L’information s’est faite rare, dans les médias, sur les suites du tremblement de terre qui a frappé, le 27 mai dernier le centre de l’île de Java. Les derniers chiffres en notre possession font état de 6.200 morts, 46.000 blessés - dont 33.000 sérieusement -, 135.000 habitations détruites et 647.000 personnes déplacées. Bien des survivants souffrent de fractures.
Le gouvernement indonésien a débloqué des fonds et reçu une aide internationale importante, mais sa distribution a été ralentie par les tracasseries bureaucratiques, les victimes devant par exemple « prouver leur identité » (alors qu’ils ont dû fuir de nuit leurs habitations détruites !) ou obtenir une autorisation officielle pour en recevoir. Nombreuses sont les familles qui en ont été réduites à mendier des secours auprès des voyageurs traversant leurs villages dévastés.
Les destructions ont été considérables, le 27 mai. Si les habitations des plus riches ont souvent résisté au séisme, les autres, construites à l’économie, se sont effondrées en très grand nombre. Les problèmes de reconstruction sont donc immenses, au-delà des secours d’urgence. En ce domaine aussi, il est à craindre que les populations les plus pauvres ne paient le prix de l’incurie bureaucratique et du clientélisme qui dominent la vie politique indonésienne.
L’une des principale figure de proue du mouvement syndical militant en Indonésie, Dita Sari, aujourd’hui présidente du Parti démocratique du peuple (PRD), a lancé, dès le premier juin, un appel à la solidarité : « J’en appelle à la sympathie de tout le peuple indonésien et de la communauté internationale pour porter assistance aux centaines de milliers de victimes du tremblement de terre de Yogyakarta et du centre Java... » [1] Cette assistance doit être assurée par l’intermédiaire d’ organisations non-gouvernementales et militantes qui, comme elle le note, ont souvent été les premières a distribuer des secours sur place, malheureusement en trop petites quantités faute de moyens.
Ce sont ces moyens qu’il nous faut renforcer. Il ne s’agit pas seulement d’un indispensable geste humanitaire ou d’un soutien apporté, en temps de détresse, à des mouvements avec lesquels nous entretenons des rapports solidaires. Il s’agit aussi de réduire la dépendance des victimes vis-à-vis des pouvoirs établis qui n’hésitent pas à manipuler l’aide au mieux de leurs intérêts ; et de renforcer à cette fin la capacité d’action des organisations populaires localement enracinées. La solidarité s’inscrit ainsi dans une perspective à long terme favorisant l’auto-organisation des populations concernées et permettant la réduction des inégalités face aux catastrophes naturelles. [2] Comme elle permet, à nouveau, de poser la question de la prévention dans des zones de forte activité sismique et volcanique. [3]
Dans cette perspective, l’association Europe solidaire (ESSF) a lancé une campagne financière destinée aux victimes dans la municipalité de Klaten, durement frappée avec plus de 40.000 maisons détruites. Diverses initiatives internationales sont en cours. Pour notre part, nos partenaires, locaux sont le Forum paysan de Klaten, l’Union nationale des paysans (NFU), la Ligue nationale des étudiants (LMND) et le PRD.
A Bantul, le Ligue nationale des étudiants, les étudiants de l’Institut d’art et le PRD ont rapidement coordonné leur action, dès le lendemain du tremblement de terre, pour répondre à l’urgence. Une cinquantaine de postes de secours ont été créés qui ont fourni de l’aide à une dizaine de milliers de personnes déplacées. Les possibilités ont été plus limitées à Klaten, où l’aide a dû être concentrée sur trois sous-districts particulièrement touchés : Pedan, Karangdowo and Wedi. C’est pour cela qu’il nous est demandé de soutenir en priorité le travail poursuivi à Klaten. Suivant les besoins et les moyens, des fonds pourront aussi être envoyé dans la région de Bantul.
Notes
1. Dita Sari, A call for solidarity with earthquake victims
http://www.europe-solidaire.org/article.php3?id_article=2407
2. Voir Pierre Rousset, Tsunami, Katrina, Cachemire : éléments de réflexion politiques sur une succession de catastrophes naturelles
http://www.europe-solidaire.org/article.php3?id_article=1745
3. Voir Pierre Rousset, Sumatra, Java : l’urgence d’une politique de prévention face aux tremblements de terre
http://www.europe-solidaire.org/article.php3?id_article=2358
Pour la solidarité :
Vous pouvez contribuer à l’effort de solidarité en envoyant vos contributions (avec la mention « Indonésie » au dos du chèque) :
Compte au nom de : ESSF
Chèque : ESSF, 2 rue Richard-Lenoir, 93100 Montreuil, France.
Virements :
Crédit lyonnais
Agence ML525
10 boulevard de Chanzy
93100 Montreuil, France
IBAN : FR85 3000 2005 2500 0044 5757 C12
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