliser d’énormes quantités d’eau afin de contrôler la température des réacteurs endommagés. Un porte-parole de Tepco a précisé que la brusque poussée du niveau de radioactivité a été provoquée par des travaux de construction près du bâtiment n° 2.
Tepco a beaucoup de mal à contenir le niveau d’eau radioactive dans la centrale de Fukushima-Daiichi, dévastée par une série de fusions et d’explosions provoquées par le séisme et le tsunami de mars 2011. Les incidents se succèdent au fil des mois et le nettoyage du site, opération complexe, devrait prendre des décennies.
L’entreprise procède à des injections de produits chimiques afin de durcir le sol sur lequel reposent les réacteurs de la centrale pour éviter que l’eau contaminée se répande dans l’océan voisin. L’injection de ces produits provoque une pression qui a pour conséquence de rejeter une partie des sols contaminés vers la zone portuaire de la ville, a expliqué le porte-parole de Tepco.
« PROBLÈME D’ENVERGURE »
« C’est grave dans le sens où il s’agit d’un nouveau problème causé par la négligence, mais je ne pense pas que ce soit dans des quantités très inquiétantes », a déclaré Shunichi Tanaka, président de l’Autorité nucléaire japonaise. « Mais le fait qu’il y ait une série d’incidents qui surviennent sur une base quotidienne et qui auraient pu être évités, est, je pense, un problème d’envergure », a-t-il ajouté.
Il a précisé que l’eau répandue avait déjà été traitée pour en ôter le césium, qui émet des radiations gamma néfastes pour la santé des humains. Il a demandé à Tepco d’améliorer sa gestion de l’eau contaminée, sans pour autant menacer l’opérateur de sanctions.
La semaine dernière, l’autorité de régulation avait ordonné à Tepco d’engager du personnel supplémentaire et de faire un point une semaine plus tard sur les mesures prises pour résoudre le problème du nettoyage dangereux.
Lundi, Tepco avait indiqué qu’un membre du personnel avait accidentellement coupé le courant alimentant les pompes utilisées pour injecter l’eau nécessaire au refroidissement des réacteurs de la centrale. Jeudi dernier, Tepco avait annoncé une fuite de 430 litres d’eau radioactive d’un réservoir sur le site de la centrale nucléaire et n’avait pas exclu que cette eau se déverse dans l’océan Pacifique. Tepco a aussi admis en août que 300 tonnes d’eau hautement radioactive avaient fui d’un réservoir construit en urgence après la catastrophe de mars 2011.
Le Monde.fr
* Le Monde.fr avec Reuters | 10.10.2013 à 11h15 • Mis à jour le 10.10.2013 à 14h12.
Fukushima : Tepco a-t-il menti sur la gestion des eaux contaminées ?
Et si Tepco avait menti ? D’après deux députés japonais de centre gauche, l’opérateur de la centrale nucléaire de Fukushima, touchée par le tsunami de mars 2011, savait que de l’eau contaminée se répandait dans les sols deux mois après la catastrophe mais a volontairement négligé la question de crainte d’engager des dépenses qui auraient affecté son image sur les marchés financiers.
L’entreprise « aurait alors envisagé la construction d’un gigantesque mur d’acier autour du site pour empêcher ces flux et freiner une accumulation d’eau radioactive. Mais, un mois plus tard, en juin 2011, l’opérateur aurait repoussé ce projet qui lui aurait coûté près de 1 milliard de dollars », indiquent Les Echos sur leur site.
« TEPCO N’A ENSUITE PAS TENU SA PROMESSE »
Un cadre de Tepco aurait même prévenu le ministre de l’industrie de l’époque et l’un des principaux conseillers du premier ministre, Naoto Kan, promettant au gouvernement de lancer des travaux plus tard.
Les autorités auraient alors accepté de rester vagues sur la question des eaux radioactives et du mur de protection, au prétexte que la catastrophe relevait de la sphère privée et non de la responsabilité publique. L’électricien aurait pâti d’éventuelles révélations alors qu’il devait déjà dédommager les habitants des environs de la centrale. « Tepco n’a ensuite pas tenu sa promesse », a regretté l’ancien ministre de l’industrie, cité par Les Echos. L’opérateur a finalement été nationalisé pour éviter la faillite complète.
En visite jeudi 19 septembre sur le site accidenté de Fukusima, le premier ministre, Shinzo Abe, a ordonné à la compagnie gérant la centrale nucléaire de régler le problème des fuites d’eau contaminée « d’ici à la fin de mars 2014 ».
Il a répété que le liquide qui fuit des installations était « bloqué dans l’espace de 0,3 kilomètre carré du port de la centrale », comme il l’avait affirmé au début du mois devant le Comité international olympique qui a ensuite attribué les jeux olympiques 2020 à Tokyo.
Le Monde.fr
* Le Monde.fr avec AFP | 19.09.2013 à 10h39 • Mis à jour le 19.09.2013 à 16h32