La France refuse d’accueillir des réfugiés syriens
D’après le HCR – Haut commissariat aux réfugiés des Nations unies – plus de deux millions de personnes auraient fui la Syrie, environ 10 % de la population. Plus de la moitié seraient des mineurs.
Ces réfugiés restent en majorité dans les pays voisins. Mais certains États européens commencent à manifester leur solidarité en prévoyant d’accueillir de quelques centaines à plusieurs milliers de personnes.
La France continue à refuser d’accepter des réfugiés syriens bloqués dans les camps de réfugiés.
Ligue des Droits de l’Homme (LDH), 5 septembre 2013
Deux millions de réfugiés syriens ; davantage sont en route vers l’exil
[GENÈVE, 3 septembre (HCR)] – Le nombre de Syriens forcés à fuir en quête de refuge dans un pays étranger depuis le début de la guerre civile en mars 2011 a dépassé le seuil des deux millions mardi. Ce tragique afflux ne semble pas près de s’arrêter.
« La Syrie s’est déjà installée dans sa troisième année de guerre et ce pays est en proie à une hémorragie de populations : des femmes, des enfants et des hommes qui traversent les frontières avec pratiquement pour seul bagage les vêtements du jour », a déclaré le HCR dans un communiqué de presse pour marquer ce triste record.
« Cette tendance est tout à fait alarmante, elle représente une hausse spectaculaire de près de 1,8 million de personnes en 12 mois », peut-on lire dans la déclaration du HCR. Il y a un an, le nombre des Syriens enregistrés en tant que réfugiés – ou en attente de l’être – s’élevait à 230 670 personnes.
« La Syrie est devenue la grande tragédie de ce siècle – une calamité humanitaire indigne avec des souffrances et des déplacements de populations sans précédent dans l’histoire récente », a indiqué António Guterres, le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés. « La seule consolation, c’est l’humanité et la fraternité dont font preuve les pays voisins en accueillant tant de réfugiés et en leur sauvant la vie. »
Plus de 97 pour cent des réfugiés syriens sont hébergés par des pays situés dans la région avoisinante, ce qui fait peser une charge écrasante sur leurs infrastructures, leurs économies et leurs sociétés. Ces pays ont d’urgence besoin d’un appui massif de la communauté internationale pour les aider à gérer la crise.
En s’exprimant à propos de ce triste record, l’Emissaire du HCR Angelina Jolie a fait part de sa profonde consternation sur le niveau de mortalité ainsi que l’intensité de la destruction et des dangers auxquels sont confrontés un si grand nombre de Syriens ayant été forcés de fuir pour sauver leur vie.
« Le monde prend des risques en étant dangereusement complaisant vis-à-vis de la catastrophe humanitaire syrienne. La vague de souffrances humaines déclenchées par le conflit a des conséquences catastrophiques. Si la situation continue à se détériorer à ce rythme, le nombre de réfugiés augmentera et certains des pays voisins pourraient arriver à un point de non-retour », a-t-elle indiqué.
« Le monde est tragiquement désuni sur la façon de faire cesser le conflit syrien », a ajouté Angelina Jolie. « Mais il ne devrait y avoir aucun désaccord sur le besoin de soulager les souffrances humaines, ni aucun doute sur la responsabilité du monde pour en faire davantage. Nous devons venir en aide aux millions de personnes innocentes chassées de chez elles, et accroître la capacité des pays voisins à gérer cet afflux. »
Avec près de 5 000 Syriens en moyenne qui fuient chaque jour vers les pays voisins, le besoin se fait désormais critique pour accroître significativement l’assistance humanitaire et l’aide au développement au bénéfice des communautés d’accueil.
Au vu de la pression portée par l’exode des réfugiés sur les pays voisins, y compris l’aggravation de l’impact économique, de hauts représentants iraquiens, jordaniens, libanais et turcs et du HCR se rencontreront lors d’une réunion ministérielle à Genève mercredi 4 septembre, dans l’objectif d’accélérer le soutien de la communauté internationale.
Ce nombre de deux millions est constitué de Syriens qui ont été enregistrés en tant que réfugiés ou qui sont en attente de l’être. A la fin août, la population réfugiée s’élevait à 110 000 en Egypte, 168 000 en Iraq, 515 000 en Jordanie, 716 000 au Liban et 460 000 en Turquie.
Environ 52 pour cent de cette population sont des enfants âgés de 17 ans ou moins. Le HCR a annoncé il y a seulement quelques jours, le 23 août, que le nombre d’enfants réfugiés syriens avait dépassé le million.
Par ailleurs, quelque 4,25 millions de personnes sont déplacées à l’intérieur de la Syrie, selon les statistiques datant du 27 août publiées par OCHA, le Bureau de Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires. Considérés dans leur ensemble, ces chiffres – qui totalisent plus de six millions de personnes déracinées – signifient que davantage de Syriens sont désormais déplacés ou réfugiés, ce qui n’est le cas d’aucun autre pays.
Le HCR aide les déplacés internes et les réfugiés en Syrie et dirige l’action humanitaire pour gérer la crise des réfugiés syriens dans chacun des pays voisins. Les agences humanitaires sont confrontées à une grave pénurie de fonds, avec seulement 47 pour cent des contributions nécessaires qui ont été reçues pour répondre aux besoins essentiels des réfugiés.
Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR), le 3 septembre 2013]
Syrie : la France doit s’engager en accueillant des réfugiés
L’Agence des Nations-unies pour les réfugiés a annoncé ce mardi 3 septembre 2013 que le nombre de réfugiés fuyant le conflit en Syrie avait dépassé les deux millions. En Europe, des Etats manifestent leur solidarité en faisant venir des réfugiés sur leur sol. La France, elle, ne fait rien de tel.
Ce sont désormais deux millions de personnes qui ont fui la Syrie. Ces réfugiés restent majoritairement dans les pays voisins. En Europe, des Etats commencent à manifester leur solidarité en prévoyant d’accueillir quelques centaines à plusieurs milliers de personnes. La France continue de ne pas vouloir accepter des réfugiés syriens bloqués dans les camps de réfugiés.
La réinstallation pour être solidaire et protéger les réfugiés de Syrie
C’est une question de solidarité internationale : partager l’accueil des réfugiés entre les Etats en cas de crise comme celle qui secoue la Syrie est une obligation internationale qui s’impose aux Etats qui, comme la France, ont ratifié la convention de 1951 qui protège les réfugiés.
Parmi les moyens existant pour protéger les réfugiés, il existe un moyen efficace de mettre à l’abri les personnes les plus vulnérables qui sont bloquées dans des camps surpeuplés : la réinstallation.
La réinstallation consiste pour un Etat à accepter directement sur son territoire des personnes identifiées par le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés comme ayant particulièrement besoin, dans un contexte comme celui de la Syrie, d’une protection efficace, d’une autre nature que celle offerte par les camps de réfugiés. Ces personnes sont alors rapatriées dans l’Etat d’accueil et bénéficient du statut de réfugiés.
Mais la France continue de dire « non »
En dépit des multiples demandes d’Amnesty International France et de parlementaires sensibilisés, la France maintient qu’elle n’a pas l’intention d’accueillir des réfugiés Syriens en ayant recours à la réinstallation, même dans le cadre et contexte exceptionnel de ce conflit.
Pour le ministère de l’intérieur :
• le dispositif d’accueil des demandeurs d’asile est saturé.
Mais cet argument ne tient pas face à des pays comme la Jordanie, l’Irak ou le Liban qui accueillent presque à eux seuls les 2 millions de réfugiés. De plus l’Allemagne, premiers pays d’accueil des demandeurs d’asile de l’Union européenne s’est engagée à réinstaller 5.000 réfugiés de Syrie.
• la protection doit être renforcée dans les pays voisins.
Certes la réinstallation ne permettra pas de protéger les 2 millions de réfugiés. Mais parmi eux certains sont dans une situation plus vulnerable et ont besoin de trouver un refuge sécurisé et pérenne dans un autre Etat. Renforcer la protection sur place ne règle pas leur situation.
La France ne doit plus refuser : elle doit décider d’accepter sur son territoire des réfugiés de Syrie en les réinstallant.
Amnesty international, le 4 septembre 2013