Comme d’habitude les campagnes politiques à gauche et à droite des deux partis principaux sont marginalisées par les contraintes structurelles du système électoral ainsi que par la grande presse contrôlée plus que jamais par des groupes du grand capital. Exclues des débats télévisés, les candidates des Verts ont réussi à être dans la course électorale dans trente des cinquante Etats. Toute modeste qu’elle est, leur campagne est la plus importante parmi les candidatures de gauche.
Jill Stein, la candidate, est médecin. Avec sa colistière, Cheri Honkala, elle défend l’idée d’un « New Deal vert ». Il s’agit d’un imposant programme de travaux publics qui donnerait du travail à des millions de personnes selon des logiques vertes en opposition à celles de Wall Street.
Stein qui se définit « socialiste » a été candidate des Verts dans plusieurs élections. En 2002 elle a obtenu 3.5% lors de l’élection du gouverner du Massachusetts à laquelle elle s’était présentée contre Mitt Romney. Mais, bien qu’elle soit ouvertement supportée par Noam Chomsky, rares restent les personnalités de gauche qui la soutiennent.
Montée des luttes, impasse politique
Les présidentielles se passent dans une période des luttes sociales aigues. Mais au–delà des difficultés structurelles, les campagnes de gauche dont celle des Verts souffrent d’un manque d’intérêt pour la gauche. Face à un parti Républicain ouvertement néolibéral sur des questions économique et réactionnaire sur les questions de société et malgré la grande déception éprouvée par ceux qui se disent à gauche et ont voté Obama, la politique du moindre mal règne toujours au sein de la gauche états-unienne.
La bureaucratie syndicale, y compris ses éléments les plus combatifs, est plus pro-démocrate que jamais. La centrale syndicale AFL-CIO est fortement engagée dans la campagne de Barak Obama tout comme presque toutes les directions des mouvements sociaux de masse.
Il y a donc une contradiction flagrante entre l’ampleur et la qualité des luttes populaires récentes comme celle, magnifique et victorieuse, des enseignants de Chicago en septembre et l’absence d’un positionnement politique des mouvements de masse indépendant des partis du patronat.
La solution de la contradiction entre des luttes sociales qui se déroulent selon des lignes de classe et le blocage de son expression sur le plan politique demeure le défi principal pour la gauche états-unienne. La campagne des Verts est un phare qui éclaire le chemin pour sortir de cette impasse.
Keith Mann