Des dizaines de représentantes et représentants d’ONG (ordres de métiers
libéraux, syndicats ouvriers, associations d’enseignants, de femmes et de
jeunes, associations culturelles...) ont tenu, hier mardi, une réunion au
syndicat de la presse libanaise. Ils ont discuté des objectifs de
l’agression israélienne contre le peuple libanais et des crimes contre
l’humanité commis par les Israéliens et ceux qui les appuient, les
Etats-Unis en particulier.
Après avoir mis au point un programme de lutte pour les jours prochains,
dont un sit-in, le vendredi prochain 4 août, à la Place des martyrs, à
Beyrouth, ils ont signé l’appel suivant qu’ils adressent à l’opinion
publique international :
Les forces israéliennes d’occupation viennent d’ajouter un nouveau massacre
à leur actif d’actions terroristes contre les civils libanais. Plus de 60
habitants du village de Cana, dont une majorité d’enfants, y ont trouvé la
mort.
Appuyé par l’administration américaine que préside Georges W. Bush, Israël
ne se suffit plus des crimes contre l’humanité commis en Palestine. Il tente
aujourd’hui, et depuis le 12 juillet passé, de détruire le Liban, tout le
Liban, et de mettre à mort les citoyens libanais, les enfants surtout. Le
but : se venger du retrait humiliant qu’il a dû effectuer en l’an 2000, mais
aussi faire main basse sur notre terre et notre eau et nous pousser à
signer, contre notre gré, la reddition demandée par les Etats-Unis comme
garantie permettant la mise à exécution de leur projet appelé "Le Grand
Moyen Orient" qui vise, en réalité, à asservir les peuples arabes et à
profiter des richesses que recèlent leurs territoires, le pétrole en premier
lieu.
La guerre d’extermination israélienne, depuis le massacre de Marwahine, mais
aussi ceux de Srifa et Cana, a touché toutes les régions libanaises. Elle a
abouti, jusqu’à ce jour, à la mort de 900 Libanais, dont plus de la moitié
sont des enfants (certains sont âgés seulement de quelques mois et, même, de
quelques jours). A cela s’ajoutent 5000 blessés, plus ou moins graves, que
les bombardiers israéliens (made in USA) ont poursuivis jusque dans les
abris, les hôpitaux, les ambulances. Sans oublier les bombardements qui ont
touché les médias, les casernes de l’armée libanaise et les soldats de la
FINUL (Force Intérimaire des Nations Unies au Liban).
Des dizaines de milliers d’obus se sont abattus de toutes parts sur le
territoire libanais. Ils n’ont rien épargné ni personne. Les premières
statistiques parlent d’un million de Libanais chassés de leurs maisons. Plus
de 80 ponts sont entièrement détruits. Toutes les routes ou presque sont
éventrées. Des usines de produits alimentaires et de matières en plastique
sont détruites ainsi que la majorité des antennes de télévision et de
télécommunication. Des canalisations d’eau sont endommagées, des lieux de
culte réduits en poussière et la centrale électrique de Jieh atteinte de
plein fouet ainsi que ses citernes de fuel qui polluent la côte libanaise et
menacent notre pays d’une catastrophe écologique très grave.
N’oublions pas, non plus, les frappes aériennes contre l’AIB (Aéroport
International de Beyrouth) et tous les autres aéroports du Liban, ni la
destruction de milliers d’habitations (plus de 3000 pour la seule banlieue
Sud de Beyrouth), de centaines de magasins, plus de 100 stations d’essence,
les compagnies de gaz ménager... Et la liste s’allonge de jour en jour. Et
le feu vert, donné par Condoleeza Rice, ministre des Affaires étrangères des
Etats-Unis, se renouvelle sans cesse tandis que l’ambassadeur américain aux
Nations Unies, John Bolton, interdit toute résolution ou, même, toute
déclaration dénonçant « le terrorisme d’état » pratiqué par Israël, y compris
à la suite des bombardements qui ont fait 4 morts parmi le personnel de la
FINUL, ce qui fit dire à Kofi Annane, secrétaire général de l’ONU que la
« légalité internationale est inefficace » répétant, presque, les paroles
d’Amro Moussa, secrétaire général de la Ligue arabe à propos de la position
« officielle » arabe qui avait constitué un appui précieux à l’agression
israélienne ; surtout que la réunion des ministres des Affaires étrangères
arabes avait échoué dans l’élaboration d’une résolution appuyant le peuple
et la Résistance du Liban et que certains gouvernements arabes concernés ont
fait la sourde oreille aux appels de leurs peuples visant à mettre fin à
toute relation diplomatique avec Israël.
Les ONG libanaises affirment, à nouveau, leur condamnation des crimes de
guerre et des crimes contre l’humanité perpétrés, impunément et grâce à
l’aide américaine, par les forces israéliennes contre le peuple et les
enfants du Liban. Elles réitèrent leur appui à tous ceux qui résistent
contre cette agression, en particulier la « Résistance islamique », résistance
légale selon toutes les conventions internationales qui affirment le droit
des peuples à se défendre contre toute ingérence ou agression.
Les ONG appellent tous les hommes et toutes les femmes libres de la Planète,
ainsi que toutes les organisations humanitaires, à ouvrer rapidement et
efficacement afin de pousser leurs gouvernements à obliger Israël et ceux
qui le soutiennent à un cessez-le-feu immédiat et sans condition. Elles
appellent aussi à saisir le gouvernement israélien sur les crimes qu’il a
commis et à l’obliger à payer tous les dégâts que ses troupes ont
occasionnés au Liban. Elles appellent, enfin, à prodiguer toute l’assistance
nécessaire aux Libanais qui ont refusé de quitter leurs maisons, à ceux que
la guerre a obligé à fuir et à aider à la reconstruction des villes et
villages détruits après avoir dégagé tous les corps des victimes. Sans
oublier, bien entendu, la nécessité de trouver dans les plus brefs délais
une solution à la catastrophe écologique causée par la pollution de la
Méditerranée.
Les ONG décident de poursuivre leur action sur tous les plans à l’intérieur
et à l’étranger afin de réaliser le programme qu’elles s’étaient fixé, et en
premier lieu la pression visant à mettre fin à l’agression et permettant au
peuple libanais de décider de son sort à travers ses institutions.
Beyrouth, le premier août 2006
Premières signatures :
Mohammad BAALBAKI (président du syndicat de la presse), D. Mari AOUN
(président de l’ordre des médecins), Hanna GHARIB (président de la Ligue des
professeurs de l’enseignement secondaire public), Elias FADEL (avocat,
Association des juristes démocratiques), Maher SALLOUM (association "Tous
responsables"), Ibrahim CHAMS (conseil culturel du Liban Sud), D. Nour
SALMANE (présidente de la Fédération libanaise pour l’enfance), Nawal HAIDAR
(ligue de la protection des droits de l’Homme), Batoul FADLALLAH (Maison des
femmes du Sud Liban), Mercel MERCEL (fédération des syndicats du bâtiment),
Ali MOHIEDDINE (président de la fédération nationale des ouvriers du Liban),
Sana HAMDAN (Culture sans frontières), D. Walid NAOUS (secteur des dentistes
du PCL), Wafiqa MANSOUR (association « organisation de la famille »), Mohammad
CHRAIM (Union de la jeunesse démocratique libanaise), Linda HUSSEINI (Ligue
des femmes pour les services sociaux), D. Marie NASSIF-DEBS (responsable à
l’information de la "Rencontre nationale pour l’élimination de toute
discrimination contre la femme« ), D. Ahmad SADEK (vice-président du »Secours
populaire libanais"), D. Kaisar HIJAZI (Rencontre des dentistes libanais),
D. Ghassan ISSA (club « AL-LEQAA »), Linda MATAR (présidente de la Ligue des
droits de la femme au Liban), Nada SAAD (association des femmes du
Hezboullah).