Le syndicat (CTU) a voté la continuation afin de permettre à tous ses membres de lire, débattre, et réfléchir sur le cadre d’accord provisoirement accepté par la direction. Le Conseil d’Education de Chicago (CPS) a rapidement cédé sur la question des salaires mais s’est arcbouté sur la question du système d’évaluation des enseignants.
Ce système, inspiré par des think tanks conservateurs est fondé sur les résultats obtenus aux examens. Les écoles dont les élèves font des scores bas sont menacées de fermeture et ses instituteurs peuvent être licenciés. Le CTU le qualifie « d’obsession des examens » parce qu’il force les profs à passer presque tout leur temps en préparation des examens au lieu d’une vraie pédagogie. Il explique aussi que les résultats aux examens reflètent les situations socio-économiques des élèves -dont 87% vivent dans la pauvreté- plus que dans les capacités pédagogiques des enseignants, une analyse confirmé par la recherche scientifique. Tous les détails ne sont pas encore connus, mais il est clair que le projet du CPS n’entrera pas en vigueur tel quel.
Pendant la première semaine de grève, les enseignants ont démontré un niveau de détermination et d’organisation impressionnant. Ils ont monté des piquets de grève chaque jour devant chaque école et organisé une série des manifs et ne se sont pas laissés intimider par la menace de faire déclarer illégale leur grève. La direction a subi une énorme pression pour terminer la grève à tout prix. La grande presse a misé sur la colère anti-grévistes des certains parents tout en ignorant les sondages et manifestations de soutien qui ont démontré que 47% des parents soutiennent la grève contre 39% qui se rangent aux cotés de la mairie. Parmi les parents noirs et latinos, le niveau de soutien et beaucoup plus fort.
Les enjeux sont importants et vont bien au delà de Chicago. Les “reformes” proposés par la mairie de Chicago sont les mêmes qu’on essaie d’imposer à travers le pays. Elles visent toutes la privatisation et font des enseignants les boucs émissaires de tous les maux du système éducatif. Derrière il y a aussi, bien sûr, la volonté de briser les syndicats dans le secteur publique.
Leçon de lutte, score excellent !
Même si on ne sait pas comment la grève se terminera, il est d’ores et déjà clair que le maire Démocrate de Chicago et toutes les forces antisyndicales et pro-privatisation ont pris une forte claque, tandis que toute une génération d’enseignants a appris beaucoup dans les luttes. Ca a été une sacrée leçon, et avec un top score en plus.
La présidente du CTU, Karen Lewis a raison de déclarer que « ce syndicat a prouvé que le mouvement syndical de Chicago n’est ni endormi ni mort ». Bien au contraire !
Keith Mann