• 1970 septembre :
– 4 septembre : Election de Salvador Allende à la présidence de la République. Majorité relative du candidat de l’Unité populaire (UP), avec 36% des voix devant une droite divisée (35% pour Alessandri du PN et 28% pour Tomic de la DC).
– 15 septembre : Nixon donne l’ordre à la CIA de tout mettre en œuvre pour empêcher l’investiture du nouveau président du Chili.
• 1970 octobre :
– Enlèvement et assassinat sponsorisé par la CIA du général Schneider, chef des armées et « légaliste ».
– 24 octobre : Le Congrès ratifie l’élection d’Allende après négociation de l’UP avec la DC sur les « garanties démocratiques ».
• 1970 novembre :
– 4 novembre : Salvadore Allende (PS) succède à Frei (DC) comme président de la République. Le gouvernement est composé de 4 socialistes, 3 communistes, 1 MAPU (Chonchol), 3 radicaux, l’API, 2 sociaux démocrates, 1 inorganisé (Vskovic).
– 12 novembre : Amnistie pour les militants poursuivis du MIR.
• 1970 décembre : premières expropriations des grands domaines (poursuite de la réforme agraire de Frei).
• 1971, premier semestre : Doublement des bas salaires et, parallèlement, mobilisations populaires dans tout le pays (mouvement d’expropriation à l’initiative des paysans qui n’attendent pas la réforme agraire, occupation d’usines textile dans le Sud, etc.)
• 1971 janvier : Ouverture de relations diplomatiques avec la Chine.
• 1971 mars : 4 mars : L’UP totalise 50% des voix aux élections municipales.
• 1971 juillet : Sabotage économique de la droite. Baisse de 50% du cours du cuivre.
– Le 11 juillet, nationalisation des mines de cuivre, principale ressource du pays, après instauration du monopole d’État sur sa commercialisation. Les dettes sont payées mais il n’y a pas d’indemnisation.
• 1971 août :
– 13 août : Les États-Unis coupent certaines lignes de crédit.
– 16 août : 50.000 personnes manifestent à Santiago pour les funérailles d’un dirigeant du MIR.
• 1971 novembre : 10 novembre : Visite officielle de Fidel Castro (3 semaines).
• 1971 décembre :
– 1er et 2 décembre : Manifestation de « casseroles vides » organisée par la droite et l’extrême droite. Les femmes des beaux quartiers manifestent contre la pénurie alimentaire.
– 9 décembre : Suspension de la convertibilité de la monnaie et des opérations de devises. Dette extérieure de plus de 3 milliards de dollars.
– 22 décembre : Le Congrès adopte une réforme constitutionnelle qui prévoit que les mesures de nationalisations devront être votées par le Parlement. En cas d’opposition, le président peut faire un référendum.
• 1972 premier semestre : Face à la mobilisation de la bourgeoisie, et par crainte de l’affaiblissement de la base sociale de l’UP, le parti communiste chilien (PCC) lance le mot d’ordre « stabiliser pour avancer ».
• 1972 mars : 21 mars : Un journaliste américain révèle que ITT et la CIA complotent.
• 1972 juin :
– L’UP engage des négociations avec la démocratie chrétienne sur la délimitation des trois secteurs de l’économie (privé, mixte, nationalisé).
– 29 juin : La DC rompt les négociations.
• 1972 juillet :
– Riposte de la gauche du PS et de la gauche radicale, dont le MIR, principale organisation révolutionnaire, est la principale composante : « Avancer sans transiger ». Soutien aux expériences de double pouvoir qui se multiplient. Dans les provinces du sud du Chili, (indiens Mapuches), toutes les grandes propriétés sont occupées et gérées par des comités de paysans fédérés régionalement. Réunion des assemblées populaires à Conception où sont représentées toutes les organisations de l’UP, sauf le PC. Le MIR y participe.
– 25 juillet : 500.000 personnes manifestent à Santiago pour « écraser le fascisme ».
• 1972 août : Les 21 et 22 août, début d’une grève des commerçants avec manifestations de rue. Grève des camionneurs (-> 5 novembre).
• 1972 octobre :
– Les dirigeants vont à droite, les masses à gauche. Polarisation. Offensive de la droite, multiplication des actes d’agression, de sabotage et, surtout, grève générale des petits patrons du transport routier, des commerçants et d’une partie des professions libérales. Contre-offensive populaire : vagues d’occupations d’entreprises, création de groupes unitaires d’autodéfense. Les travailleurs s’emparent des comités gouvernementaux pour le ravitaillement (JAP). Des coordinations se créent entre usines occupées (cordons industriels) ainsi que dans les banlieues déshéritées (commandos communaux).
– 30 octobre : L’opposition lance une procédure de mise en accusation constitutionnelle de quatre ministres.
• 1972 novembre : Le 2 novembre, « geste d’apaisement » de l’UP : entrée de trois généraux au gouvernement et de dirigeants de la CUT (Centrale unique des travailleurs chiliens).
• 1973 premier semestre : Durant la campagne électorale, aggravation des clivages à gauche entre les secteurs favorables au dialogue avec la bourgeoisie et ceux réclamant, avec des travailleurs dont la mobilisation ne faiblit pas à travers tout le pays, la nationalisation des usines occupées et la planification de la distribution.
• 1973 mars :
– Élections législatives. L’UP est en baisse par rapport aux élections municipales avec 44% des voix mais la droite, malgré le renfort du PSD et du PIR qui ont quitté l’UP, n’arrive pas à la majorité des deux-tiers lui permettant de démissionner Allende (55%).
– 28 mars : Les militaires quittent le gouvernement.
• 1973 mai : la grève des employés et des cadres des mines d’El Teniente, soutenue par la droite, aggrave la crise politique.
• 1973 juin :
– 20 juin : Le Sénat destitue deux ministres.
– 21 juin : Grève générale appelée par l’UP contre la réaction et le fascisme. 600.000 manifestants à Santiago.
– 27 juin : Tentative d’assassinat du le général Prats, militaire constitutionaliste.
– 28 juin : Le régiment de blindés n°2 se soulève à Santiago. Tentative de coup d’État, le tankazo, une colonne de chars attaque le palais présidentiel de la Moneda. Allende demande aux travailleurs de se défendre « avec ce qu’ils ont ». La CUT appelle à l’occupation des usines. Le rapport de force est à ce moment favorable aux travaileurs. Les combats durent trois heures. Allende réclame les pleins pouvoirs au Parlement qui les lui refusent.
• 1973 juillet :
– 3 juillet : Fin de la grève de El Teniente. Bilan : 40 millions de dollars de perdus.
– 5 juillet : Nouveau gouvernement. Pinochet en fait partie.
– 25 juillet : Nouvelle grève des camionneurs suivie par celle des chauffeurs de taxis.
• 1973 août :
– Dialogue UP-DC pour mettre fin à la crise. La DC pose des conditions très sévères. Multiplication tous azimuts des actes de terrorisme des fascistes (Patrie et Liberté) : destruction des lignes à haute tension et des réserves d’eau potable, assassinat des cadres de l’UP et des militants de gauche, mise à sac des locaux.
– 9 août : Nouveau gouvernement avec les commandants des trois armées.
– 18-27 août : Les généraux démissionnent du gouvernement. Les fascistes multiplient les attentats, les militaires les perquisitions dans les usines, locaux politiques et syndicaux pour chercher des armes conformément à la loi votée par le Parlement. Des marins qui avaient alerté sur la préparation d’un putsch sont arrêtés et torturés.
– 23 août : Le général Pratt, chef de file des « constitutionalistes », démissionne, entraînant la chute de ce qu’Allende avait baptisé « le cabinet de la dernière chance ». Pour le remplacer, il nomme le général Pinochet commandant en chef des armées.
– 28 août : Nouveau gouvernement avec quatre militaires.
• 1973 septembre :
– 4 septembre : Pendant cinq heures, 700.000 personnes défilent pour le troisième anniversaire de l’UP.
– 5 septembre : Manifestation de femmes pour la démission d’Allende.
– 7 septembre : Allende cherche à réouvrir le dialogue avec la DC.
– 8 septembre : Conclave, non rendu public, de tous les partis de l’UP et du MIR. Débat sur l’intégration de la DC au gouvernement à ses conditions (retour de l’ordre). Quasi scission : pour (PR, PC, MAPU/OC), contre (MIR, MAPU, gauche du PS). Entre les deux, Allende. Décision de se revoir le 11...
– 10 septembre : Allende appelle à un réfrendum.
– 11 septembre : Coup d’État militaire. Salvador Allende trouve la mort dans la Moneda encerclée et bombardée par l’aviation. Pinochet prend la tête de la junte militaire après avoir liquidé les officiers en désaccord. Dans tout le pays, une répression sanglante est lancée en même temps que la mise en œuvre du libéralisme le plus sauvage. Chiffres officiels de la répression chilienne : 3.197 victimes de disparitions ou exécutions et 28.461 victimes de torture. Ces chiffres minorent la réalité : plusieurs historiens et associations de défense des droits humains parlent de 200.000 à 300.000 personnes arrêtées et torturées.
– 23 septembre : Mort de Pblo Neruda à Isla Negraau, probablement assassiné par la dictature.
• 1973 novembre : Le 9 novembre, la VIe flotte US est en vue des côtes du Chili.
• 1974 :
– Août : Disparition d’Alphonse Chanfreau (MIR) probablement à Colonia Dignidad, lieu de séquestration créé par l’ex-caporal nazi Paul Schaefer. Alphonse Chanfreau était l’un des responsables de la résistance héroïque à Santiago. Il a subi à des tortures à « Londres 38 », aux mains de tortionnaires tels que el Guatón Romo ou Miguel Krasnoff.
– Octobre : Le 4, Miguel Henriquez, dirigeant du MIR, tombe au combat sous les balles de la Dina, au 275 de la rue Santa Fe, dans une commune de Santiago, devant la maison où il vivait dans la clandestinité. Carmen Castillo, sa compagne, est blessée.
• 1975 novembre : Jean-Yves Claudet, du MIR, est interpellé par la police secrète argentine, dans le cadre du plan Condor (coordination des dictatures du Cône sud) créé à l’initiative de Kissinger et destiné à planifier la chasse aux opposants en s’appuyant sur un gigantesque fichier . Celui que l’on nommait Daniel était l’un des courriers du MIR, et il participait à la réorganisation du mouvement depuis l’étranger.